Un Dieu mourant avoit moins de peine à souffrir qu’il n’a d’horreur des péchés sans nombre qu’une Actrice commet & fait commettre. […] Les couplets qu’on lui attribue, & qu’il a toujours désavoués, fussent-ils de lui, sont-ils pire que la Pucelle, le Cantique des Cautiques, l’Épitre à Uranie, & tant de satires qui attaquent tout le monde du sceptre à la houlette, & l’ont fait chasser de par-tout sans le corriger, même à 80 ans, où il est au moment d’aller rendre compte à Dieu de ses actions & de ses ouvrages ?
L’enthousiasme n’est point encore allé jusques là, on ne s’attend pas que cet article de nos comptes soit alloué au jugement de Dieu.
Dans le cinquieme discours, il blâme avec raison, comme une grande folie, qu’on n’ose point faire des actes de religion devant le monde, prier Dieu soir & matin, au commencement & à la fin des repas, parler des choses saintes, en un mot tous les exercices du Christianisme. […] Dieu fait servir les folies des uns à la subsistance des autres.
Et depuis personne n’a osé tenter la même chose, on a renvoyé ces sortes de sujets dans les Collèges, où tout est bon pour exercer les enfants, et où l’on peut impunément représenter tout ce qui est capable d’inspirer ou la dévotion ou la crainte des jugements de Dieu. […] Lors de ses tribulations, envoyées comme épreuves par Dieu, Eustache perdit femme et enfants avant de les retrouver lors d’une grande scène d’anagnorisis.
tandis qu’il était attentif à ce discours : Dieu sait ce qui se passait loin de lui. […] Dieu sait combien le fils immortel de Sémèle, & l’aveugle amant de Psiché, rirent à l’aspect de la gauche allure des Sacrificateurs chancelans. […] Personne n’ignore que l’un & l’autre sortaient de recevoir leur Dieu aux pieds des Autels, lorsqu’ils portèrent leurs mains parricides sur ces Princes, hélas ! […] La Comédie est un mélange de paroles & d’actions agréables pour son divertissement ou pour celui d’autrui, si l’on n’y mêle rien de deshonnête, rien d’injurieux à Dieu, ou de préjudiciable au prochain, ce jeu est un effet de la Vertu d’Eutrapélie, car l’esprit qui est fatigué par des soins intérieurs comme le corps l’est par les exercices de déhors, a autant besoin de repos que le corps en a de nourriture.
La plus dangereuse est la peinture à faux, dramatique, de l’homme et de la société, ou cette infidélité des tableaux vivants qui sont censés être ceux des mœurs ou de la vie commune de tel rang, de telle corporation, ou de tel âge ou bien de telles personnes que la malignité désigne, et qui vont être décriées, flétries, peut-être mises au désespoir ; il consiste aussi dans la solennité et l’éclat des représentations, avec tous les prestiges du théâtre ; c’est encore en réunissant la fiction à la vérité, en accumulant à plaisir les vices, en les combinant et faisant supposer une liaison naturelle entre eux ; c’est l’éternelle image des passions humaines les plus honteuses sous les traits sacrés de la vertu qu’enfin on ne croit plus voir nulle part qu’en apparence, que l’on méconnaît et décourage par trop de défiance, ou qu’on insulte par malignité ; enfin, c’est en créant ainsi et faisant agir avec toute l’énergie possible, sous les yeux de la multitude des personnages monstrueux qui servent d’excuse et d’encouragement aux méchants, qui font horreur aux bons et, comme je l’ai déjà dit, portent l’agitation dans les esprits faibles, l’inquiétude ou l’animosité dans les cœurs, exaltent la tête de tous, et vont de la scène publique provoquer la persécution, porter les désordres dans les scènes privées de la vie, où toutes les passions excitées imitent la hardiesse des auteurs, cherchent à réaliser leurs chimères jusques sur la vertu la plus pure : « Là de nos voluptés l’image la plus vive ; Frappe, enlève les sens, tient une âme captive ; Le jeu des passions saisit le spectateur ; Il aime, il hait, il pleure, et lui-même est acteur. » Voilà plus clairement comme il arrive que ces critiques vantées manquent leur but, sont de nul effet contre le vice audacieux, sur l’hypocrite impudent qui atteste Dieu et la religion en faisant bonne contenance au rang des victimes nombreuses des aggressions aveugles et des calomnies effrontées.