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366. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE III. Réformation de l’Abbé de Blesplas. » pp. 55-81

C’est ainsi qu’à Rome, à Naples, à Florence, &c. on a fait des règlemens de police pour les lieux publics, où l’on tolère les femmes de mauvaise vie. […] Gautier vient de donner un très-bon livre : Vies des Empereurs Tite, Antonin, & Marc-Aurèle. […] Mais s’il corrompt si rapidement un étranger qui ne fait que passer, quel affreux ravage fait-il dans le citoyen qui y passe sa vie ? […] Nos filles ont si bien joué, disoit Madame de Maintenon à Racine, qu’elles ne joueront plus de leur vie.

367. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

On nous donne pour vraisemblable, dans le Maître de déclamation, le dessein qu’à un Marquis d’embrasser la vie comique, & d’aller jouer les valets en province. […] un Empirique arrive et se fait fort de les rendre à la vie, pourvu que le public déclare qu’il est content d’eux. […] Tous ces aiguillons de luxure excitent leurs sens, exaltent leurs têtes, augmentent en eux l’envie de mal faire, sans leur ôter le goût d’une vie molle et oisive. […] Peu importe que vous soyez tenté encore de m’accuser de tomber dans l’hyperbole, que vous riez de l’expression trop franche ou trop énergique de mon zèle ; je pense qu’en exposant vous-même, vos enfans à périr par des accidens très-possibles, à se gâter l’esprit, le jugement & le goût, à perdre leurs mœurs, à subir toutes les peines et tous les malheurs attachés à une vie déréglée, ce seroit de votre part, monsieur, non-seulement renoncer à la qualité de guide et de pere, mais devenir leur propre corrupteur et leur assassin.

368. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Hubert qui est plein de vie, et qui a renoncé au Théâtre depuis longtemps, pour passer le reste de ses jours dans des exercices continuels de piété, soit qu’il demeure dans la solitude de Suresnes, où il mène une vie d’Anachorète peu différente de celle de MM. les Directeurs du Mont Valérien, ou des Ermites ; soit qu’il demeure à Paris, où il édifie son prochain par sa charité et par son assiduité à sa Paroisse ; et par le sacrifice qu’il a fait de son fils unique au service de Dieu et de l’Eglise : afin que ce fils achève de réparer dans la sainteté de son état ce qui aura échappé à la pénitence du père. […] On se persuadera bien de pouvoir accommoder la passion pour la Comédie, avec une vie réglée selon les maximes du monde ; mais avec une vie pénitente, avec une solide et austère piété, avec des sentiments véritablement Chrétiens, il n’y a point de Théologien qui l’ait cru ni dit avant vous. […] Cela ne doit pas nous surprendre, le triomphe des passions était réservé à la Religion Chrétienne ; tout son but est de les calmer, de les abattre, de les mortifier, et de les détruire autant qu’on le peut en cette vie. […] Les Comédiens en sont assez persuadés eux-mêmes par l’éloignement qu’ils trouvent souvent dans le commerce de la vie : car y a t-il un honnête Bourgeois qui voulût s’allier à une famille Comédienne ? […] De manière que sans le crédit qu’ils entretiennent parmi la Bourgeoisie par leurs billets de gratis pour l’Amphithéâtre, on pourrait dire que leur vie hors du Théâtre serait bien solitaire.

369. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

La sainteté de la Religion que nous professons, ne demande pas seulement l'application de notre cœur à l'adoration du vrai Dieu seul, tout puissant et infiniment jaloux de sa gloire, et la soumission de notre esprit à la croyance de ses mystères incompréhensibles ; mais elle exige encore de notre devoir une pureté de vie qui ne soit corrompue ni par le dérèglement des actions, ni par la licence des paroles. […] Je ne veux pas examiner si ces Jeux Scéniques étaient les mêmes qui se nommaient Floraux sous le premiers Rois, s'ils furent de nouveau donnés au peuple, ou seulement renouvellés, s'ils furent célébrés en l'honneur de Flore, qu'ils estimaient la Déesse des Fleurs, ou de cette fameuse Débauchée de même nom, qui devint si riche par sa mauvaise vie, qu'elle osa faire le Peuple Romain son héritier ; ni si l'ignorance ou la perte de tous leurs Acteurs par cette prodigieuse maladie, ou par quelque autre malheur les obligea de recourir à leurs voisins.

370. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Mais dans cette rigueur qu'ils exercèrent contre eux, ils ne comprirent jamais les Atellans, les Comédiens, ni les Tragédiens ; ceux-ci furent toujours bien estimés et bien reçus des Magistrats les plus puissants, des personnages les plus illustres, et de tous les gens d'honneur ; l'excellence de leurs Ouvrages, la beauté de leurs Représentations, et l'honnêteté de leur vie qui les distinguait des autres Acteurs, leur fit recevoir un traitement bien dissemblable ; et c'est en quoi presque tous les Ecrivains des derniers siècles se sont abusés. […] engagés aux Jeux Scéniques, par la faiblesse de leur sexe de recourir à la bonté de l'Empereur, pour être restituées en leur premier honneur et bonne renommée, quand elles voulaient retourner à la pratique d'une vie honnête, ce qui témoigne assez que l'infamie ne s'était point étendue sur les Comédiens ni sur les Tragédiens, parce que les femmes n'y jouaient point, et que ces Acteurs étaient bien plus modestes et plus estimés que tous les Mimes et Bouffons de ces Jeux, on leur eût bien plus facilement accordé cette grâce, et cette loi ne les eût pas oubliés s'ils avaient été compris en celle dont la sévéritél.

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