L’un attaque l’autorité de l’Ecriture ; l’autre fait une Tradition à sa mode. […] Cette disposition l’empêche de trouver que l’Ecriture soit contraire au Théâtre ; et que dans le précepte de mortifier ses sens, et de faire violence à la nature, soit compris celui de détester la Comédie. […] Notre Théologien qui au commencement de sa Lettre ne trouvait rien dans l’Ecriture ni pour, ni contre la Comédie, ne devait pas y revenir, pour mettre Dieu dans le parti des Comédiens. […] Si tous les hommes étaient aussi éclairés que lui, il ne serait pas surprenant qu’il exigeât cela de tous : mais puisque la plupart manquent de lumière, et ne peuvent pas toujours discerner entre le bien et le mal, qu’il souffre que l’Ecriture le discerne pour eux, qu’ils s’en tiennent à ce qu’elle ordonne, et qu’ils jugent qu’une chose est mauvaise quand l’Ecriture la défend. Mais enfin tous les passages de l’Ecriture qu’on voudrait lui opposer, lui sont favorables, et Albert le Grand répond pour lui.
Depuis qu’on a quitté la manière toute simple de traiter les matières de Théologie par l’Ecriture Sainte et par les Pères de l’Eglise, pour ne plus suivre que les vaines subtilités d’un raisonnement humain et philosophique ; il s’est fait peu à peu un si étrange changement dans la morale Chrétienne ; que les notions les plus communes de plusieurs vérités capitales, sur lesquelles la Discipline de l’Eglise était fondée, se sont insensiblement anéanties et éteintes. […] L’on a déja fait à la vérité plusieurs excellents écrits sur le sujet de la Comédie, qui sont comme autant de flambeaux capables de dissiper les ténèbres de ceux qui aiment ce vain amusement ; mais comme les goûts des hommes sont différents, j’espère que celui-ci, ne laissera pas d’être utile, d’autant qu’il peut servir de Décision sur cette matière, puisqu’il est fondé sur l’Ecriture Sainte, les Conciles et les Pères de l’Eglise ; C’est pourquoi il y a tout lieu de croire que Dieu y répandra sa bénédiction.
Des Chrétiens n’ont-ils pas honte de justifier par l’Ecriture, les superstitions et les spectacles des Gentils ? […] Le Chrétien ne pourra-t-il pas regarder ce que l’Ecriture raconte ? […] C’est par l’artifice du démon que des choses saintes sont devenues criminelles : « Diabolo artifice ex sanctis in illicita mutata sunt. » La raison et la pudeur le défendraient, si l’Ecriture ne le défendait pas. […] Quelles sont les défenses de l’Ecriture ? […] Il a laissé plus de deux mille Epîtres sur différents sujets, toutes très belles et très importantes, sur l’explication de l’Ecriture, les dogmes de la foi et les règles de la discipline.
Mais, dit-on, l’Ecriture ne défend point les spectacles. […] L’Ecriture, dit-on, ne défend point les spectacles. Il est vrai que l’Ecriture ne condamne point formellement la comédie, l’opéra, ni les autres semblables spectacles, parce qu’elle ne les nomme point expressément. Mais l’on peut dire avec vérité que l’Ecriture toute entiere est une condamnation implicite & continuelle des spectacles, puisqu’elle condamne jusqu’à un geste, un clin-d’œil, une parole inutile, & qu’elle ne parle par-tout que de gêne, de contrainte, de violence, de renoncement au monde & à toutes les choses du monde, de sacrifices, de pénitence, de mort à soi-même, de modestie, de recueillement, de retraite, de silence, de suite des occasions du péché & des passions. […] Voici un trait dans l’Ecriture qui regarde encore les spectacles le plus près.
Augustinlib. 6 de baptis. cap. 6 n , « Apportons les balances divines des Ecritures Saintes, du trésor du Seigneur, pour y peser ce qui est pesant, ou léger ; ou plutôt, n’y pesons rien, ains reconnaissons ce que le Seigneur même y a pesé. » Es jeux Comiques ou Tragiques, faut considérer deux choses : Premièrement le sujet, ou la matière, qui y est traitée : Secondement, l’appareil ou la manière dont on les joue. La matière se prend, ou de l’Ecriture Sainte ; ou de quelques Auteur profane, Historien, ou Poète. […] Basile : Il nous doit suffire, que les Tragédies sont pleines d’horreurs, de meurtres, parricides, incestes ; d’exécrations, et invocations des Dieux Païens : Or l’Ecriture défend en termes exprès, non seulement de jurer par les noms des Dieux étrangesy, mais de les prononcer par notre boucheExo. 23. […] [NDE] comprendre : si on prend le sujet de la pièce dans l’Ecriture Sainte… q. […] [NDE] aussi clair qu’aucun autre de la Sainte Ecriture : parmi les plus clairs qui soient en l’Ecriture.
) L’Écriture recommande aux enfants de l’Église qui doivent être sérieux, la gravité et la modestie chrétienne1, et il n’est rien de si contraire que ces mouvements indécents et folâtres qui se font aux danses. […] Ce n’est pas qu’il soit défendu de se réjouir ; mais remarquez que toutes les fois que l’Ecriture parle de se réjouir, elle ajoute toujours : En Notre Seigneur.