Ici on se trompe l’un l’autre, en appliquant des idées différentes à ce qu’on se dit.
Le mal de la Comédie, qu’on ne s’y trompe pas, ne se renferme pas dans le cercle étroit des Acteurs & des Actrices.
ne voyons-nous pas que ce sont des empiriques qui nous trompent ?
Vous n’y voyez qu’un exemple continuel de libertinage, de perfidie et de mauvaises mœurs ; des femmes qui trompent leurs maris, des enfants qui volent leurs pères, d’honnêtes bourgeois dupés par des fripons de Cour. […] La raison en est, si je ne me trompe, que les sujets communs sont presque entièrement épuisés sur les deux Théâtres ; et qu’il faut d’un côté plus de mouvement pour nous intéresser à des héros moins connus, et de l’autre plus de recherche et plus de nuance pour faire sentir des ridicules moins apparents. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que l’éloignement où nous tenons les femmes de tout ce qui peut les éclairer et leur élever l’âme, est bien capable, en mettant leur vanité à la gêne, de flatter leur amour-propre. […] Mais quand la lumière sera plus libre de se répandre, plus étendue et plus égale, nous en sentirons alors les effets bienfaisants ; nous cesserons de tenir les femmes sous le joug et dans l’ignorance, et elles de séduire, de tromper et de gouverner leurs maîtres. […] Si je me suis trompé dans l’exposition que j’ai faite de leurs sentiments (d’après leurs ouvrages, d’après des conversations publiques où ils ne m’ont pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la Trinité ni à l’Enfer, enfin d’après l’opinion de leurs concitoyens, et des autres Eglises réformées) tout autre que moi, j’ose le dire, eût été trompé de même.
Vous vous trompez.