Bon, les vrais Apôtres sont des actrices, l’Evangile, c’est l’opéra bouffon ; enfin, le 16 Juin 1771, trois mois après, le théatre étant fini dans la ville de Bastia, on en fit solemnellement l’ouverture & la dédicace, le Gouverneur, les Magistrats en robes de cérémonie, la Noblesse, la Bourgeoisie s’y rendirent, il y eut le plus grand concours ; ce ne fut d’abord qu’une troupe Italienne, en attendant la troupe Françoise, elle s’est faite attendre quelques mois, c’étoient des siécles, quelle impatience ! […] Les Missionnaires y prêchent l’Evangile, les Négociants François y vont porter l’irréligion. […] Dans son livre du nouvel Evangile. il accuse le Cardinal Pallavicini d’avoir favorisé le théatre, & il est vrai que dans son histoire du Concile de Trente l.
Car il est accommodant, et il ne manque à sa Théologie que les maximes de l’Evangile. […] Trouve-t-on des danses et des symphonies attachées à la pratique de l’Evangile ? […] Qu’on compare notre Théâtre avec celui des Anciens, nos Acteurs avec ceux de Plaute et de Térence ; et qu’on me dise si pour avoir reçu la lumière de l’Evangile nous en sommes devenus plus sages ? […] Les circonstances requises sont, selon lui, que les Comédies ne se jouent point dans des Eglises, ou autres lieux particulièrement consacrés à Dieu : celles des personnes sont que des Prêtres ou des Religieux ne montent point sur le théâtre ; celles du temps sont que le divertissement public ne soit pas ouvert durant les heures destinées à l’Office divin, ou à la prédication de l’Evangile.
Mais sur les maximes de l’Evangile, que les Chrétiens doivent régler leur conduite. Or l’Evangile nous apprend que l’horreur que nous devons avoir du péché, nous doit porter à éviter avec grand soin les moindres occasions d’offenser Dieu, jusqu’à nous arracher l’œil, et nous couper la main droite, s’ils nous sont une occasion de chûte. L’Evangile nous défend donc d’aller à la Comédie, où les dangers d’offenser Dieu sont évidents. […] Ainsi Moïse permit aux Juifs de répudier leurs femmes, d’où vient que J.C. marque dans l’Evangile que quand Moïse a usé envers eux de cette condescendance, ce n’a été que pour leur reprocher la dureté de leurs cœurs : Ad duritiam cordis vestri scripsit vobis præceptum istud. […] Mes chers frères, ne perdons pas malheureusement le temps que Dieu nous donne pour faire pénitence, et pour opérer notre salut : et souvenons nous de cette terrible menace que Jésus-Christ nous fait dans l’Evangile ; « Malheur a vous autres qui riez et qui vous divertissez, parce que vous pleurerez un jour.
Je ne suis point jaloux des applaudissements qu’on donne à ces Messieurs, j’admire leurs grands talents ; mais je les plains de les employer si malheureusement, qu’il faut renoncer à la Religion que nous professons, et à l’Evangile de Jésus-Christ, pour ne pas croire qu’il est fort à craindre que ce qui leur a attiré l’applaudissement des hommes, n’attire sur eux l’indignation de Dieu.
Ils prouveront que le but de cet art funeste est de faire naître & d’émouvoir les passions dans les ames innocentes ; & d’excuser le crime dans ceux qui y sont livrés : en un mot d’autoriser, & même de canoniser tout ce qui est condamné par l’Evangile.
Mais nous, que l’Evangile instruit de ses maximes, Nous verra-t-on ainsi diviniser les crimes ?