Cet incomparable Docteur met encore ailleurs les Comédiens en parallèle avec les femmes de mauvaise vie, qu’on sait bien ne pas devoir être entretenues dans leurs désordres.
René Benoist Angevin, Docteur en Theologie & Curé de S. […] Troisiesme Edition Augmentée du Catechisme des Peres & Docteurs de l’Eglise, Paris, Pierre de Breche père et fils et Mathurin et Jean Henault, 1646, (7 ff.) 726 p. + tables + 48 p. […] Collet, Prêtre de la Congrégation de la Mission et Docteur en Théologie, Paris, Les Libraires associés, 1764, 2 vol. […] Par feus Messieurs de Lamet et Fromageau, Docteurs de la Maison & Société de Sorbonne, Paris, Jean-Baptiste Coignard Fils et Hippolyte-Louis Guérin, 1733, 2 vol. ; tome premier, (2 ff.) […] Par feu Messire Jean Pontas, Prêtre, Docteur en Droit-Canon de la Faculté de Paris, & Sous-Pénitencier de l’Eglise de Paris.
« Je me sens accablé, dit-il dès la deuxième page, par un torrent de passages, de Conciles et de Pères, qui depuis le premier jusqu’au dernier ont tous fulminé contre les spectacles, et ont employé la ferveur de leur zèle, et la vivacité de leur éloquence pour en donner une si grande horreur aux fidèles, que les consciences faibles et timorées ne veulent pas même qu’il soit permis d’en disputer, et traitent de pernicieux et de relâchés, les Docteurs qui ont l’indulgence de les tolérer. » I. […] , « qu’il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, et qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à des Docteurs propres à satisfaire leurs désirs.
Voltaire, le docteur à la mode, qui fait quelquefois montre de bel esprit, aux dépens du jugement, auroit embouché la plus bruyante trompette, & crié, du ton de son frere Sourdis, dans le Poëme de la Pucelle, Français rougissez de honte, & voyez les judicieux Anglois mettre au nombre de leurs législateurs, un de ces héros que vous condamnez à l’infamie, on l’auroit cru, ou auroit vu suppliques & mémoires présentés au Roi, pour obtenir qu’il fit ouvrir l’Eglise & le Palais aux comédiens, & donner à la nation le glorieux avantage de les compter au nombre des Magistrats & des Chanoines : le Parlement auroit fait des remontrances, le Clergé des mandemens, les arrêts & les excommunications du vieux tems paroîtroient habillées à neuf, les Avocats du bon ton feroient imprimer des factums, les beaux esprits chamailleroient en prose & en vers ; les Gaffés de Paris, & les antichambres de Versailles fairoient passer la cause des foyers aux boutiques, & des boutiques aux halles. […] Les tenants de cette erreur insoutenable, sont un parti puissant ; les littérateurs en sont les chefs, distribués en petites sociétés, dont chacune se donne pour le public & croit l’être, ils présentent leurs opinions d’un ton décisif, qui leur est propre ; elle fait fortune à la capitale & dans les provinces, où les Académies menacent de devenir aussi nombreuses que l’étoient jadis les confréries ; ce public en mignature fait du théatre un nouveau collége de docteurs, qui consacrent leurs talens à l’instruction publique ; & la nation doit gémir de l’aveuglement du peuple, du préjugé du Clergé, de l’opiniâtreté des magistrats, pour qui ces respectables pédagogues sont toujours des comédiens. […] C’est le Régistre de la Cour de Paphos, & des Tribunaux des Dames du tems des Trouvadours ; le Marquis, comme de raison, y obtint d’une voix unanime le dégré de Docteur in utroque.
On chassa ces Docteurs prêchant sans mission : On vit renaître Hector, Andromaque, Illion ; Seulement les Acteurs laissant le masque antique, Le violon tint lieu de chœur et de musique. […] Je n’ai vu dans ce goût que les deux comédies de la Femme Docteur, et du Saint dévalisé, composées par un Jésuite contre le Jansénisme, et leur critique par un Janséniste. […] Paul, des Docteurs, des Prophètes, des Apôtres ; jamais il n’a envoyé des Comédiens.
Le vrai, tout-puissant, juste et miséricordieux Seigneur du ciel et de la terre veuille ouvrir les yeux aux disciples des jésuites, pour leur faire connaître de quel esprit leurs docteurs sont poussés: fortifie et confirme en la profession de sa sainte parole tous ceux qui l’aiment de conscience non feinte.
Cyprien appelle, magistros & doctores non erudiendorum, sed perdendorum puerorum , des Maîtres & des Docteurs plus propres à perdre & à corrompre la jeunesse qu’à l’instruire & à la bien élever ; quels Chrétiens contre lesquels l’Ordonnance de Charles IX. […] Ce grand Docteur y raconte que les Stoïciens voulant tourner en ridicules les Epicuriens, & les charger de la haine publique, pour avoir voulu établir le souverain bien de l’homme dans les plaisirs du corps, avoient depeint dans un grand tableau, la volupté assise sur un trône fort élevé, donnant la loy & les ordres à toutes les vertus qui étoient prosternées à ses pieds, comme de viles esclaves toûjours disposées à luy obeïr aveuglement, virtutes famula subjiciuntur, observantes ejus nutum, ut faciant quod illa imperaverit . […] Augustin, confident de ses debauches & de son libertinage, mais ensuite compagnon de sa penitence, & de sa conversion : Ce grand Docteur raconte luy-mêmeS. […] rien de plus fort que ce qu’un cœur contrit & humilié a fait dire à ce grand Penitent, à ce grand Docteur, à ce grand Evêque & à ce grand Saint ; & je crois qu’il n’y a ny Saint, ny Evêque, ny Docteur, ny Penitent qui n’entre dans ses sentimens, ou qui ose dire le contraire, rapiebant me spectacula theatrica plena imaginibus miseriarum mearum, & fomitibus ignis meiL. 3. confess.
» Il est nécessaire qu’on sache que ce Saint Docteur n’entend pas parler des Comédies, telles que les dépeignent les Conciles et les Pères, et telles qu’on les représente encore aujourd’hui, ou comme nous l’avons déjà dit, on ne voit qu’intrigues de mariages, ou d’amourettes et que des paroles équivoques, qui ne tendent qu’à exciter, ou à entretenir les passions les plus déréglées et les plus honteuses. […] » C’est l’exception que ce saint Docteur mit à la règle générale qu’il vint d’établir.
Je ne sçai ce qu’il entend par l’Eglise : il y a peu d’apparence que les Prélats & les Docteurs approuvent qu’on consulte les Laïques, au mépris de leurs Reglemens, & dans la démarche que vous faites, que vous méritiez leurs suffrages.
Enfin la manière dont les Docteurs ont expliqué ces Canons ne nous laisse aucun doute sur ce sujet, et nous convainc, qu’encore qu’il n’y soit parlé que de spectacles en général, il faut néanmoins comprendre la danse dans ces prohibitions, puisque aucun d’eux ne l’en a jamais exceptée, et qu’ils n’ont jamais douté qu’elle n’y fût comprise.
Un Chef ou Président pour le Roi, ou pour le Sénat ; un Substitut du Lieutenant Général de Police, ou du Magistrat qui a l’inspection du Gouvernement intérieur de la Ville ; deux Docteurs de la Faculté de Théologie ; deux Poètes de Théâtre, d’un âge mûr et en état de juger des Pièces, et un ou deux anciens Comédiens.
Ce savant Docteur suppose comme certain, ce qu’il a déjà prouvé dans la Question 87, art. 2, que ce sont des gens méprisables par leur état, la bassesse de leurs sentimens, & souvent par la corruption de leurs mœurs, qu’on peut regarder avec autant de mépris que les filles prostituées ; & que ce qu’ils ont gagné par leurs farces est un bien mal acquis. […] Que des ignorans, disoit le grand Bossuet, viennent maintenant nous opposer Saint Thomas, & faire d’un si grand Docteur, un souteneur de la Comédie !
Défense du Traité de M. le Prince de Conti, touchant la Comédie et les Spectacles : Ou La Réfutation d’un Livre intitulé, Dissertation sur la condamnation des Théâtres, par le sieur de Voisin Prêtre, Docteur en Théologie, Conseiller du Roy. […] Ce saint Docteur dit la même chose en expliquant le verset 37. du Psaume 118. « Averte oculos meos, ne videant vanitatem.
JE soussigné Prêtre Docteur en Theologie, Curé du Bourg de Guilloriere les Lion, & Promoteur General de l’Archevêché dudit Lion, ai lû avec plaisir de l’ordre de Monseigneur le Chancelier, Les Sermons composéz & prechéz par le R.
Cela posé, il est inutile d’examiner les sentiments des autres docteurs.
Je finis, Monsieur, en vous réitérant ma satisfaction de votre Lettre, malgré toutes les censures privées et publiques : ente autre, celle d’un Ecrivain fort connu et de beaucoup d’esprit, qui s’est adressé une Lettre d’un Poète Anglais, auteur de plusieurs Poésies dramatiques qu’il abjure entre les mains d’un Ministre Anglican, savant Docteur, et également habile médecin, puisqu’il le guérit sur le champ de tous ses scrupules, en lui apprenant que ses Pièces de Théâtre sont à peine connues, et qu’elles tomberont bientôt dans un entier oubli.
Il est vrai que ce célebre Docteur dit que la Comédie est licite en elle-même ; mais on sait que le Théâtre de son temps* ne ressembloit en aucune maniere au nôtre**.
Je ne veux point examiner la force de ce raisonnement que je renvoie à nos Docteurs de Médicine, il me suffit de dire que Luceïa et Galéria ne furent jamais deux Comédiennes ni Tragédiennes, car les troupes des Comédiens et des Tragédiens n'avaient point de femmes qui parussent sur la Scène, et n'employaient pour en représenter les personnages que de jeunes hommes, comme nous voyons dans Plutarque un jeune homme raillé par le Chorague ou l'Entrepreneur des Jeux, de ce que représentant une Princesse, il ne voulait pas venir sur le Théâtre, sans avoir beaucoup de femmes à sa suite ; « An melior cum Thaïda sustinet, aut cum Uxorem Comœdus agit, vel Dorida nullo Cultam palliolo, mulier nempe ipsa videtur.
docteurs graves pour l’enseigner ! […] Il y a même des prix fondés, comme dans les Académies, pour celui qui y fera les plus heureuses découvertes, bien-tôt on y donnera le degré de Docteur, la licence y est déjà établie ; la morale y est toûjours aussi corrompue, les choses saintes aussi peu respectées.
Térence et Virgile n’en sont pas quittes à meilleur compte avec ce saint Docteur, qui plaint les hommes de son siècle d’être réduits à puiser la pureté de leur langage dans ces sources empoisonnées ; quoique d’ailleurs il convienne que les paroles sont en elles-mêmes comme des vases riches et précieux ; mais qu’on boit souvent le vin corrompu dans ces coupes d’or.
Quoique les spectacles ne soient pas toujours mauvais, et qu’ils ne soient pas de leur nature contraires à la vertu ; les Pères de l’Eglise, et les saints Docteurs, ne les ont jamais néanmoins permis, ni les jours des Fêtes, ni au temps qui est destiné pour la pénitence, parce que les Canons les défendent en ces jours : et comme dit saint Ambroise, ce serait une témérité insupportable et une désobéissance criminelle, si le peuple faisait des actions qui sont défendues, ou dans l’Ecriture sainte, ou par les Constitutions des Papes, ou par les Lois Ecclésiastiques, et les Canons.
Peres & aux Docteurs de l’Eglise. […] Docteur ? […] Docteur sur ce sujet, dans son épitre 43. […] Ecoutez J.C., votre Docteur & le mien, c’est lui-même, qui va vous instruire & vous répondre. […] Docteur, le desir que j’ai de votre salut, doit-il donc être le sujet de votre indignation ?
On chassa ces Docteurs préchant sans mission, On vit renaitre Hector, Andromaque, Ilion Des Preaux, Art Poëtique, Chant III., p. m. 203.
C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donné à l’Eglise, pour ses Docteurs.
Ce saint Docteur examine d’abord, dans l’Homélie 15. au peuple d’Antioche cette question, si c’est un péché d’aller à la Comédie, par ces paroles : « Plusieurs s’imaginent qu’il n’est pas certain que ce soit un péché de monter sur le Théâtre, et d’aller à la Comédie : mais quoiqu’ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir que l’on prend aux spectacles des Comédies, produit l’impudence, et toutes sortes d’incontinences.
Arétin donnoit à son docteur le tiers du profit ; ce docteur, voyant sa supériorité, en voulut davantage. […] Il fallut que l’Arétin travaillât seul, & on s’apperçut bientôt du vuide que laissoit l’absence de son docteur dans ses derniers ouvrages.
C’est pourquoi nous en appellerons au témoignage non-seulement des pasteurs et des docteurs de l’Église, mais encore à celui des plus grands écrivains, des plus célèbres littérateurs, de ceux-là même qui ont le plus travaillé pour le théâtre. […] » Venons maintenant aux prélats et aux docteurs de l’Église.
elle se prend de cette maxime incontestable, & de cette décision reçûë de tous les Docteurs, que c’est déja un peché grief, que de s’exposer volontairement & de gayeté de cœur, à commettre un peché. Je ne m’arrêteray pas même à vous convaincre de la verité de ce principe, que personne ne peut contester, aprés l’Oracle du Saint-Esprit, que quiconque cherche le peril, y perira immanquablement, & aprés le sentiment de tous les Docteurs, que de rechercher une occasion, où l’on commet ordinairement le crime, c’est être dans le dessein de le commettre.
Le goût du masque est porté si loin, que dans la plupart des pieces comiques il y a quelque déguisement entre Acteurs qui fait le nœud ou le dénouement de l’intrigue ; c’est un amant déguisé en Valet, en Soubrette, en Paysan, en Peintre, en Médecin, en Musicien, en Danseur ; un Valet déguisé en Marquis, en Usurier, un Etranger, en Sergent, en Docteur ; une Soubrette déguisée en Vieille, en Baronne, en Marchande, en coquette, &c. […] Il y en a plusieurs dont le visage est toujours masqué, comme Arlequin Scaramouche, qui se travestit dans son rôle, Arlequin Cartouche, Arlequin Docteur, Empereur, &c.
Elle se prend de maximes incontestables, & de cette décision reçûë de tous les Docteurs, que c’est déja un peché grief, que de s’exposer volontairement & de gayeté de cœur, à commettre un peché. Je ne m’arrêteray pas même à vous convaincre de la veritê de ce principe, que personne ne peut contester, aprés l’Oracle du Saint Esprit, que quiconque cherche le peril, y perira immanquablement, & aprés le sentiment de tous les Docteurs, que de rechercher une occasion, où l’on commet ordinairement le crime, c’est être dans le dessein de le commettre.
C’est un homme qui persévère dans l’infamie de son art, « in artis sua dedecore perseverat » ; un maître, un docteur pour perdre les jeunes gens, « magister doctor perdendorum puerorum » ; il enseigne ce qu’il a appris par des crimes, « quod maledidicit insinuat ». […] Ne dirait-on pas que cet éloquent Docteur a vu ces frivoles et pernicieuses apologies du théâtre qu’on a fait de nos jours ?
Il suffit de vous dire, mes Frères, avec tous les Docteurs de l’Eglise, que le Théâtre est le foyer de l’amour profane, l’école du libertinage, l’empire de la volupté, et conséquemment l’écueil de l’innocence ; mais je ne veux que votre propre témoignage, que l’aveu de votre propre cœur, pour constater ces vérités. […] L’Evangile, les Apôtres, les Conciles, les Pères, les Docteurs, tous les Saints ont frappé d’anathème quiconque fréquente les Théâtres.
C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donnez à l’Eglise, pour ses Docteurs, >§.
Je crois que l’on pourrait faire de bonnes Pièces Françaises, où l’on aurait soit un Arlequin, un Scapin ; soit un Pantalon, un Docteur ; soit un Scaramouche, un Mézetin, un Trivelin ; j’en dis autant des Acteurs des Parades : on vient de voir avec plaisir, dans le Tableau-parlant, Isabelle, Colombine, Cassandre, Léandre & Pierrot.
Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus chrétiennes de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette manière de corriger les hommes pouvait avoir un jour l’approbation des docteurs et qu’il fût permis de juger de la bonté d’une âme par le nombre des auteurs que sa plume aurait décriés, je réponds, de l’humeur dont je le connais, qu’on n’attendrait point après sa mort pour le canoniser.
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude.
Examinez (le cas est assez important) les principes et les raisons de ces illustres Docteurs de l’Eglise, et voyez si elles ne portent pas autant sur les comédies d’à présent que sur celles de leurs temps, est-ce contre l’idolâtrie seule et les impudicités manifestes qu’ils tonnent le plus ?
On se récrie fort dans le monde contre cette morale : et l’on attribue à de faux préjugés le zèle chagrin de ces docteurs qui croient qu’on ne peut assister à ces spectacles profanes sans péché.
« Or, pour savoir si cette idée peut s’allier avec celles des spectacles, il suffit d’examiner ce que c’est que le spectacle ; il suffit de remarquer, avec Tertullien, que c’est une assemblée d’hommes mercenaires, qui, ayant pour but de divertir les autres, abusent des dons du Seigneur, pour y réussir, excitent en eux-mêmes les passions autant qu’ils le peuvent, pour les exprimer avec plus de force : il suffit de penser, avec saint Augustin, que c’est une déclamation indécente d’une pièce profane, où le vice est toujours excusé, où le plaisir est toujours justifié, où la pudeur est toujours offensée, dont les expressions cachent le plus souvent des obscénités, dont les maximes tendent toujours au vice et à la corruption, dont les sentiments ne respirent que langueur et mollesse, et où tout cela est animé par des airs qui, étant assortis à la corruption du cœur, ne sont propres qu’à l’entretenir et à la fortifier : il suffit de comprendre que c’est un tableau vivant des crimes passés, où on en diminue l’horreur par la manière de les peindre : il suffit de considérer, avec tous les saints docteurs, que le théâtre est un amas d’objets séduisants, d’immodesties criantes, de regards indécents, de discours impies, animés toutefois par des décorations pompeuses, par des habits somptueux, par des voix insinuantes, par des sons efféminés, par des enchantements diaboliques.
D’ailleurs ce serait donner un grand avantage aux libertins, qui pourraient tourner en ridicule, à la Comédie, les mêmes choses qu’ils reçoivent dans les Temples avec une apparente soumission, et par le respect du lieu où elles sont dites, et par la révérence des personnes qui les disentc Mais posons que nos Docteurs abandonnent toutes les matières saintes à la liberté du Théâtre, faisons en sorte que les moins dévots les écoutent avec toute la docilité que peuvent avoir les personnes les plus soumises : il est certain que de la doctrine la plus sainte, des actions les plus Chrétiennes, et des vérités les plus utiles, on fera les Tragédies du monde qui plairont le moins.
Le premier moyen par lequel l’Auteur de la Lettre prétend le prouver, est parce que ce grand Docteur dit,2æ. 2æ. q. 168. […] Passons à l’Article suivant, où ce saint Docteur paraît si favorable à la Comédie, qu’il dit que l’office des Baladins, « qui a pour but de donner aux hommes de la récréation, n’est pas illicite par lui-même ; que ces sortes de gens ne sont point en état de péché, pourvu qu’il gardent la modération, et qu’ils n’emploient aucune parole ni aucune action qui ne soit permise. »l Je pourrais d’abord me servir de la réponse que l’Auteur a apportée pour se délivrer de l’autorité de Salvien, qui disait qu’on ne pouvait pas se ressouvenir de ce qu’on avait vu à la Comédie, sans en ressentir des impressions de mort dans l’âme : qu’apparemment ce saint homme n’en parlait pas par experience, et qu’il n’allait pas aux Spectacles dont il portait un pareil jugement. […] Il est permis à Edme Couterot, Marchand Libraire à Paris, de faire imprimer, vendre et débiter un Manuscrit qui a pour Titre, Réfutation d’un Écrit qui favorise la Comédie, par le P. de la Grange Docteur en Théologie ; pendant le temps de six années : Et défenses sont faites à tous autres de contrefaire ladite Réfutation, à peine d’amende, confiscation des Exemplaires, et de tous dépens, dommages, et intérêts ; comme il est contenu plus au long audit Privilège. […] Mais il relativise en effet l’autorité de Tertullien et Cyprien en s’appuyant sur l’argument de l’idolâtrie : « [...]ce saint Docteur [saint Cyprien] ne condamne pas absolument les Danses, les Chants, les Opéras et les Comédies, mais seulement les Spectacles qui représentaient les fables en la manière lascive des Grecs et des Romains, et qui se célébraient en l’honneur des Idoles. » (ibid.
Le plaisir est le véritable relâchement de l’esprit humain, comme le repos, dit Saint Thomas9 dans sa Somme, l’est à l’égard du corps fatigué, de sorte que selon ces principes, la Comédie qui est entre les divertissements un des plus grands en soi, séparée de toutes circonstances, n’est point une chose mauvaise, selon ce Saint Docteur au même endroit article 3. « La profession des Comédiens, dit-il10 , qui a pour but le divertissement des hommes n’est point de soi illicite et mauvaise. […] Il faut remarquer que saint Thomas écrivait de ce temps-là, et que ce Prince prenait ses avis en beaucoup de choses, comme il est marqué en la Vie de ce saint Docteur, qui est au commencement de ses Ouvrages60 : où il est dit que « saint Louis avait une estime toute particulière de sa personne et de sa doctrine ; et autant que les guerres étrangères des Sarrasins le lui pouvaient permettre, il s’est toujours servi des conseils très solides de ce saint Docteur ». […] Si l’on examine même de près l’objection que l’on a déjà citée, l’on verra que ce saint Docteur n’a jamais approuvé les Comédiens dans la pratique ordinaire : car dans cette objection il se propose de montrer que l’excès du divertissement peut être sans péché.
Voisin, Prêtre, Docteur en Théologie, Conseiller du Roi. […] reprenoit le saint Docteur, vous croyez-vous donc invulnérable, Et tu putas non posse lædi ? […] Thomas, & de quelques autres Docteurs très-respectables : c’est-là le plus fort de leurs retranchemens. […] Paul Rulfo, Docteur & Professeur en Théologie au Séminaire de Novarre. […] Il en résulte que ce Protestant étoit persuadé que l’universalité morale de nos Docteurs les condamne.
Ce même Saint Docteur s’explique encore plus clairement ailleurs, en disant que ce desordre est mauvais de sa nature : 2. 2.
Ajoutez à cela tous les Ministres de l’Eglise, Pasteurs, Confesseurs, Prédicateurs, Docteurs, &c.
Or combien que lui et tous les autres saints docteurs aient eu beau prêcher, si n’ont-ils su tant faire qu’il ne nous en soit bien demeuré des vestiges et reliques lesquelles nous avons retenues par les désirs que nous avons des choses mondaines et séculières, qui nous sont plus plaisantes et agréables que la pureté, intégrité, et simplicité de notre religion, comme est la coutume de donner et planter des arbres le premier jour de Mai, de donner les étrennes au premier jour de l’an, qui ne serait pas paraventure mauvaise chose sinon qu’en ce faisant nous suivons la mauvaise coutume des Gentils, et comme eux donnons plutôt à ceux qui n’en ont aucun besoin qu’à ceux qui ont indigence.
Toute adoucie qu’étoit cette décision, elle causa le plus grand scandale ; sur-tout quand on découvrit que c’étoit un Docteur en Théologie, un Religieux d’une Communauté très-Réguliere qui l’avoient portée. […] De là il passe au conte de je ne sçai quel Curé de Campagne, son Confesseur, dit-il, très-ignorant & très-ridicule, qui lui avoit refusé l’absolution pour avoir composé des comédies : Il n’y a là ni ridicule ni ignorance, que dans celui qui blame une conduite si sage ; mais dont il avoit calmé les scrupules, par la lettre de son docteur.
Pour prévenir l’abus, pasteurs dignes d’être éclairés (par un si habile docteur), assistez-y, présidez-y vous-mêmes (soyez le roi du bal, menez la danse, c’est une fonction pastorale) qui doit plaire à votre zele (car tous les curés doivent aimer la danse) ; que ce soit une fête publique (cette fête n’est pas dans le calendrier : l’Abbé, habile rubricaire, l’y fera mettre.) Après avoir traité en casuiste très-profond, il monte dans la chaire de la Faculté, & discute en physicien & en médecin : car il sait tout, le Docteur aux bagatelles, il parle de tout du ton le plus magistral.
Il est fort plaisant de voir ce vertueux docteur blâmer l’obscénité de Rabelais, Bocace, l’Arioste, Grecourt, &c. tandis qu’il copie & embellit de sa poësie érotique leurs traits les plus licencieux. […] Une ombre enfin, un phantome fourré, Docteur profond, des mortels révéré, Mais préferant la Pucelle au Breviaire, Apporte ici l’infernal exemplaire.
Cet Auteur, à la tête d’une foule de Docteurs dont Pascal dans ses Provinciales demandoit s’ils étoient Chrétiens, distingue les pieces de théatre, où le spectateur ne cherche ni ne trouve ni plaisir criminel, ni danger de péché, telles que peuvent être quelques pieces de Collège, dont même je ne serois pas garant. […] Cet homme célèbre, qui pense bien quand il pense par lui-même, pour mettre à profit la lecture & l’étude immense des Casuistes, qu’il fit toute sa vie, à l’imitation d’Escobar, qui, quoique très-exact dans ce qu’il donne de son fonds, s’est acquis une réputation de relâchement qui a passé en proverbe, parce qu’il a traité d’une maniere problématique les questions de morale, rapportant les raisons & les autorités pour & contre, & abandonnant chacun à sa conscience sur le parti qu’il doit prendre, Diana a fait une espèce de répertoire de toutes les opinions des Théologiens, même les plus relâchés, & de toutes les preuves qui peuvent les étayer, ce qui répand sur tout un ait d’incertitude, & un ton de scepticisme ou de probabilisme dangereux, & d’autant plus dangereux qu’il est partisan de la probabilité, & décide en conséquence contre son propre sentiment sur l’opinion de quelque Docteur.
Un pere qui reçoit son fils prodigue, un voyageur qui soulage un homme blessé par des voleurs, un pasteur qui cherche une brebis égarée, un riche qui refuse l’aumône aux pauvres, un pharisien & un publicain qui prient dans le temple, n’ont rien de contraire à la nature, il arrive tous les jours des faits pareils : mais un chat qui parle, une belette qui raisonne, des souris qui tiennent conseil, sont rire les enfans mêmes à qui on donne des pareils docteurs. […] L’opposition de la Sorbonne aux divers membres de ce corps célebre, dont les décisions sont des oracles dans la République des Lettres, cette opposition n’est ni nouvelle, ni douteuse, Chacune de ces compagnies a sa religion, ses docteurs, ses titres & ses grades. […] Avoir composé des pieces de théatre c’est avoir droit au bonnet de docteur, sur-tout si la nouvelle philosophie en a dicté les sentences.
Voici le docteur, dit ce Monarque (c’est ainsi qu’il appelloit ordinairement le Prélat) il nous décidera ce point. […] Il la traite en Evêque, c’est-à-dire, en Docteur & en juge. […] A project for the advancement of religion, and the reformation of manners ; by Dr.
Pierre parlant des idolâtries, les appelle illicites (ajoutant cet épithète pour amplifier, non pour distinguer :) ce docteur-là conclut, que puisque il y en a, que l’Apôtre appelle illicites, il y en a donc aussi de licites, et que partant toute idolâtrie n’est pas condamnée, et qu’il y en a une licite, à savoir celle qui est en l’Eglise Romaine : Et c’est la seule réponse, que ses défenseurs peuvent faire à tant de milliers de témoignages que nous alléguons, tant de l’Ecriture, que des Pères Anciens, contre les Idoles, et les Idolâtres ; à savoir qu’ils se doivent tous entendre des idoles des Païens ; Si donc on veut dire, que les passages des anciens, contre les Comédies et Tragédies, ne se doivent entendre, que de celles, qui se jouaient entre les Païens, qui nous empêchera de faire même distinction, entre la paillardise Païenne, et la Chrétienne ? […] » Ce sont les propres mots de Salvien Evêque de Marseillelib. 6 cu , qui impute tous les malheurs, qui de son temps accablaient une partie de la France, à telles impuretés, et dissolutions : et tant s’en faut, qu’on l’appelât Docteur de nouveauté, ou fantasque ; que Gennadius, Suidas, Trithemiuscv, et autres, l’appellent le Maître des EvêquesSozom. li. 5 c. 16 cw . […] Mais pource que outre les autres brocards, on nous appelle aussi Docteurs de nouveauté, adonnés à notre sens, etc., faut voir, si nous sommes les premier auteurs de cette opinion, prétendue nouvelle, ou si nous sommes seuls en l’erreur que l’on nous attribue ; et si nous ne saurions repousser les exemples, dont on fait bouclier, par d’autres aussi authentiques : Ci-dessus nous en avons déjà produit quelques-uns ; et combien qu’après avoir ouï Dieu parler en l’Ecriture, il soit superflu, d’ouïr les témoignages des hommes ; toutefois, afin de satisfaire aux plus difficiles, et à ceux, qui écoutent plus volontiers les hommes que Dieu ; nous en amènerons encore quelques autres.