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25. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Il vaudroit bien mieux nous dire les vices dont elle a purgé la terre, & les vertus qu’elle a fait pratiquer. […] Les vertus de la postérité n’ont pas justifié la prédiction. […] L’honneur qu’il en veut faire, non à la vertu, l’oseroit-il ? […] La haine du vice, le respect pour la vertu, l’amour de l’ordre y brilleroient inutilement. […] Je désespere de la République, si elle distribue ces récompenses de la vertu aux talens des vicieux.

26. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

Mais cette qualité de Roman qu’il donne à vos écrits en exclut-elle la Vertu ? […] Que les Spartiates s’opposassent à ce qu’on dît du bien des femmes et qu’on fît l’éloge de leur Vertu, on pourrait en conclure que la Vertu des femmes leur était assez indifférente, tout aussi bien que vous en concluez que leur silence sur la Vertu de leurs femmes était un hommage qu’ils lui rendaient. Pourquoi donc préconisaient-ils le courage et les autres Vertus de leurs Héros, s’ils croyaient le silence plus honorable que la louange ? […] L’assemblage parfait de toutes les vertus, Est l’objet des soupirs de nos cœurs abattus. […] Aimer une femme vertueuse comme Zaïre à l’excès, c’est aimer la Vertu comme on doit l’aimer : inspirer cet amour par ses ouvrages, c’est établir dans tous les cœurs l’amour de la Vertu.

27. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Il pensa bien differemment dans la suite ; encore même dans la Préface de Phedre reconnoît-il une partie de la vérité ; & son fils, élêve de ses dernières années, où il avoit embrassé la piété, lui rend dans ses remarques un hommage sincère & funeste, qui farde le vice & défigure la vertu, école pernicieuse qui en donne & des leçons & des modèles ! […] Racine & les tragiques font excuser les vices & aimer les vicieux ; Moliere & les comiques font mépriser la vertu & hair les gens vertueux. […] Melpomene, toujours avec les grands, les ménage & flatte jusqu’à leurs vices ; Thalie vit avec les petits, se mocque d’eux, & méprise jusqu’à leurs vertus. […] Dieu a fait à l’homme une grande grace, de lui donner une pudeur naturelle qui inspire l’horreur du crime & en éloigne, & une estime, un penchant, un respect pour la vertu, qui nous réunit avec ceux qui la pratiquent. […] Le vice perd-il, la vertu gagne-t-elle dans des sentimens si peu justes ?

28. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Votre inflexible dureté lasse et rebute leur tendresse ; ils ont beau se souvenir que vous êtes leur père, si vous oubliez qu’ils sont vos enfants, le vice l’emportera sur la vertu, le mépris dont vous vous chargez étouffera le respect qu’ils vous doivent. […] L’auteur, par une autre inconsidération, pour tirer parti du ridicule d’une vertu chimérique, s’est mis dans le cas de paraître se moquer de l’antique bonne foi, de la probité à toute épreuve, et lui préférer la bonne foi conditionnelle, la probité accommodante et vénale, à laquelle nous sommes parvenus, grâce aux plaisanteries outrées qui ont été faites contre l’exacte et austère vertu, à la satisfaction des fourbes polis, souples et raffinés dont le nombre a grossi ensuite plus librement et domine aujourd’hui partout. Cette pièce devait parfaitement concourir avec celle du Tartufe à la décadence des mœurs, par la raison encore que dans celle-ci on soulève de fait les vices, on leur donne des armes contre la vertu qu’ils ne ménagent point, et que dans le Misantrope on prescrit à la vertu de ménager les vices, de les supporter en silence, vu qu’ils sont unis à l’humaine nature ; de vivre d’accord, par conséquent, avec les fourbes, les fripons, les scélérats même. […] La guerre injuste qu’il a faite ici à la vertu, ainsi que la guerre inconsidérée qu’il fit au vice dans le Tartufe, a été continuée par d’autres maîtres en fait de cette arme, qui, à son imitation, ont sabré aussi les hommes vertueux, sous le même prétexte qu’ils ne l’étaient pas avec perfection…… Ces éplucheurs de vertus ressemblent parfaitement aux spadassins qui cherchent des occasions de ferrailler, et qui, pour un oui, pour un non, mettent l’épée à la main1. […] Ils pardonnaient tous les crimes, pourvu qu’ils fussent revêtus de formes aimables ; le seul crime impardonnable était le ridicule, et le plus grand des ridicules était la vertu, etc.

29. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Nous aurions sans doute une belle catégorie de vertus, si elles étaient de la façon de ces Messieurs-là ! […] N’est-ce pas d’accréditer le vice et de décrier la vertu ? […] et s’étend fort sur les avantages de la vertu et de la régularité. […] « O vertu ! vertu !

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