Enfin, ils ont oublié que l’épreuve du bien et du mal n’apprend à connaître l’un que parce qu’on l’a perdu, et l’autre parce qu’on y est condamné. […] Quand elles auront appris un jour de l’Ecriture et de l’Esprit de Dieu, en quoi consiste la vraie vertu, elles tiendront bien un autre langage. […] On accoutume son cœur à tout ; on lui apprend en secret à ne rougir de rien ; on le dispose à ne pas condamner à son égard des sentiments qu’il a excusés, et peut-être bien loués dans les autres. […] On y apprend à juger de toutes choses par les sens, à ne regarder comme bien que ce qui les satisfait, et à ne considérer comme subsistant et réel que ce qui les frappe. […] On apprend ainsi deux chose également funestes ; l’une de s’ennuyer de tout ce qui est sérieux, et par conséquent de tous ses devoirs : l’autre de trouver cet ennui insupportable, et d’en chercher le remède dans la dissipation.
Voilà ce que j’ai appris d’un livre qui est tombé en mes mainsd, où l’Auteur ressemble l’archer qui tire sans adversaire, mais il ne décoche sans but, car le sien est d’offenser ceux qui ne combattent jamais que pour trouver la vérité, et non pour l’honneur d’une victoire où l’ennemi n’a entendu la trompette pour se préparer au combat. […] Isidore nous l’apprend livre premier Du service de l’Eglise, chapitre 40. […] Cela ne nous empêchera de vaincre par raison ceux qui nous surmontent d’injures ; nous n’en voulons combattre : l’Eglise nous apprend à prier et bénir, non pas à exécrer et maudire. […] Hotoman en sa Francogalie g dit du Roi Louis onzième, qu’il allait souvent aux jeux et disait qu’il y apprenait les mœurs et façon de son peuple qui lui étaient celées par les flatteurs. Dion, nous apprend que Auguste César voyant du désordre aux Jeux d’un Pilade, s’en courrouça, il lui fit response, « Il t’est nécessaire, ô César, que j’amuse le peuple.
On y mène les enfants, afin qu’ils y apprennent, dit-on, de bonne-heure à connaître le cœur de l’homme, et à en éviter le ridicule. […] Mais faut-il que mon fils apprenne la Philosophie avant que de lire Virgile et Horace, les Comédies de Térence, et les Tragédies de Sénèque ? […] Si vous voulez faire de votre fils un Docteur, faites-lui apprendre la Philosophie scolastique, et qu’il suive toutes les règles que la Sorbonne a marquées. […] J’avoue que voila le fond de la Philosophie : Mais cela n’apprend pas la Physique. […] Mais il faut exciter sa curiosité, et lui faire regarder ce qu’on lui apprend en cela comme une récompense, et non pas comme une leçon.
Un chrétien, qui a promis d’embrasser la croix de Jésus-Christ et de mourir au monde, de faire vivre son Sauveur en lui, et de continuer sa vie sur la terre, peut-il se trouver dans des assemblées où règne l’esprit du monde, où on apprend à vivre comme lui, à se conformer à ses maximes, à ses coutumes, et à ses usages criminels ? […] Il est donc manifeste que la représentation de ces passions agréables les excite naturellement, ne fût-ce qu’en nourrissant la concupiscence qui en est la source ; ce n’est pas tout, elle apprend encore à les satisfaire. […] C’est là où, par des attitudes et des regards plus éloquents que les expressions, on est excité à observer tous les mystères de l’iniquité, et qu’on apprend à conduire habilement toutes les intrigues criminelles ; en sorte que tout ce que la corruption peut inventer pour plaire et séduire y est comme réduit en art. […] C’est là que, s’accoutumant à regarder un chimérique honneur comme le bien le plus précieux, il apprend à tout sacrifier pour se le conserver ou le réparer, sans égard pour les droits même les plus inviolables du sang et de l’amitié ; et il l’apprend d’autant plus volontiers que c’est un père barbare qui met lui-même un fer assassin entre les mains de son fils, et lui ordonne de tuer ou de mourir. […] N’est-ce pas le comble de la misère de ne pouvoir trouver de plaisir que dans ses propres maux, et de récompenser ceux qui apprennent à les entretenir et à les rendre incurables ?
La détestable maxime qu’on leur donne à apprendre pour leur première leçon, est celle-ci. […] Et puis l’on se repent tout le temps de sa vie. » Voilà donc ce que de jeunes Damoiselles apprennent à la Comédie. […] Dieu en formant Eve d’une des côtes d’Adam, a appris aux femmes mariées a considérer leurs maris comme leurs chefs et leurs maîtres, vir caput mulieris. 1 Cor. 10. Il leur a aussi appris qu’elles devaient leur être soumises et obéissantes : « Sub viri potestate eris, et ipse dominabitur tui. » Gen. 3. 16. […] Les jeunes gens qui n’ont ni crainte de Dieu, ni honneur, ni conscience, apprendront d’Arnolphe dans l’Ecole des FemmesDans l’Ecole des Femmes.
Ils m’apprendrons des vérités capables de m’inspirer pour ces sortes de divertissemens une sorte d’horreur, ils m’apprendront que les Payens même ont condamné les spectacles, à la honte des Chrétiens qui voudroient les maintenir ; que de les abandonner, c’est une marque de religion, mais une marque authentique ; qu’ils ne blâmoient pas le théatre seulement parce qu’il servoit à l’idolâtrie, mais parce qu’il étoit une école d’impureté. […] Jesus-Christ, qui veut bien être tenté pour nous apprendre à résister à la tentation, permet que le Démon lui expose ce vain éclat, comme un exemple de ce que le père du mensonge doit faire par la séduction artificieuse du théatre. […] Les pères & mères vont chercher des causes éloignées du désordre des enfans ; c’est le théatre qui les perd, qui leur apprend à former des intrigues & faire agir les domestiques, à surprendre la vigilance & ménager des rendez-vous, à voler, à emprunter de l’argent, à regarder le crime comme une galanterie, le mensonge comme une adresse, le luxe comme bienséance, l’autorité comme tyrannie. […] C’est là où le Démon forge les traits de feu qui enflamment la convoitise, & où la mort entre par tous les sens ; où l’on apprend le crime en le voyant ; où l’image des choses qu’on représente, fait de malheureuses impressions qui ne s’effacent presque jamais ; où une intrigue d’amour, de vengeance, ou de quelque autre passion, représentée avec adresse, est une amorce pour le même vice ; où les plaisirs qu’on goûte en voyant les ressorts que le péché met en œuvre, devient un appât pour le commettre. […] Le bal, les spectacles sont une académie publique pour apprendre l’impureté & donner des leçons d’une malheureuse science qui ne s’apprend que trop d’elle-même ; les jeunes gens s’y accoutument à prendre des libertés avec les femmes, & les filles auparavant sages & modestes à perdre la modestie & la pudeur ; où personne n’entre sans le plus grand danger de perdre l’innocence.