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58. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Le vrai Tragique règne, lorsqu’un homme vertueux, ou du moins plus vertueux que vicieux, est victime de son devoir, comme le sont les Curiaces ; ou de sa propre faiblesse, comme Ariadne & Phèdre ; ou de la faiblesse d’un autre homme, comme Philoctète ; ou de la prévention d’un Père, comme Hippolyte ; ou de l’emportement passager d’un frère, comme Camille ; qu’il soit précipité par un malheur qu’il n’a pu éviter, comme Andromaque ; ou par une sorte de fatalité à laquelle tous les hommes sont sujets, comme Œdipe ; voilà le vrai Tragique ; voilà ce qui nous trouble jusqu’au fond de l’âme & qui nous fait pleurer.

59. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  PRÉFACE. » pp. -

Enfans chéris des neuf Sœurs, il est encore sur la terre un Pithon éclos de la fange ; sage moteur de tant de merveilles, dont le séjour impénétrable n’est ouvert qu’aux humains vertueux, lance du haut de l’Olimpe tes carreaux brûlans sur cette tête audacieuse.

60. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatrième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 28-32

C’est avec cette créature qu’ils goûtent tous leurs plaisirs : ceux d’une union légitime sont devenus sans piquant & sans saveur ; ils ne sont plus connus que d’un petit nombre d’honnêtes gens, assez heureux pour avoir rencontré de ces femmes rares tendres sans fadeur, plus propres que magnifiques, belles sans hauteur, caressantes sans importunité ; qui, faites pour le plaisir, sont aussi réservées & plus vertueuses que les froides.

61. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IIbis. Autre suite du Fard. » pp. 61-89

Vit-on jamais le pinceau dans les mains d’une femme vertueuse ? […] Entr’autres choses il lui donna trois filles, les plus belles du pays : speciosiores, ou selon un autre texte les meilleures, c’est-à-dire les plus vertueuses, meliores. […] Il n’y a point de ces merveilleux citoyens, qui tout occupé de son miroir & de son Baigneur n’aime mieux être paré que vertueux, & voir la Republique renversée que sa chevelure derangée : Mavult comptior esse quàm honestior, & Rempublicam turbari quàm comam. […] S’ils sont assez vertueux pour lui prêter une oreille attentive, s’ils lui tendent la main pour la faire asseoir à côté d’eux sur leur trone, les Courtisans ne lui permettent d’en approcher qu’en habit de Cour.

62. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Il voulut que chaque année on donnât cette somme & une couronne de roses à la fille de la Paroise que les habitans jugeroient la plus vertueuse. […] Il se rendit chez cette vertueuse fille, & la conduisit à l’église, comme un pere mene sa fille à l’autel pour la marier. […] Toutes les filles aspirent à la gloire de la couronne, & s’efforcent de la mériter par leur sagesse ; les garçons aspirent tous au bonheur d’épouser la fille vertueuse qui sera couronnée : pas un ne pense à séduire les jeunes villageoises ; ce seroit l’en rendre indigne, & se rendre lui-même indigne de l’obtenir. […] Le nombre des filles vertueuses est plus grand que ne pensent, & le monde, & le théatre : ils ne les croient rares qu’en jugeant sur celles qu’ils voient.

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