Ajoutons que l’on apprend dans les Comédies mille mauvaises intrigues pour faire réussir ces mariages qui sont contre les Lois, soit pour gagner, ou pour tromper un père ; et que l’on y tourne toujours en ridicules ceux qui veulent corriger la jeunesse, et arrêter le cours de ses désordres.
Vous en appelleriez à vos Casuistes, qui prétendent qu’on doit moins s’arrêter à ces bons Docteurs, pour ce qui est de la Morale, qu’à vos nouveaux Auteurs qui ont mieux connu qu’eux le génie de ces derniers siècles.
Mais comme le Traité qui suit celui-ci ne doit avoir que ce seul sujet, je puis me dispenser de m’y arrêter presentement.
On tirerait deux avantages d’une pareille disposition, l’un que les honnêtes gens, qui sont si souvent incommodés des caprices du Parterre, en seraient plus éloignés : l’autre qu’on arrêterait les mutins plus aisément et sans scandale.
Mais ce n’est pas là où s’arrête l’opprobre de nos mœurs. […] C’est là où s’arrêtent les vues et les efforts du zèle circonspect. […] Comparez dans les siècles suivans les progrès ou la décadence de cette religion sainte avec le degré de la fureur théâtrale ; examinez son état dans les villes et chez les peuples où les mimes ont été plus ou moins en honneur ; arrêtez-vous sur-tout au moment de la chute rapide et générale qu’elle essuie parmi nous, et de l’accroissement exactement proportionnel du théâtre ; et vous concluerez que l’histrionisme est dans la vérité du fait, la mesure exacte et précise qui marque l’autorité et la considération du Christianisme ; une espèce de baromètre moral, mais sûr et infaillible, qui en raison contraire détermine les progrès ou les pertes de son rival…. […] Avant que ces foyers de l’infection générale soient anéantis, il seroit aussi raisonnable de songer à purifier le sang humain, que de se flatter d’arrêter les ravages de la peste eu lui laissant une pleine liberté de répandre et de renforcer son poison.
J’étais à peine installé dans un joli cabinet, dont la vue donnait sur le boulevard Neuf, que je vis une voiture s’arrêter devant la porte et en descendre une jeune élégante, accompagnée par un gros monsieur, que je remis pour l’avoir vu souvent à la Bourse, surtout quand il y a ce qu’en jargon du lieu on nomme un coup à faire. […] Arrivé à la barrière de Belleville, deux jeunes gens, dont l’un sortait du faubourg du Temple et l’autre descendait la chaussée de la Courtille, s’abordèrent en ces termes : « viens donc, Pierre, la répétition est arrêtée pour toi ; j’allais voir si nous pouvions afficher. » — « Me v’là, mais permets que j’respire un peu… j’avais des souliers à r’porter à des pratiques qu’on n’ trouve que l’ dimanche, ça m’a r’tardé d’une heure ; je n’ suis que d’ la septième scène, avec le quart d’heure de grâce, je n’ la gobe qu’ d’une demi-heure. » J’avais ralenti le pas au mot répétition, je croyais d’abord qu’il s’agissait d’un exercice de Lycée ; mais la mise et la suite du dialogue de mes champions, fixèrent mes idées sur eux. […] Je me trouvai encore arrêté à la barrière du Roule par une affiche de spectacle extra-muros, dont la prétentieuse composition ouvrit un vaste champ à mon esprit observateur. […] Je m’éloignai en déplorant les suites d’une manie qui ne peut que devenir funeste aux familles, aux manufactures, en fortifiant dans la classe ouvrière un goût innocent dans son principe, instructif même pour ceux qui savent en mettre à profit la morale, mais qui finira par élever dans chaque faubourg des temples à la paresse et à la dépravation, si l’autorité ne se hâte d’arrêter ce torrent destructeur, qui menace d’entraîner dans son cours l’espérance de l’industrie nationale, le palladium, des saines doctrines, et jusqu’au moindre germe de toutes les vertus sociales.