Elles en avoient d’autres qui font moins du bruit que le canon, & que les Héros craignent encore moins, quoique plus dangéreuses. […] Elles avoient dans leur voyage dansé, chanté, fait l’amour, donné par tout des fêtes brillantes, des ballets, des mascarades, des comédies, moins bonnes sans doute que celles de Moliere, mais les meilleures du temps : c’étoit leur exercice ordinaire, & la belle éducation qu’elles avoient reçue par les soins de la Reine, qui vouloit les faire monter avec honneur sur la scene. […] Tout l’honneur fut pour les Suisses ; les amans qui avoient fui, n’y jouoient pas un beau rôle. […] Deux Papes & plusieurs Cardinaux l’avoient faite monter sur le trône. […] Louis son fils les bannit pour avoir été scandalisé de leurs amours ; & il chassa une infinité de Dames qui avoient été de la joyeuse bande.
Il apprit que c’étoit la fête des Boulangers, & que tous les ans ils avoient accoutumé de faire cette belle cérémonie. […] Nous intercédâmes pour ces pauvres gens, qui n’avoient d’autres intentions que de fêter leur Saint. […] Ces soldats, qui n’avoient manié que la plume, tout-à-coup aguerris & exercés, firent merveilles. […] Ils répondirent que les Procureurs avoient des sentimens trop nobles pour vouloir de salaire ; que l’honneur de servir le Roi étoit une assez belle récompense, qu’ils étoient toujours prêts à donner leur vie pour son service. […] Les Payens, par une superstition ridicule, attachoient une sorte de charme, de talisman, aux habits d’un différent sexe qui avoient servi au culte des Dieux, quand on les portoit après les avoir fait porter à son amant ou à sa maîtresse.
Les Anciens vouloient en tout l’imitation de la Nature ; & c’étoit pour rapprocher du ton de la Nature le stile de la Tragédie, qu’ils avoient choisi pour ce dialogue le Vers Iambe. […] Les Peuples qui mesuroient leur discours sur la quantité des syllabes & des accens, avoient à l’harmonie une attention bien différente de la nôtre, & y étoient si sensibles, qu’ils sembloient ne demander (sur tout les Grecs) que le plaisir des oreilles. […] Augustin dans son Traité de la Doctrine Chrétienne, nous apprend que Virgile a fait dans Italia la premiere syllabe longue, que jusqu’à lui les Poëtes avoient fait breve. […] C’étoit ce qu’avoient à craindre les Orateurs & les Comédiens, & de la vient ce mot rapporté par Quintilien, de César à un Orateur : Si vous voulez parler, vous chantez ; si vous voulez chanter, vous chantez mal. […] On jouoit de la Flutte dans les funérailles ; les Anciens avoient des Fluttes de toute espece, & celles pour les chants tristes, suivant l’expression de Claudien, ferale gemiscunt.
Nous avons vu dans l’Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs, que leurs Poëtes furent obligés de faire succéder aux Représentations Tragiques, quelque Piéce plaisante, pour reveiller le Peuple qu’attristoit la Tragédie ; c’étoit pour une Populace qu’ils avoient cette complaisance : les Poëtes modernes traiterent leurs Spectateurs comme Peuple, quand ils eurent peur de les trop attrister. […] Ces Poëtes cependant devoient être plus encouragés à bien faire, que ceux de la Grece : ce n’étoit pas comme eux, à une assemblée tumultueuse de tout un Peuple, qu’ils avoient à plaire. Ils avoient pour Spectateurs, des Papes, des Empereurs, des Rois. […] C’étoit un bonheur pour les Poëtes, qui avoient à contenter des Spectateurs moins difficiles que nous. […] Horace disoit que les Romains aimoient à écrire, & non pas à effacer, que le travail de la lime les rebuttoit ; nos premiers Poëtes ont eu la même aversion ; ils avoient bientôt composé une Piéce nouvelle, & la nouveauté suffisoit pour leur attirer des Spectateurs.
Après que la toile fut baissée, & que toutes les agitations de l’Etat & du cœur, qui avoient rendu ses jours si tumultueux, furent calmes, il passa le reste de sa vie & la termina dans les sentimens les plus chrétiens. […] Les autres Parlemens ne furent pas plus difficiles à proscrire ceux pour qui ils avoient levé des troupes ; ils n’eurent pas plus de peine à les rétablir peu de temps après. […] Entrée mille fois plus glorieuse que les triomphes fastueux qui avoient causé tant de farces dans les villes où les rébelles l’avoient adorée. […] Elle se fit instruire de l’état où se trouvoit la province que les troupes avoient ravagée, les guerres entreprises à son occasion, &, pour ainsi dire, par ses ordres : elle répara toutes les dévastations. […] Ils avoient pour plus de cinquante mille écus de Bénéfices.
Saint Louis pensoit bien différemment ; il ne crut pas pouvoir allier avec sa piété la tolérance des Spectacles, & n’étant pas le maître de les bannir de tout le Royaume, où les Seigneurs particuliers avoient beaucoup plus d’autorité qu’ils n’en ont aujourd’hui, il chassa du moins les Comédiens de sa Cour, selon Paul1 Emile, Histriones Aulâ exegit . […] Le Parlement les rebuta comme personnes que les bonnes mœurs, les Canons, les Peres de l’Eglise & nos Rois même avoient toujours réputé infames, & leur défendit de jouer, ni de ne plus obtenir de semblables Lettres ; & néanmoins dès que la Cour fut de retour de Poitiers, le Roi voulut qu’ils rouvrissent leur théâtre.