Le Grand Maître de cette Ecole est le célèbre Molière, lequel après avoir tant aimé le Théâtre durant sa vie, a eu le malheur d’y mourir misérablement. […] On voit que Dom Juan ne veut se lier nulle part, il se moque du mariage ; il prétend passer sa vie à dresser continuellement des pièges à l’innocence des filles qui lui plaisent, les cajoler, et en abuser. […] Encore vingt ou trente ans de cette vie ; et après cela nous songerons à nous. […] Pour corriger leur vie et régler leur raison, Les Chrétiens ont l’Eglise, et non pas le théâtre, dit M. l’Evêque de Grasse. […] Racine, c’est qu’il suffit du désaveu que cet illustre Auteur en fait par sa conduite, et du regret qu’il a d’avoir perdu tant de temps à une occupation si indigne d’un Chrétien, ce qui fera toute sa vie le sujet de sa pénitence.
Je demeurerois plûtôt aveugle toute ma vie, que d’être condamné à fixer toujours le soleil. « Je ne trouve pas, dit Montagne, grand choix entre ne sçavoir que mal dire, ou ne sçavoir que bien dire. » Pourquoi donc passer la moitié de sa vie à limer un ouvrage ? […] C’est l’héroïsme qui fait préférer à Bajazet une mort certaine au Thrône Ottoman ; à l’un des fils de Mithridate, une chûte honorable, aux avantages qui ont séduit son frere ; à Clitemnestre, la vie d’Iphigenie à la ruine de Troye, & à la grandeur d’Agamemnon ; à Andromaque la main de Pirrhus, & la mort au salut de son fils.
De la suprématie de la puissance séculière sur la puissance ecclésiastique ; des erreurs et des crimes du clergé et des anathèmes fulminés par les conciles contre les prêtres et les séculiers qui attentent à l’autorité et à la vie des souverains ah. […] 5° « Anathème terrible contre quiconque osera violer le serment fait aux rois, et contre ceux qui attentent contre leur autorité et contre leur vie. […] 8° « Si quelqu’un par esprit d’orgueil et d’indépendance s’élève contre la puissance royale, dont Dieu même est l’instituteur, et qu’il refuse d’obéir sans vouloir se laisser convaincre par la raison et par la religion, qui lui prescrivent une obéissance entière, qu’il soit anathème. » Concile de Tours, an 1583, can. 1. » Il est impossible de condamner plus canoniquement ceux qui attentent à l’autorité et à la vie des rois, soit que les coupables appartiennent à l’ordre ecclésiastique, ou à l’ordre séculier.
Car enfin le but de l’Opera est d’émouvoir les passions : & le but de la Religion Chrêtienne au contraire est de les calmer, de les abattre & de les détruire autant qu’il est possible en cette vie. […] Car nôtre plus grand desir doit estre, à l’imitation de l’Apôtre, de sortir de cette vie, & de souhaiter d’estre unis à Dieu. Or nous devons trouver nos delices dans l’accomplissement de nos desirsa Vous voulez passer toute vôtre vie dans les délices ? […] Troisiémement, parce que saint Macaire l’ancienb le condamne par ces mots : « Si par l’oüie toute seule on pouvoit entrer dans le Roïaume du Ciel & dans la vie éternelle sans peine & sans travail, ceux qui se divertissent aux spectacles du theatre, & ceux qui menent une vie impudique, y auroient bonne part. […] Introd. à la vie devote p. 3. c. 33.
Lors que des hommes inutiles & dangereux à l’Etat & à la Religion, n’ayans point d’autres métiers pour vivre que celuy de divertir le genre humain, ont faits des spectacles publiques pour representer la vie & les plus memorables actions des Heros & des Heroines de l’antiquité payenne, non pas tant pour reformer les mœurs des peuples, que pour tromper & divertir les faineans. […] Quoy, l’on verra l’histoire de leurs vies mêlée d’intrigues d’amour & d’incidens de galanteries, & representée par des vers qui expriment & émeuvent les passions d’une maniere si forte & si douce, qu’en faisant les portraits de ces saints & de ces saintes, ils font paroître avec éclat leurs petites foiblesses, & obscurcissent leurs plus grandes vertus. […] Ces Heretiques qui étoient les sectateurs des anciens Nicolaïtes, & qui étoient si dereglés & si voluptueux, qu’ils auroient mieux aimés renoncer à la vie, qu’au plaisirs, soûtenoient qu’il n’y avoit rien de mauvais dans tous les spectacles des Gentils qui put offencer la Religion chrétienne ; & voicy la raison qu’ils en donnoient, au rapport de Tertullien. […] QVand je considere l’état d’un Chrétien je trouve que tout ce qu’il y a de plus grand & de plus inviolable dans sa profession, l’oblige à une parfaite innocence de vie, & à une eminente sainteté de mœurs. […] D’où il arrive que la mort & la vie entrent dans l’ame par les fenêtres, c’est à dire par les sens du corps.