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119. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

A peine s'étaient-ils établis, au milieu des plus violentes contradictions, que le P. […] Les Jésuites, qui s'étaient partout établis par les mœurs et la religion, ne devaient se maintenir que par elles. […] Etablissez des Hôpitaux dans chaque ville, etc.

120. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE VI. Les obstacles qu’on peut rencontrer pour parvenir à la Réformation du Théâtre. » pp. 59-68

Pour établir de nouvelles Loix, ou pour remettre en vigueur les anciennes, il faut toute la fermeté et toute la puissance du Gouvernement ; mais la réformation du Théâtre ne demande pas le moindre effort : une simple Ordonnance suffirait, non seulement pour le réformer, mais même pour le détruire ; et cela sans qu’il y eût à craindre le moindre scandale, ni la moindre opposition.

121. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

En effet tous les hommes, dans quelqu’état qu’ils soient, à tout âge, de tout rangs et de tous caractères sont sujets à la passion d’amour : cette vérité reconnue fait que les Poètes se croient autorisés dans l’usage où ils sont de l’établir comme le fondement, et comme la seule passion qui doit régner sur la Scène ; les Spectateurs en conviennent, et voilà pourquoi elle y domine impérieusement, tant dans les intrigues que dans les caractères.

122. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Jésus-Christ n’est point venu bouleverser la société, mais la régénérer : ce n’est point en aggravant le fardeau de la loi de Moïse qu’il a voulu faire venir les hommes à lui : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, qui êtes chargés, je vous soulagerai. » Ce n’est point en changeant les habitudes des hommes, en rompant les liens qui les unissent mutuellement ; ce n’est point en les détournant des devoirs de citoyens ou même de sujets, qu’il a prétendu établir sa morale sainte, et faire de tous les hommes un peuple de frères : « Prenez, a-t-il dit, mon joug sur vous, et apprenez que je suis doux et modeste de cœur. » Ce n’est point par des craintes et des menaces, qui paralyseraient les hommes dans toutes leurs actions et qui tendraient à détourner toutes leurs pensées des choses de la terre pour les concentrer sur l’avenir qu’il promet à ceux qui suivront exactement ses préceptes, qu’il a voulu faire triompher sa doctrine divine, car il ajoute : « Et vous trouverez le repos de vos âmes. » Il n’a point exigé de ses disciples et de ceux qui seraient amenés à lui la renonciation aux plaisirs et aux jouissances que la bonté du créateur a attachées à l’humanité en compensation des maux naturels et physiques qui l’affligent, encore moins qu’ils se soumissent volontairement à des combats continuels contre leurs désirs, et même contre les passions qui sont l’âme de la société, et qu’ils cherchassent à amortir ces passions par des jeûnes, des privations, des tortures, car il dit en terminant : « Mon joug est doux, mon fardeau est léger. » Comment se fait-il, mes frères, que la loi nouvelle, douce, tolérante, consolante comme son divin auteur, soit devenue une religion n’imposant que de tristes devoirs, contrariant tous les sentiments de la nature, faisant, pour ainsi dire, haïr la vie et les moyens de la conserver ; religion toujours austère, toujours menaçante, toujours effrayante, et dont le joug serait cruel et le fardeau accablant, insupportable ? […] Un repas plus varié remplace la nourriture monotone de la semaine : un peu de vin rougit leurs verres ; ils se dédommagent aujourd’hui de la privation d’une jouissance qu’il ne leur est pas permis de goûter dans l’enceinte de la ville ; ils se soustraient à une loi plus dure que celle de Mahomet, et ils reconnaissent la vérité de ces paroles de l’Écriture : « Le bon vin réjouit le cœur de l’homme. » Au milieu de ces réunions nombreuses, mais différentes et étrangères les unes aux autres, il s’établit bientôt une communauté de gaîté : la chanson se fait entendre, non plus cette chanson grivoise d’autrefois ; mais la chanson devenue populaire de notre Béranger, et l’hymne patriotique réunit bientôt toutes les voix, qui répètent en chœur son refrain. […] Ce bruit, ce tumulte, sont une compensation nécessaire à l’inertie qui, le plus souvent, a cloué l’ouvrier sur son banc, sur son établi, auprès de son métier. […] Parce qu’enfin, les scribes et les pharisiens de la Rome nouvelle se sont assis sur ce qu’ils appellent la chaire de saint Pierre, et ont établi le fardeau de leur domination sur les simples ministres des autels de Jésus-Christ.

123. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Nos Poètes n’ont-ils pas raison de les établir comme autant de degrés pour parvenir à la plus haute fortune, comme autant de marques d’une grande naissance et d’une belle éducation ? […] Il avertit les Poètes d’établir le fonds de leurs Poèmes sur les préceptes de Socrate et de Platon et sur les maximes de la Philosophie morale. […] Mais, quel principe que de prétendre établir pour base de la Comédie, le plaisir ? […] Mais cette audace qui ne respecte personne est elle-même nouvellement établie sur le Théâtre : la Comédie Latine ne la connaissait point, ni l’Anglaise non plus ; ce n’est que depuis très peu de temps qu’on s’est avisé de l’avoir.

124. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Les theatres se sont relevez de leurs ruines, ils renaissent, ils subsistent, ils triomphent aprés les coups & malgré les coups de foudre, & sur tout depuis que nous ne pouvons plus reprocher aux Fideles, qu’ils trahissent leur foy, & qu’ils renoncent à leur religion, en allant avec les Payens ; & en demeurant avec eux, afin de prendre des divertissemens établis aussi bien pour honorer leurs Dieux, que pour recréer les hommes. […] Tertulien nous le declare dans le lieu où il nomme les theatres des camps établis pour faire la guerre à Dieu, & aux vertus. […] Et quand les Magistrats sçavent qu’on jouë de ces fortes de Pieces, ils ne peuvent pas en conscience permettre que l’on continuë, jusqu’à ce qu’ils les ayent fait examiner, & corriger ; ils ne doivent pas avoir moins soin des peuples, en tout ce qui regarde le bien public, que les peres & les meres doivent en avoir de leurs enfans : Dieu établit en effet les Magistrats pour estre les curateurs & les tuteurs des peuples, & pour leur servir de peres. […] L’honesteté publique ne pouvant plus supporter ces infamies que les loix precedentes n’avoient pû abolir, les Empereurs Payens établirent des Prefets du plaisir, ou plutost détacherent cette partie la plus negligée de l’office des Ediles ; & ces Prefets estoient chargez du soin d’examiner & de corriger les Pieces de theatre, d’interdire ou de reformer celles qui pouvoient blesser l’innocence & l’honesteté publique. […] Il n’est pas plus difficile d’établir pour ce sujet des Censeurs en ce siecle, qu’il ne l’a esté dans les siecles des Payens, & des Heretiques.

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