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484. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Un homme d’esprit, rédacteur d’un journal3, en parlant de l’ouvrage intitulé des Comédiens et du Clergé, s’exprime ainsi : « Voilà des mots comme disait Fontenelle, qui hurlent d’effroi de se trouver ensemble. » Puis le journaliste ajoute : « Et pourtant ils ne sont pas aussi étrangers l’un à l’autre qu’on le pense. » L’éloquent Mirabeau, d’après Fontenelle sans doute, disait aussi que certaines expressions, hurlaient d’effroi, de se trouver accolées les unes aux autres. […] De nos jours même, nous en voyons quelques exemples, car plus d’un ministre du culte, abusant de l’ascendant que la religion lui donne sur les esprits faibles et crédules, accumule chaque année, par la voie de legs pieux en faveur de gens de mainmorte l, d’immenses richesses, dont la progression serait effrayante, si le gouvernement n’y mettait ordre. […] A quoi donc lui servit son génie et son esprit ? […] Cette volonté forte, en proie à ses propres caprices, ainsi qu’aux influences funestes de l’esprit de parti qui cherche à l’égarer, renferme toujours un germe de la destruction et toujours opère beaucoup plus souvent le mal que le bien.

485. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Le triste appareil de cette cérémonie est très conforme à l’esprit de son institution. […] Cette farce ridicule est destinée à faire voir le courage héroïque des saintes qui ont résisté constamment pendant leur vie aux attaques de l’esprit malin. […] Au commencement l’esprit fit tapage. […] On lui demande s’il est l’esprit de quelqu’un d’enterré dans l’église ; il répond oui. […] L’official, averti de ce fait, se transporta aux cordeliers ; et tout s’étant répété en sa présence, il ordonna qu’on visitât la voûte pour voir si l’esprit apparaîtrait.

486. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

C’est un homme d’esprit qui veut être plaisant, qui plaisante sur tout, quelquefois agréablement, le plus souvent grossierement ; avance des choses basses, frivoles, dégoûtantes, mêlées à tous momens de juremens, de propos de hales, de saillies, d’emportemens qui ne signifient rien, & n’ont ni sel ni agrément. […] Voilà ce qu’il faudroit corriger, plutôt que l’esprit de chevalerie ; & c’est cette malignité dont on donne des leçons, des modeles, des exemples On fait un mal très-réel, pour acquérir, dit-on, un chimérique bien.

487. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Rien en effet n’est plus opposé à l’esprit de pénitence, & ne met plus d’obstacle à la grace de l’indulgence. […] L’esprit de débauche, dangereux par-tout, l’est encore plus à Bordeaux qu’ailleurs, par l’affluence des étrangers, qui, aux foiblesses du pays, viennent joindre les vices des deux hémispheres & les passions brûlantes du nouveau monde. […] Le panégyriste est peu versé dans l’histoire, s’il l’ignore, ou peu sincere, s’il le dissimule Il peint de tous les temps les esprits & les mœurs  ; C’est-à-dire, il parle à tous les siecles des esprits & des mœurs de sa façon, pour ramener tout à la philosophie. […] Il y a en effet de l’esprit & des graces dans la gase légere dont il couvre les nudités sans nombre qu’il y étale. Un homme de cour, peu scrupuleux, qui a servi à tant de sortes de plaisirs, & qui lui-même y fut toujours livré, doit avoir par son caractere ou doit avoir acquis par son métier des manieres, une diction, un tour d’esprit qui répand les graces de la galanterie.

488. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Ainsi les bons esprits ne verront dans ces fêtes que l’occasion de faire le bien, ne rougiront pas d’y paroître, & la folie aura été du moins une fois d’accord avec la raison. […] ne sont précisément que des horreurs, & le résultat dans l’esprit des lecteurs n’est qu’un amas de crimes. […] Il y a une opposition innée dans tous les esprits entre les bonnes mœurs & le théatre. […] Il semble que Dieu nous ait donné les animaux, non-seulement pour nous servir, mais encore pour nous instruire : l’Esprit saint nous y ramene sans cesse ; mais ces modeles sont bien différens de la fable. […] On peut se passer de rien savoir, l’étude appesantit, éteint le feu naturel, émousse l’esprit, rend timide, desseche l’imagination, obstrue les veines de la poësie.

489. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Les autres pièces de Crébillon, écrites dans le même esprit, fourniraient une infinité de traits semblables. […] L’esprit d’indépendance conduit seul la main des assassins jusqu’au parricide le plus atroce. […] Quelle fureur de n’employer son esprit qu’à inventer ce que l’enfer peut vomir de plus noir ! […] Celui qui en adopterait l’esprit et les maximes ne serait ni bon citoyen ni bon Chrétien ; selon l’oracle de la vérité, un mauvais arbre ne peut porter que de mauvais fruit. […] Mais c’est une gaze légère qui enveloppe l’esprit mondain et prétendu philosophique, le plus opposé à celui de l’Evangile, et remplit l’imagination et le cœur de tout le poison du vice, à l’exemple de son maître et de son Mécène Voltaire.

490. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVI. De la présentation des Poëmes aux Comédiens ; de leur réception, & du choix de ceux qu’on joue dans les intervales. » pp. 8-11

La conduite des Comédiens envers les Auteurs, est si indécente qu’elle soulève tous les esprits.

491. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre II. Que les nouveaux Drames sont susceptibles de règles, ainsi que les autres Poèmes. » pp. 121-122

S’il est démontré que les Drames modernes sont remplis de difficultés, il est clair qu’ils éxigent des règles, un art inconnu du vulgaire qu’on ne peut se dispenser d’apprendre ; faut-il donner la torture à son esprit pour tirer cette conséquence ?

492. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seconde Lettre. De madame Des Tianges, À sa Sœur. » pp. 21-24

Celui de se conformer à ce goût général ; de conserver toujours une conscience sans reproche, un esprit sensé, une âme tendre, & de laisser quelquefois échapper au-dehors les apparences de l’étourderie & de la frivolité.

493. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXII. On vient à saint Thomas : exposition de la doctrine de ce Saint. » pp. 79-81

La question qu’il propose dans l’article second est à savoir s’il y a des choses « plaisantes, joyeuses : ludicra, jocosa » : qu’on puisse admettre dans la vie humaine ; « tant en actions qu’en paroles, dictis seu factis » : en d’autres termes, s’il y a des jeux, des divertissements, des récréations innocentes : et il assure qu’il y en a, et même quelque vertu à bien user de ces jeux, ce qui n’est point révoqué en doute : et dans cet article il n’y a pas un seul mot de la comédie : mais il y parle en général des jeux nécessaires à la récréation de l’esprit, qu’il rapporte à une vertu qu’Aristote a nommée eutrapelia De mor. 4. 14.

494. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

Un Peuple qui a mis long-temps son honneur dans la fidélité des femmes, & dans une vengeance cruelle de l’affront d’être trahi en amour, a dû fournir des intrigues périlleuses pour les Amans, & capables d’exercer la fourberie des Valets : ce Peuple d’ailleurs pantomime, a donné lieu à ce jeu muet, qui quelquefois, par une expression vive & plaisante, & souvent par des grimaces qui rapprochent l’homme du singe, soutient seul une intrigue dépourvue d’art, de sens, d’esprit & de goût. […] Tels sont les trois genres de Comique, parmi lesquels nous ne comptons ni le Comique de mots, si fort en usage dans la Société, faible ressource des esprits sans talens, sans étude & sans goût ; ni ce Comique obscène qui n’est plus souffert sur notre Théâtre que par une forte de prescription, & auquel les honnêtes-gens ne peuvent rire sans rougir ; ni cette espèce de travestissement, où le Parodiste se traîne après l’original, pour avilir, par une imitation burlesque, l’action la plus noble, la plus touchante ; genre méprisable, dont Aristophane est l’auteur. Mais un genre supérieur à tous les autres, est celui qui réunit le comique de situation & le comique de caractère ; c’est-à-dire dans lequel les Personnages sont engagés par les vices du cœur, ou par les travers de l’esprit, dans des circonstances humiliantes, qui les exposent à la risée & au mépris des Spectateurs.

495. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XI. De l’excommunication considérée comme injuste et par conséquent nulle, de la part des prêtres qui anathématisent les Comédiens, morts sans les secours spirituels de l’Eglise. » pp. 186-211

Cet orgueil démesuré, ce conflit d’autorité, cet abus de puissance est tout à fait contraire à l’esprit de notre sainte religion et à la volonté de notre législation. […] Elle voudrait en même temps pénétrer en France, elle cherche à y propager les mêmes principes, le même esprit, et y exciter les mêmes désordres. […] Ces ministres du culte, manquèrent de présence d’esprit.

496. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Elles prouvent le nombre des fainéants et leur goût pour la fainéantise, qui nourrit d’autres fainéants, qui se piquent d’esprit agréable, non d’esprit utile. Ils veulent exceller, mais dans des bagatelles ; ils travaillent avec esprit, c’est dommage que ce soit pour des choses si peu utiles.

497. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau s’écrie que l’esprit et le savoir ont seuls notre admiration. […] « Voilà l’esprit général de Molière, et de ses imitateurs. […] Un homme vertueux, plus sévère et plus véhément, sans aucun travers, sans aucune faiblesse, eût indisposé tous les esprits. […] Ils auront tant d’esprit que vous voudrez, jamais d’âme. […] Je dis plus : un seul trait qui dans une pièce décente réveillerait une idée obscène, indisposerait tous les esprits.

498. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Le second drame appellé la Centenaire, quoi qu’assez mal conçu, est mieux entré dans cet esprit, il est plus ingénieux dans le détail, c’est le revers de l’ombre de Moliere que l’auteur a voulu imiter ; celle ci, quoique peu de tems après la mort du poëte, suppose tous ses personnages morts comme lui, pour les avoir tous dans ses enfers, & les fait venir l’un après l’autre au tribunal de Pluton, accuser les critiques de Moliere, & par les réponses & le jugement du tribunal, fait indirectement la justification & l’éloge de l’accusé, ce qu’il fait souvent avec esprit. […] Un fils dénaturé, qui fait déclarer sa propre mere adultere, pour faire régarder ses freres comme illégitimes, & exclure ses neveux ; un Parlement assez lâche, pour prononcer un arrêt injuste & bisarte, puisqu’en la condamnant comme coupable, pour les autres, il assure qu’elle n’a été fidele que pour Richard, afin d’établir son droit au trône : une guerre sanglante contre la maison de Lancastre, dans laquelle y périt, son propre Général, qui le méprise, jusqu’à le trahir, & passe dans l’armée ennemie, pendant la bataille, ce qui la lui fait perdre ; il avoit de l’esprit, de la valeur, de la fermeté ; mais ses bonnes qualités sont effacées par ses crimes, les plus grands que l’Angleterre eût encore vu, toute accoutumée qu’elle y étoit. […] Il doit au contraire, selon les loix & l’esprit du théatre, être aux genoux de la reine des cœurs, & recevoir d’elle la couronne, comme une faveur. […] Chacun prit son rang, selon l’ordre des facultés ; le poëte fut introduit par le bedeau, & après avoir fait ses très humbles révérences, il harangua sur les trois Roses, avec tout l’esprit, la politesse, la dignité d’un Dramatique couronné par le premier acteur ; il pria l’assemblée de vouloir bien venir à sa piéce, de l’honorer de son respectable suffrage, qui ne manqueroit pas d’en imposer à ces incommodes siffleurs, & de décider du jugement de la république des lettres. […] Les inquiétudes, les allarmes, la dédicace, l’invitation solemnelle aux écoliers, du sieur du Rosoy, en faveur de Richard III & des trois Roses, représentées & sifflées à Toulouse, avoient sans doute leur principe dans la scéne bisarre qu’a donné depuis peu, à la comédie Françoise, un jeune auteur, homme d’esprit, mais metromane & scenomane singulier.

499. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

C’étoit un homme de beaucoup d’esprit, savant à l’Angloise, remuant, intriguant, homme de qualité, fort riche, sur-tout un libertin Philosophe, c’est-à-dire sans religion comme sont tous les Seigneurs Anglois, qui pour cette raison, fit manquer, ou du moins contribua beaucoup à faire manquer l’entreprise du fils du Roi Jacques pour remonter sur le Trône. […] Il tourne ce Prince en ridicule comme un petit esprit gâté par sa mere, & par son Confesseur, un bigot dont toute la religion consiste à avoir peur du Diable & de l’enfer (car pour lui, il ne les craint ni ne les croit), homme foible, fort borné, qui n’a pas voulu renoncer au Pape, &c. […] La vivacité de son esprit suppléoit à tout, au temps & au travail, &c. […] Le théatre nuit à tout ; du côté de l’esprit, il en détruit toutes les bonnes qualités. […] Chacune de ces confrairies a ses loix, ses usages, son esprit particulier ; toutes les histoires en sont pleines ; leur variété est infinie ; le détail en seroit inépuisable.

500. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « II. » pp. 9-11

D’où vient donc que ce qui saute aux yeux de tout le monde ne vous est point venu dans l’esprit ?

501. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  dénombrement du clergé de france avant et depuis la révolution.  » pp. 346-350

On a vu des souverains pontifes ambitieux, audacieux, employer la majesté de la religion et son crédit sur l’esprit des peuples, pour bouleverser des trônes et jeter le fer et la flamme parmi les nations ; la tiare voulait une autorité absolue sur le diadème des rois, et ses prétentions trouvaient des appuis dans tous les Etats de la chrétienté, où la cour de Rome compte des milliers d’ecclésiastiques qu’on peut considérer comme autant de généraux, ou de capitaines d’armées, qu’elle y fait stationner.

502. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE IV. Spectacles singuliers. » pp. 106-127

Mais comprend-on comment on pouvoit entendre les acteurs & la musique, voir les danses & les gestes, suivre le fil de l’intrigue, le dénouement de la piéce ; car pour les graces des actrices, l’architecture savante des boucles des cheveux, la fraîcheur du rein ; il faudroit un télescope de Londres, au milieu de cette cohue, de ce cahos qui étourdit, qui fatigue, qui assomme l’esprit, l’imagination, les yeux, les oreilles, & fait rire de l’adulation ; qui y trouve un sentiment délicat, & y admire l’éclat des talens & des arts ? […] Ces esprits appartiennent uniquement à la Réligion Judaïque, & à la Réligion Chrétienne. Ces esprits sont singuliérement remarquables par leur pureté, leur Réligion, leur zele ; c’est comme si l’on plaçoit les amours, les graces, Vénus à la crêche de Béthleem & sur le calvaire. […] Chaque peuple s’en est fait selon son génie, où même les hommes par les yeux & par les oreilles, comme par le cœur & par l’esprit.

503. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Il n’en fabrique pas le modèle, il le suit, & ce modèle est d’avance dans son esprit. […] Ajoûtez que la mesure, nous donnant successivement une dimension & puis l’autre, nous instruit lentement de la vérité des choses ; au lieu que l’apparence nous offre le tout à la fois, &, sous l’opinion d’une plus grande capacité d’esprit, flatte le sens en séduisant l’amour-propre. […] Toutes ces erreurs sont évidemment dans les jugemens précipités de l’esprit. […] La suspension de l’esprit, l’art de mesurer, de peser, de compter, sont les secours que l’homme a pour vérifier les rapports des sens, afin qu’il ne juge pas de ce qui est grand ou petit, rond ou quarré, rare ou compacte, éloigné ou proche, par ce qui paroît l’être, mais par ce que le nombre, la mesure & le poids lui donnent pour tel.

504. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

.° L'esprit de Dieu, par la bonté de sa nature, est d'une délicatesse infinie. […] Lorsque dans l'exorcisme on reprochait à l'esprit immonde d'avoir osé attaquer une Chrétienne, j'en ai le droit, répondit-il, je l'ai trouvée chez moi : « Justissime feci, in meo eam inveni. » Une autre femme vit en songe un suaire, et s'entendit reprocher le nom de l'Acteur qu'elle était allé voir jouer la nuit même qui suivit la comédie. […] Qu'y a-t-il de plus délicieux que l'amour de Dieu, le discernement de l'erreur, la révélation de la vérité, la liberté de l'esprit, la paix de la conscience, une vie pleine de bonnes œuvres, une mort sainte et tranquille ? […] Quelle doit être cette gloire que l'œil n'a jamais vu, l'oreille n'a point entendu, l'esprit de l'homme ne saurait comprendre !

505. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « Préambule » pp. -

J’ai consulté, outre les lumières de la plus longue expérience de mes doyens d’âge, les différents genres de traditions historiques, les écrits authentiques et les mémoires secrets, les anecdotes et même les arts et leurs productions ; j’y ai observé les hommes et le cours de leurs vertus, de leurs vices, de leur langage, de leurs actions, les variations des principes et de l’esprit des sociétés ou des cercles et coteries, en un mot, le mouvement de l’opinion et des mœurs. […] Il est vrai que depuis ce temps-là on a dit le plus éloquemment, et d’après l’expérience aussi, tout ce qu’il était possible de dire des effets du théâtre sur le cœur ; mais il me semble qu’il reste encore quelque chose à dire de ses effets sur la tête ; c’est-à-dire de l’influence de ses critiques vagues des personnes sur l’esprit et le jugement.

506. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

fut dans cet esprit de réduction que Valentinien, Valens, et Gratien par une Loi de l’an 372. « ordonnèrent que les jeux seraient seulement représentés dans les Villes où ils avaient été établis d’antiquité, » et défendirent de les transférer en d’autres lieux. […] ne les regardaient point, et s’émancipaient d’y contrevenir ; cela donna lieu à une Loi de Théodose le Jeune, et de Valentinien de l’an 425. « Elle porte de nouvelles défenses, de représenter aucuns jeux, soit du théâtre, soit du cirque le jour du Dimanche, et y ajoute les jours de Noël, de l’Epiphanie, de Pâques, les cinquante jours d’entre Pâques et la Pentecôte, et les Fêtes des Apostres, afin, dit cette Loi, qu’en ces saints jours, le Peuple n’étant point distrait par des plaisirs profanes, put appliquer tout son esprit au service de Dieu.

507. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Mais est-il moins vrai que deux esprits forts de ce rang & de ce caractere font, avec leurs Cours & leurs Ministres, peu d’honneur à la Philosophie ? […] Ils firent des conversions & des conquêtes, s’étendirent en Prusse, en Livonie, en Curlande, en Lithuanie ; de plusieurs domaines qu’on leur abandonna, ils formerent des commanderies, ils devinrent puissamment riches, ils en perdirent l’esprit de leur état, & voulant régner, ils se perdirent eux-mêmes. […] Il est doux pour moi de m’entendre flatter avec esprit & avec délicatesse. […] Voltaire n’étoit pas si complaisant ; aussi je l’ai chassé, & m’en suis fait un mérite auprès de Maupertuis : mais dans le fond je craignois son esprit caustique & intéressé ; un écu de moins par année m’auroit attiré mille coups de patte : d’ailleurs il est difficile que deux beaux esprits respirent le même air. […] L’esprit de liberté inséparable de leur principe ; la façon adroite de conserver leur avantage, & d’accuser leurs ennemis ; je me rappellois les actes quelquefois bizarres, mais pleins de vigueur des Parlemens d’Angleterre & de Paris ; je me décidois à sapper les fondemens de cette grande puissance, en la réduisant & le simplifiant autant que j’ai pu pour en être plus maître, on n’y est plus sûr de la couronne.

508. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XVIII. Autorité des loix. » pp. 45-47

Mais ce Pere sans s’émouvoir, disoit au contraire que l’esprit des loix étoit opposé aux Théâtres.

509. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Des Spectacles des Grecs. » pp. 3-6

Tout ce qui leur estoit propre & particulier & qui les distinguoit des autres, fut l’ouvrage & le soin des esprits de ce temps, qui composerent diverses Chansons à l’honneur de ce Dieu, & qui pour en mieux conserver la memoire voulurent faire d’annuelles representations de son combat auec le serpent, quoy que fabuleux : Mais ils y employerent tant d’industrie, qu’ils persuaderent enfin les Peuples, & qu’ils establirent parmy eux leurs imaginations pour des mysteres.

510. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

Si l’on considère le but de nos Spectacles, & les talens nécessaires dans celui qui sait y faire un Rôle avec succès ; l’état de Comédien prendra nécessairement dans tout bon esprit ; le degré de considération qui lui est dû.

511. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IV. Que les Danses sont défendues dans les lieux saints. » pp. 22-25

C’est la doctrine de Saint Antonin et de Sylvestre, sur l’autorité d’un Chapitre du sixième des Décrétales, où le Pape Grégoire dixième ordonne qu’on bannisse de tous les lieux consacrés à Dieu, et destinés au culte divin, tout ce qui peut troubler la paix des Divins Offices, causer de l’interruption dans les Prières, ou mettre quelque autre empêchement au repos et à la dévotion des Chrétiens ; et que l’on en éloigne toute sorte d’assemblées, et d’actions séculières, et profanes, afin que non seulement on ne pèche point dans les lieux où l’on vient demander la rémission des péchés ; mais qu’on y vaque encore avec quiétude d’esprit, et avec une application tranquille aux Exercices spirituels auxquels ces sacrés lieux ont été dédiés.

512. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XI. Les pères et mères perdent leurs enfants en les conduisant ou en leur permettant d’aller aux spectacles. » pp. 105-107

Ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir : ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, et les voilà corrompus dans le cœur et l’esprit pour tout le reste de leur vie.

513. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE III. Réflexions sur le renouvellement du Théâtre. » pp. 36-41

Pendant cette altercation le Public s’érigea en Juge ; et ne consultant, à son ordinaire, que son propre goût, il décida que le Théâtre était un soulagement nécessaire pour les esprits occupés, et une occupation décente pour les paresseux.

514. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

La Comédie, au contraire, pour être utile, & même pour n’être pas dangereuse, dans le siècle de l’esprit & du rafinement des voluptés, a bien une autre tâche à remplir. […] Qui lui donna la hardiesse de composer un Drame, chef-d’œuvre de l’esprit humain plus difficile, je ne dis pas à imaginer, mais à exécuter, que le Poème épique ? […] L’esprit, les sciences, les talens, les métiers étaient le partage des Esclaves & des Etrangers : le Citoyen Romain, brave, fier, était ignorant comme un Bernardin. Ce que j’avance est si vrai, que dans leurs repas, les Romains étaient obligés d’admettre des Esclaves pour faire la dépense d’esprit, dont on charge de nos jours les Petits-Collets. […] si quelque Romain avait eu assez d’esprit pour faire un Opéra-comique, quelle vogue !

515. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Le Saint Esprit y a répandu les parfums de sa grace, les pierres précieuses de ses dons, & vous y renfermez les pompes, les fables du Démon, les chansons d’une Comédienne. […] Le Démon remplit votre esprit toute la nuit de l’attente des plaisirs ; quand il vous montre ce que vous aviez tant désiré, il vous lie en esclave. […] Eussiez-vous assez de force d’esprit pour n’y commettre aucun péché, ce que je crois impossible, ne vous chargez-vous pas des péchés de tous ceux que vous y attirez par votre exemple ?

516. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Quand les Confreres de la Passion furent établis à Paris par Lettres Patentes, les Beaux Esprits travaillerent pour eux. […] Le Pastor fido, malgré la fatigue que cause sa longueur & son esprit, sut éblouir toute l’Europe. […] Quelques beaux Esprits de l’Italie, mortifiés de ce que les Tragédies Françoises, quoique mal traduites, étoient les seules qui paroissoient sur leurs Théatres, voulurent réparer l’honneur de leur Nation.

517. (1823) Instruction sur les spectacles « Préface. » pp. -

Pour lutter avec plus d’avantage contre le tourbillon de ces esprits légers pour qui le langagea de la religion est trop sublime, nous avons emprunté des armes, non seulement aux saints Pères et aux saints Docteurs de l’Eglise, mais encore aux incrédules des deux derniers siècles et aux auteurs dramatiques eux-mêmes.

518. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « LIVRE QUATRIEME. » pp. 1-3

Et y eût-il même par hasard quelque pièce dégagée de toute passion, ce qui ne doit pas être, puisqu'elle serait froide et mal accueillie, on ne devrait pas y aller, parce que du moins ce serait autoriser et entretenir des Comédiens, dont l'esprit, le dessein et le métier, est d'en remuer tous les ressorts, et s'exposer à être blessé tôt ou tard par ces mortels ennemis, surtout la jeunesse, dont le cœur neuf et facile est susceptible de toutes sortes d'affections, et se corrige si difficilement des mauvaises dont elle fut d'abord infectée.

519. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 3-4

) Il faut que je vous avoue, Messieurs, que j’ai longtemps considéré devant Dieu et balancé en mon esprit si je pouvais traiter ce sujet, et que plusieurs raisons, très bonnes en apparence, se sont présentées à mon imagination pour me dissuader de cette entreprise.

520. (1765) Apologie du théâtre français pp. 1-4

***  Et là le grand Corneille (Auteur incomparable) Pompeux dans ses écrits, sublime dans son art, Doit ici trouver place et prendre aussi sa part ; L’esprit ingénieux !

521. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

» : Esprit de paix, d’union, de tranquillité, et qui s’éteint en nous à mesure que les passions s’y allument. […] Les spectacles du Théâtre n’eurent plus rien qui ressentît les gens d’esprit. […] Durant le x. et le xi. siècle on ne vit presque en Occident, ni Poésie, ni aucune pièce d’esprit. […] Ils leur feront assez entendre l’horreur qu’un Chrétien doit avoir des divertissements, qui ne sont pas nécessaires pour délasser l’esprit et le corps. […]  : « la mauvaise coutume aveugle les esprits, et le silence trouve des protecteurs qui tâchent de défendre ce que nous voyons faire tous les jours.

522. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Thésée, dans le premier moment, dévoue son fils à la vengeance des Dieux et ce fils en devient la victime » ; il est certain que sur une pareille exposition tout homme tant soit peu raisonnable et vertueux frémira d’horreur et regardera Phèdre comme un monstre abominable : mais il changera d’avis après la représentation, parce qu’il verra dans Phèdre une femme malheureuse par sa passion, et chez qui la Vertu est presque aussi puissante que le Vice : elle est justifiée de la persécution qu’elle a fait essuyer à Hippolyte par ces vers où respire la Vertu : « Toi-même en ton esprit rappelle le passé. […] « Le savoir, l’esprit, le courage ont seuls notre admiration ; et toi, douce et modeste Vertu, tu restes toujours sans honneurs !  […] S’il vous faut absolument cette expérience pour justifier M. de Crébillon dans votre esprit, il sera peut-être plus aisé de justifier M. de Voltaire : vous paraissez un peu plus de ses amis, ou plutôt vous feignez de l’être. […] Je ne sais si j’avais un peu d’esprit alors ; mais il est bien certain que je n’avais pas le sens commun.

523. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Ce n’est que peu à peu, à mesure que l’esprit de frivolité et le goût du vice ont pris le dessus, qu’on a souffert, après bien des oppositions des voisins, et des gens de bien, que la folie et le scandale eussent des établissements fixes et des maisons publiques, où tout le monde fût reçu et invité à en aller prendre des leçons et voir des exemples. […] Dans l’oraison pro Quintio, parlant du fameux Roscius, son ami, homme dans le métier de Comédien aussi unique par sa vertu que par son talent, il fait son éloge avec autant d’esprit que de vérité. […] Louis, dit du Tillet, chassa de son royaume les Farceurs et Comédiens, comme une peste publique, capable de corrompre les mœurs de tous ses sujets. » Dupleix et Mézeray, qui le copie, disent sur Philippe-Auguste : « Ce Prince signala sa piété par l’expulsion des Comédiens, qu’il chassa de sa Cour, comme gens qui ne servent qu’à efféminer les hommes, flatter les voluptés, et remplir les esprits oiseux de chimères qui les gâtent, et à causer dans les cœurs des mouvements déréglés, que la religion et la sagesse nous recommandent si fort d’étouffer. […] Ce qui m’étonne, c’est que les apologistes du théâtre moderne aient été assez peu instruits, ou assez peu de bonne foi, pour confondre ces objets, et ne pas voir par les dates même des lettres patentes et des arrêts qu’ils citent avec tant de confiance, que ces titres ne peuvent appartenir à des hommes nouveaux, si différents de ceux qu’on a voulu autoriser, qu’ils ne peuvent au contraire que proscrire des gens si opposés à l’esprit et aux vues religieuses qui les firent accorder.

524. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Un Ecclésiastique, quoique Ecolier, y est bien déplacé : y prend-il l’esprit de son état ? […] Cependant on peut dire, pour justifier cette indulgence, que l’Eglise regarde de plus près aux qualités des Ministres qu’elle admet, que des Ministres déjà reçus, qu’un refus ne fait pas autant de tort qu’un châtiment, que la privation de tout privilège clérical est une plus grande punition que la simple exclusion, qu’on exclut pour de simples défauts de corps ou d’esprit, qui ne sont point de péchés, et que des bouffons, tels qu’ils étaient dans ce siècle, qui amusaient les passants dans les rues, étaient moins pernicieux et moins coupables que des Comédiens et Comédiennes de profession qui passent toute leur vie à exciter par toute sorte d’artifices les passions les plus criminelles : métier si opposé au christianisme, que d’autres canons appellent cette espèce d’hommes des apostats et des démons. […] L’époux et l’épouse, quoique tous deux Comédiens, n’en prennent pas le titre, qui aurait pu jeter des ombrages dans l’esprit du Curé. […] Voilà mon Saint-Denis, oui c’est là que j’adore Ton esprit et ton cœur, tes grâces, tes appas…. » Le même Auteur (Lettre 23 sur les Anglais) parle ainsi d’une fameuse Actrice de Londres : « On a trouvé mauvais que les Anglais aient enterré à Westminster (leur Saint-Denis) la célèbre Comédienne Oldfield, avec les mêmes honneurs qu’on a rendus à Newton.

525. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Bouhours, par le jugement avantageux qu’il semble en avoir fait dans le Monument qu’il a dressé à sa mémoire, où après l’avoir appellé par rapport à ses talens naturels2, Ornement du Théâtre, incomparable Acteur,   Charmant Poëte, illustre Auteur, Il ajoute pour nous précautionner contre ses Partisans & ses admirateurs, & pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux Gens du Monde,   C’est toi dont les plaisanteries Ont gueri des Marquis l’esprit extravagant. […] Mille de ces beaux traits, aujourd’hui si vantés, Furent des sots esprits à nos yeux rebutés.

526. (1777) Il est temps de parler [Lettre au public sur la mort de Messieurs de Crébillon, Gresset, Parfaict] « Il est tems de parler. » pp. 27-36

En effet, ce sont des gens, la plupart sans études, sans connoissances, sans esprit ; & l’axiome reçu ne mo dat quod non habet, a lieu ici plus que jamais. […] Revenons à notre objet, puisqu’il est tems de parler, & disons que la conduite de ces Messieurs & ces Dames envers les Éleves du Parnasse est si indécente, qu’elle souleve tous les esprits.

527. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Je dirai au sujet de la coutume la plus usitée par ces diverses Nations, qu’un homme d’esprit m’a soutenu qu’il était plus naturel & selon les règles de réduire les Drames en général au nombre fixe de trois Actes. […] Ce dernier pas fait, ils pourraient bien s’élever d’une aîle rapide jusqu’à la hauteur infinie de six Actes, où jamais n’atteignit l’esprit humain.

528. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « Avertissement de l’Éditeur, En forme de Table des Matières. » pp. 7-16

Détruisons donc l’opposition dont je viens de parler, avant de construire des Théâtres, sans quoi ce serait une inconséquence de plus : Mais si nous parvenons enfin à la conciliation, en prenant l’esprit tolérant de l’une, & donnant aux autres la majesté, la sagesse & la décence dignes de la première Nation de l’Univers, alors quon élève un Théâtre somptueux comme le Palais des Rois*. […] Le véritable esprit de notre Religion ne condanne pas le Spectacle en lui-même, puisqu’il l’admet dans le culte de la Divinité : « L’expérience nous apprend qu’il faut des Spectacles pour attacher le Peuple : une Religion dépouillée de tout appareil extérieur ne peut ni l’affecter ni l’instruire : les Protestans ne s’apperçoivent que trop aujourd’hui des inconvéniens d’un culte trop décharné. » Apol. de la Rel.

529. (1666) Lettre à l’auteur des Hérésies Imaginaires et des deux Visionnaires « [Chapitre 2] » pp. 1-7

Pourquoi voulez-vous que ces Ouvrages d’esprit soient une occupation peu honorable devant les hommes, et horrible devant Dieu ? […] Encore faut-il que l’esprit se délasse quelquefois.

530. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  AVERTISSEMENT. DU LIBRAIRE. » pp. -

La raison & la Religion, à qui il sera toujours cher, l’ont dicté ; & tout esprit fait pour entendre & suivre l’une & l’autre, ne peut se refuser à l’évidence de vos principes, & à la justesse des conséquences.

531. (1603) La première atteinte contre ceux qui accusent les comédies « A Monseigneur de Nemours » pp. -

Un jour que dans l’humide plein Phœbus allait reprendre haleine, Et chasser de son œil riant La nuit de ceux qui n’ont lumière Que lors qu’il finit la carrière Qui leur commence l’Orient ; Je vis au séjour qui bannit les vices, Et au Paradis des esprits, Une lumière de merveille, Une Musique nonpareille, Qui environnait ce pourpris.

532. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « III. Si la comédie d’aujourd’hui est aussi honnête que le prétend l’auteur de la Dissertation. » pp. 5-9

Mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ; et vous, qui vous dites Prêtre, vous le ramenez à ses premières erreurs.

533. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  piété et bienfaisance d’un comédien.  » pp. 365-370

La reine, mère de Louis XIV, le cardinal Mazarin et le chancelier Séguier, se faisaient un plaisir d’exercer l’esprit de cet enfant.

534. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIII. Première et seconde réflexion sur la doctrine de Saint Thomas. » pp. 82-84

Mais afin que la conclusion soit légitime, il faudrait en premier lieu qu’il fût bien certain, que sous le nom d’« histrions », Saint Thomas eût entendu les comédiens : et cela, loin d’être certain, est très faux ; puisque sous ce mot d’« histrions », il comprend manifestement un certain joueur : joculator, qui fut montré en esprit à saint Paphnuce, comme un homme qui l’égalait en vertu.

535. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XXI. Les spectacles condamnés par les auteurs profanes anciens et modernes. » pp. 179-182

nous récréons notre esprit par la méditation de leur scélératesse !

536. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Orner le poignard dont on égorge la victime, faire boire son sang dans une coupe dorée, mettre sous les yeux les chefs-d’œuvres de barbarie si vantés de Corneille, de Crébillon, ce n’est qu’en émousser les répugnances, étouffer les remords du crime, & répandre l’esprit de cruauté. […] avec les plus grands applaudissemens ; on en a donné plusieurs représentations gratis ; la ville l’a fait imprimer, & l’a répandu par-tout ; on y a mêlé plusieurs chansons, de la façon du poëte, à l’honneur du Roi, de la Reine, de Monsieur, de Madame, de tous les Princes & Princesses ; on les a apprises par cœur, toutes les rues en ont retentit : ce qui, joint à l’illumination générale & aux cris, vive le Roi, vive la Reine, vive Monsieur, vive Madame, a satisfait la nuit & le jour les yeux, les oreilles, le cœur & l’esprit des bons Angevins, à l’honneur du portrait de ce Prince. […] Ce chef-d’œuvre universel de l’esprit humain, ou plutôt ce chef-d’œuvre du vice languit après la mort de Catherine, jusqu’au cardinal Mazarin, qui, à la gloire de son pays ; non à l’honneur du clergé, lui donna le plus grand éclat. […] Il fut appellé par un jeune roi qui lui fit de grands honneurs : mais pourquoi dissimuler qu’Hyparque ne le voulut à sa cour que comme Néron vouloit à la sienne Pétrone, qui avoit beaucoup plus d’esprit & de talens qu’Anacréon, sur la réputation de son libertinage, pour y être le directeur de ses plaisirs ? […] L’Abbé de Boismont, célebre Académicien, homme de beaucoup d’esprit, prêchant l’Oraison funebre de Louis XV devant l’Académie, disoit en même-temps à la gloire de la nation : Nation qui se donne toutes les chaînes qu’on ne lui montre pas, qui supplée par son dévouement tout le pouvoir qu’on ne lui fait pas sentir, qu’il serait honteux d’opprimer, parce qu’on est toujours sûr de le séduire.

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