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2. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Toutes les affaires publiques doivent être traitées dans les assemblées de la nation, & ils établissent un conseil permanent qui les décide. […] C’est la glorieuse destinée du théatre d’avoir part aux plus grandes affaires. […] Le premier ne pouvoit manquer de l’emporter dans la crise funeste de la décadence des affaires, que la corruption des mœurs a amenée, & dont le théatre va consumer le peu qui reste de vertu & de liberté dans la nation. […] Les cafés, le théatre, le jeu, le vauxhal, sont-ce-là les lieux propres à délibérer sur les affaires, & à s’armer de zele, de cette vigilance, de cette fermeté si digne de l’homme public, sans lesquelles on n’arrêtera jamais la contagion ? […] N’est-ce pas en effet la premiere & la plus importante affaire ?

3. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Il avait honte d’abord de s’avouer Poète, les premières pièces parurent « sous le nom de Desmarets (ce fameux visionnaire), son confident et, pour ainsi dire, son premier Commis dans le département des affaires poétiques ». […] Cette affaire trouva pourtant de grands obstacles, et il fallut toute l’autorité et toute l’intrigue du Cardinal pour la faire réussir. […] Une affaire de cette importance devait se traiter par écrit, quoiqu’on se vit tous les jours. […] Tel est l’esprit des courtisans, des mondains, surtout des amateurs du théâtre : religion, mœurs, affaires, plaisirs, tout est un jeu pour eux. […] Il fut accusé de sorcellerie dans l’affaire des démons de Loudun, condamné et exécuté.

4. (1675) Traité de la comédie « XXII.  » p. 310

Comme on n'y représente que des galanteries ou des aventures extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on use dans la vie commune;on y prend insensiblement une disposition d'esprit toute de Roman; on se remplit la tête de Héros et d'Héroïnes ; et les femmes principalement prenant plaisir aux adorations qu'on y rend à celles de leur sexe, dont elles voient l'image et la pratique dans les compagnies de divertissement, où de jeunes gens leur débitent ce qu'ils ont appris des Romans, et les traitent en Nymphes et Déesses, s'impriment tellement dans la fantaisie cette sorte de vie, que les petites affaires de leur ménage leur deviennent insupportables. Et quand elles reviennent dans leurs maisons avec cet esprit évaporé et tout plein de ces folies, elles y trouvent tout désagréable, et surtout leurs maris qui, étant occupés de leurs affaires, ne sont pas toujours en humeur de leur rendre ces complaisances ridicules, qu'on rend aux femmes dans les Comédies et dans les Romans.

5. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Et là on commence à raffiner le caractère du saint Personnage, en montrant, par l’exemple de cette affaire domestique, comment les Dévots ne s’arrêtant pas simplement à ce qui est plus directement de leur métier, qui est de critiquer et mordre, passent au-delà sous des prétextes plausibles, à s’ingérer dans les affaires les plus secrètes et les plus séculières des familles. […] Cela dure jusqu’à ce que le Beau-frère lui demande « un oui ou un non » ; à quoi lui ne voulant pas répondre, le quitte enfin brutalement, comme il avait déjà voulu faire : ce qui fait juger à l’autre que leurs affaires vont mal, et l’oblige d’y aller pourvoir. […] À peine ont-ils parlé quelque temps de leurs affaires communes, que le mari arrive avec un papier en sa main, disant qu’« il tient de quoi les faire tous enrager ». […] Il examine mûrement les choses, et conclut à la désolation commune, que « le fourbe étant armé de toutes ces différentes pièces régulièrement, peut les perdre de toute manière », et que c’est une affaire sans ressource. […] Avant que je vous le déclare, permettez-moi de vous faire remarquer, que l’esprit de tout cet Acte, et son seul effet et but jusqu’ici n’a été que de représenter les affaires de cette pauvre famille dans la dernière désolation par la violence et l’impudence de l’Imposteur, jusque-là qu’il paraît que c’est une affaire sans ressource dans les formes ; de sorte qu’à moins de quelque Dieu qui y mette la main, c’est-à-dire de la Machine, comme parle Aristote, tout est déploré.

6. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

Après s’être fait un triomphe de la critique du Cid, une affaire sérieuse du succès de Mirame, il pouvait se faire un mérite de ses sarcasmes contre Ferdinand et Philippe. […] Belle chimère, que le théâtre ne vit et ne verra jamais, et qui donnant le change sur le véritable état des choses, fait sentir des gens embarrassés, qui ne veulent que se tirer d’affaires dans une occasion critique où ils n’osent ni blesser la vérité, ni déplaire en la disant nettement. […] En vérité Alexandre et Frédéric, dans le peu de jours qu’ils furent à Venise, avaient des affaires trop importantes pour aller à la comédie, qui même n’était ni dans leur goût ni dans celui de leur siècle. […] Il se tint à Châlons en 1107 une célèbre conférence sur l’affaire des investitures, entre le Pape Paschal II et les Ambassadeurs de l’Empereur Henri IV (l’Archevêque de Trèves…) C’était lui, dit l’Abbé Suger (Vit. […] Dans le fond un Comédien, fût-il Molière ou Baron, n’est pas fait pour traiter avec un Pape sur l’affaire des investitures.

7. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Ce Ministre l’aima, l’instruisit des affaires, en fit un bon Négociateur, & le fit valoir à la Cour, où il fut employé avec succès. Il fut donné pour adjoint à l’Abbé Dubois, depuis Cardinal, chargé des affaires de France à la Cour de Londres, à qui il sut plaire. […] Il le laissa en Angleterre chargé en seul des affaires. […] Malgré l’embarras des affaires publiques dont il étoit chargé, il avoit trouvé des momens à perdre, & les avoit sacrifiés au théatre. […] Le Cardinal de Polignac étoit ennemi du Duc d’Orléans, & avoit pris parti contre lui dans plusieurs affaires ; il avoit été exilé.

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