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311. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Si la vraisemblance morale la moins rigoureuse n’est plus d’usage au Théatre ; si le public, content d’être frappé un moment par des circonstances approchées, & les incidens les plus disparates, ne veut plus voir la convenance de la nature & de l’art ; si l’on a renoncé au plaisir de l’illusion, on peut tout mettre sur la Scène. […] Ce petit drame est suivi d’un Traité sur l’art, selon l’auteur, nouveau de faire des proverbes. L’art dramatico-proverbial , dit-il. […] Grand en tout, dans la paix, dans la guerre, dans les succès, dans les revers, dans les sciences & les arts, les ouvrages publics, dans sa maison, dans sa cour, dans les monumens élevés à sa gloire, dans les dernieres paroles qu’il dit à son petit-fils, qui valent bien tous les bons mots de son grand-père. […] Le siecle de Louis XIV. a été le siecle des sciences & des arts : je ne parle pas du Théatre, dont les éloges innombrables & outrés ne méritent point qu’on les compte, & ne pourroient que flétrir ses lauriers.

312. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Ce sont des gens qui dans leurs cabinets épuisent leur esprit, leur imagination et leur art pour composer des poisons les plus subtils, afin d’empoisonner finement les âmes de tous les hommes et de toutes les femmes.

313. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Elle est si mince que le même nom que lui donne ce philosophe, Saint Paul le donne à un vice qui est celui que notre vulgate a traduit scurrilitas, qu’on peut tourner, selon les pères, par un terme plus général, plaisanterie, art de faire rire ; ou, si l’on veut, bouffonnerie : Saint Paul l’appelle εὐτραπελία, eutrapelia Ep.

314. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Mais, en supposant que les gouvernements ne puissent pas sans danger supprimer les théâtres, ni en diminuer le nombre, chose qui ne paraît pas croyable, ne courent-ils pas des dangers infiniment plus grands en s’exposant aux atteintes mortelles que leur portent chaque jour des pièces vraiment immorales, qui, à la faveur du plaisir qu’elles procurent, font couler dans l’âme des spectateurs le poison des plus désolantes doctrines, et qui, par des allusions perfides et adroitement ménagées auxquelles l’art des acteurs ajoute encore un merveilleux relief, ne sont propres qu’à nourrir et à fortifier cet esprit d’insubordination qui de nos jours a fait tant de ravages, et qui est encore bien éloigné d’être entièrement anéanti ?

315. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

, Ars Theatralis, Ars Scenicæ, Ludi Scenici, l’Art des jeux, l’Art du Théâtre, l’Art de la Scène, les Jeux Scéniques. […] Durant tout cet espace de temps l’art des Comédiens a été censé infâme : car ce que firent Néron et Héliogabale ne pouvait pas ôter cette infamie. […] Despréaux a fort bien exprimé le caractère de Ménandre dans son Art Poétique, lorsque après avoir décrit la vieille Comédie, il décrit ainsi la nouvelle. […] Les Gazettes de l’année 1697. portent que Art. de Paris 17. […] Art. de Paris 17.

316. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Les Poètes qui ont retranché Créon de cette Tragedie n’ont pas senti de quelle importance était ce personnage, sans lequel ils ne peuvent suivre la maxime généralement embrassée et établie par les premiers Maîtres de l’art : ils prétendent, ces Maîtres (mais en ce point je ne sais si leur avis est bien sûr) ils prétendent, dis-je ; que lorsque le Héros de la Pièce doit succomber à une infortune qu’il n’a pas méritée, il faut adroitement mettre des bornes à la compassion des Spectateurs, en la diminuant par quelque trait qui donnent atteinte ou à la vertu, ou au caractère de ce personnage. En conséquence ils soutiennent que Sophocle a dû rendre Œdipe odieux par rapport à Créon, et que par là il a satisfait en même temps aux règles de l’art et de la saine raison. […] J’y trouvais la véritable horreur tragique, telle que les Anciens l’ont connue ; mais modifiée à la manière des modernes, avec un art qui me paraissait admirable.

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