) » L’assemblée du Clergé à Melun, en 1579. titre des Fêtes, tient le même langage. […] Ces divertissements, disent les Conciles, profanent la décence et la sainteté de l’Eglise : « His Ecclesiæ inquinatur honestas et sanctitas. » Il faut sanctifier les fêtes, en imitant les Saints dont on fait la mémoire, non par de frivoles amusements : « Imitentur his diebus Sanctos quorum memoriam celebrant. » Il est absurde que par des plaisirs frivoles et séduisants on détourne les fidèles de l’office divin et des exercices de piété, dans des jours destinés à apaiser un Dieu irrité : « Valde absurdum est diebus Deo propitiando destinatis, fallacibus istis Satanæ blanditiis illectos fidèles, a divinis officiis et supplicationibus religiosis abduci. » Tous les Parlements ont interdit les Congrégations des Jésuites, comme des assemblées dangereuses, et comme des exercices opposés à la sanctification des fêtes, en détournant de l’assiduité à la paroisse. […] De part et d’autre ce sont des assemblées ; mais l’une bien plus nombreuse, se fait tous les jours ; l’autre une fois la semaine, le dimanche. […] Qui oserait comparer la morale du théâtre avec un sermon, les décorations avec les tableaux d’une Eglise, les chants, les danses, avec des exercices de piété, les actrices, les coulisses, les loges, le parterre, avec des assemblées de religion ?
Cyprien étant consulte par Everatius, s’il falloit les recevoir dans l’Eglise & dans les assemblées des Fideles, répond que non, & voicy l’admirable raison qu’il en donne, quod ego puto ; nec majestati divina, nec Evangelicæ disciplinæ congruere, ut pudor & honor Ecclesiæ, tam turpi, & infami contagione fœdeturL. […] Troisiémement, comme la grace du Baptême nous fait membres du corps mystique de l’Eglise, il faut necessairement renoncer au monde, parce qu’on ne peut estre en même temps membre de l’Eglise, qui est l’assemblée des Fidèles, & le Corps mystique de Jesus-Christ, & estre membre du monde, qui est l’assemblée des reprouvés, & la synagogue de Satan. […] Le monde de Jesus-Christ est l’assemblée des élûs ; le monde du diable est l’assemblée des reprouvez. […] Voilà M. le portrait au naturel que Jesus-Christ a fait de ce monde auquel vous avez renoncez par le vœu de vôtre Baptême ; cependant que fait le Chrétien qui a tant d’amour pour les spectacles & les comedies, je dis que c’est un transfuge & un deserteur, qui au prejudice de son vœu & de ses promesses, passe du monde de Jesus-Christ, qui est l’assemblée des fideles, dans le monde du diable, qui est l’assemblée des reprouvez. […] Cependant cét homme de qualité se feroit un crime contre l’honnesteté de n’y pas mener cette Dame, & cette Dame se feroit un plus grand scrupule d’honneur que de conscience, de refuser la civilité du galant-homme, & de se refuser à elle-même ce plaisir, ils y vont donc de compagnie, & en traînent plusieurs à leur imitation : d’où il arrive que cét exemple forme une espece de loy dans une ville, l’Artisan & le Bourgeois y voudront aller aussi bien que le Gentilhomme & le Magistrat, & alors on verra dans tous les quartiers, & dans toutes les assemblées, ce qu’a prevû, & predit S.
Si quelcun de ces solitaires, qui se sont volontairement condannez à passer leur vie en jeûnes & en priéres, venoit aujourd’hui se montrer dans vos assemblées, s’inviter lui même à vos plus-celebres repas, vouloir être de toutes vos parties, & ce qu’on ne peût même penser sans fremir, marcher en masque par les ruës de vôtre Ville ? […] Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle.
Et de dire qu’il y a des scandales et des assemblées mauvaises et que les aumônes des pauvres en pourront être refroidies cela n’est considérablebu. Car ne s’est point trouvé qu’il y ait eu de scandales ni mauvaises assemblées aux Mystères de la Passion et Actes des Apôtres. […] [NDE] Que soit excommunié celui qui va aux spectacles, les jours de fêtes, en omettant l’assemblée de l’église [= des fidèles].
Si la crainte de faire naître dans le cœur de vos enfants des passions qui leur seraient funestes, vous oblige de les éloigner de ces assemblées dont nous venons de parler ; cette même crainte vous engage indispensablement à ne jamais permettre qu’ils fréquentent les comédies. […] Ils appellent ces assemblées des écoles et des sources publiques d’impureté ; ils les décrient comme des fêtes du diable ; ils obligent ceux qui y ont assisté à se purifier par la pénitence avant que d’entrer dans l’Eglise ; enfin ils font des peintures si tristes et si horribles de l'état où l’on se trouve au sortir de ces divertissements, qu’on ne les peut voir sans frémir, et sans s’étonner de l’effroyable aveuglement des hommes, à qui les plus grands crimes ne font horreur, que quand ils ne sont plus communs, et qui non seulement cessent d’en être choqués, mais souvent même les font passer pour des actions innocentes. […] Un Chrétien conservera-t-il dans la comédie les sentiments qu’il doit toujours avoir dans le cœur ; et aura-t-il l’esprit élevé vers Dieu dans une assemblée, où, comme dit Tertullien Chap.
Je n’ai jamais conçu , dit-il peu après, pourquoi l’on s’effarouche si fort de la danse & des assemblées qu’elle occasionne, comme s’il y avoit plus de mal à danser qu’à chanter. […] Il est ridicule qu’à des assemblées où chacun se rassemble sans se connoître, & en achetant seulement le droit de s’y rendre, des gens qui ne se sont point encore vûs & qui ne se reverront peut-être jamais, se livrent aux transports de la joie, dont la danse est l’expression. […] Là un pere diroit à son fils, « Vois au milieu de cette auguste assemblée, le meilleur des maîtres & le plus humain des rois. […] C’est ainsi qu’on appelloit ces fameuses assemblées, où, sur l’invitation du Roi,* tous les Seigneurs étoient obligés de se trouver. […] » Ces Spectacles, toujours très-coûteux pour le Prince, n’étoient pas un des moindres amusemens de ces assemblées.