Ces comparaisons de l’Ecriture et de l’Eucharistie ont été si usitées dans l’Eglise, que Photius Epist[ola]. 54. […] On peut bien dire que l’irrévérence est beaucoup plus grande dans les pécheurs, qui se disant Chrétiens, se moquent néanmoins des décrets de l’Eglise, jusqu’à faire gloire d’un exercice que l’Eglise se croit obligée de punir par l’excommunication, et c’est proprement à de telles personnes à qui on doit appliquer ce que dit saint Isidore de Damiète dans la Lettre 232 Bibl. […] N’allez donc pas chanter un jour dans l’Eglise et le lendemain dans un lieu de plaisir ; ne soyez pas un jour attentif à la divine parole, pour en aller perdre le fruit au son des instruments ; et ne venez pas faire le pénitent dans l’Eglise, si vous voulez aller là où l’on danse. […] L’Eglise en a toujours usé de même à l’égard des Comédiens, et elle se trouve de temps en temps réduite à de pareilles extrémités. […] » Mais en même temps que l’Eglise ordonne à ses Ministres de prêcher contre les spectacles, elle excommunie tous ceux qui font profession de monter sur le Théâtre.
Où en serions-nous, si Molière voulait faire des Versions de tous les mauvais Livres Italiens, et s’il introduisait dans Paris toutes les pernicieuses coutumes des Pays Etrangers : et de même qu’un homme qui se noie, se prend à tout, il ne se soucie pas de mettre en compromis l’honneur de l’Église pour se sauver, et il semble à l’entendre parler qu’il ait un Bref particulier du Pape pour jouer des Pièces ridicules, et que Monsieur le Légat ne soit venu en France, que pour leur donner son approbationf. […] Ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys au monde (s.l., 1664), qui qualifie Molière ainsi : « Un homme, ou plutôt un Démon vêtu de chair et habillé en homme et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le Théâtre, à la dérision de toute l’Église, et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, etc. » Le pamphlet a été pilonné, apparemment sur ordre de Louis XIV. […] Et enfin sans m’ériger en Casuiste, je ne crois pas faire un jugement téméraire d’avancer, qu’il n’y a point d’homme si peu éclairé des lumières de la Foi, qui ayant vu cette Pièce, ou qui sachant ce qu’elle contient, puisse soutenir que Molière dans le dessein de la jouer, soit capable de la participation des Sacrements, qu’il puisse être reçu à pénitence sans une réparation publique, ni même qu’il soit digne de l’entrée de l’Église, après les anathèmes que les Conciles ont fulminés contre les Auteurs de Spectacles impudiques ou sacrilèges, que les Pères appellent les Naufrages de l’Innocence, et des attentats contre la Souveraineté de Dieu. […] Que le Roi vive, qu’il vive éternellement, pour le bien de l’Église, pour le repos de l’État, et pour la félicité de tous les peuples. […] Ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys au monde (s.l., 1664), qui qualifie Molière ainsi : « Un homme, ou plutôt un Démon vêtu de chair et habillé en homme et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le Théâtre, à la dérision de toute l’Église, et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, etc. » Le pamphlet a été pilonné, apparemment sur ordre de Louis XIV.
Approbation des Docteurs Le but que s’est propose l’Auteur du Livre qui porte pour titre, Histoire et Abrégé des Ouvrages Latin, Italien et Français, qui ont paru dans ce Siècle, pour et contre la Comédie et l’Opéra, est de détruire les raisons de ceux qui croient ces Spectacles permis, et d’appuyer celles de ceux qui les condamnent ; ce qu’il fait par des réflexions solides tirées de l’Ecriture des Pères, et de la conduite de l’Eglise dans tous les temps. […] C’est le jugement que Nous Docteurs en Théologie de la Faculté de Paris, et Chanoines de l’Eglise d’Orléans portons de cet Ouvrage, dans lequel nous n’avons rien trouvé qui ne soit conforme à la Foi et aux bonnes mœurs.
Vous avez pour vous diriger l’Eglise de Jésus-Christ, qui est la colonne de la vérité : écoutez sa voix, vous marcherez dans le chemin du salut. […] Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour les acteurs que vous entretenez dans une profession frappée de tous les anathèmes de l’Eglise, et qui les voue à l’infamie publique ; c’est pour vous plaire que ces insensés se séparent de la communion des fidèles, qu’ils s’éloignent des sacrements et qu’ils seront peut-être à la mort privés de la sépulture ecclésiastique. […] En contribuant pour votre part à les entretenir dans une profession aussi criminelle et aussi déshonorante, vous participez à leur faute, et vous attirez sur votre tête les éclats des foudres que l’Eglise lance contre eux. […] Ces grands hommes vous disent qu’on ne peut aller au théâtre sans abjurer sa qualité de chrétien, sans désobéir à l’Eglise, sans se livrer aux vanités et aux pompes auxquelles on a renoncé dans le baptême, et sans se fermer l’entrée du ciel.
Aussi était-ce là une des marques par où on reconnaissait les Chrétiens dans les premiers temps de l’Eglise, ainsi que l’assurent les Pères. […] C’est donc une marque que ni l’Eglise ni la Cour n’ont rien reconnu dans les Comédies d’aujourd’hui qui puisse empêcher les Chrétiens d’y assister. » Je ne sais de quoi notre Docteur s’avise de mêler ici l’Eglise avec la Cour dans sa belle conclusion ; il n’en avait pas fait de mention dans ses principes. […] L’Eglise après cela aura-t-elle tort de les excommunier, puisqu’ils s’excommunient ainsi d’eux-mêmes ? […] Car enfin si on les bannit des Eglises et des lieux où l’on rend la Justice, ce n’est pas pour leur trop d’honnêteté ni pour leur trop de modestie. […] Car enfin ils ne peuvent faire des aumônes que d’un gain sordide et honteux que saint Augustin condamne, et que l’Eglise n’approuvera jamais.
Ce qui est plein de profanation de l’Ecriture Sainte, d’ordures et de dissolutions, de blasphèmes et invocations des Dieux Païens, ne doit être toléré en l’Eglise Chrétienne : La matière des Jeux Comiques et Tragiques est telle : Ils ne doivent donc être tolérés en l’Eglise Chrétienne.