/ 356
98. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

On pourrait aussi examiner si la passion d’amour, telle qu’on la représente dans cette Tragédie, c’est-à-dire dans un degré ordinaire, peut fonder une grande action : mais, sans entrer dans ce détail, je me contenterai de dire, qu’une action tragique de cette nature (malgré la supériorité avec laquelle Racine l’a traitée) ne peut inspirer que des maximes dangereuses, pour apprendre à métaphysiquer sur une passion, dont les suites peuvent aisément devenir funestes. […] Il n’y a que la corruption du siècle qui ait pû faire tolérer, sur la Scène, la passion d’amour traitée de la manière dont elle l’est dans Mithridate.

99. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

C’est que, dans cette entreprise, un Ecrivain se trouve d’abord arrêté par des obstacles qui mortifient son amour-propre ; car, d’un côté, des personnes pieuses regardent comme un crime, la seule proposition de faire absoudre les Comédiens par l’Eglise ; & de l’autre, les trois quarts des Spectateurs traitent de ridicule, le soin que l’on prend de justifier leur plaisir : de façon que cette défense est, aux yeux des Dévots, un attentat ; & aux yeux des Gens du monde, un pédantisme. […] Que la Comédie, telle qu’elle a été traitée par Moliere, est suffisamment bonne pour les mœurs ; à plus forte raison depuis les sages réglemens qui ont été introduits. […] Il est des matieres qu’il n’est pas permis à tout le monde de traiter ; mais on croit, au sujet du rapport des actions à Dieu, que le rapport continuel des actions les plus indifférentes, comme le jeu de cartes, de dez, conduit à une spéculation que bien des esprits ne sont pas capables de supporter.

100. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Cette matiere estant des plus délicates, des plus embarrassées, & des plus agitées, je la traitera y avec tout ce qui me sera possible d’éclaircissement & d’application. […] Si tous les theatres estoient dressez avec les intentions, conduits par les soins, & avec les precautions de ces hommes également scavans & vertueux, il n’y auroit point de censure à craindre ; mais la difference de ces Comedies, & de la pluspart de celles qu’on represente dans le monde, est si evidente, qu’on ne peut les traiter de la mesme maniere, que par la plus injuste & la plus dangereuse des confusions. […] Le Concile de Latran défend d’imprimer les Livres qui traitent des choses saintes, s’ils ne sont examinez & approuvez par les ordinaires, ou par leurs deputez, il excommunie & les Auteurs & les Imprimeurs qui entreprennent, ceux mesmes qui debitent & qui lisent les Livres qui ne sont pas approuvez. Le Concile de Trente renouvelle cette Ordonnance dans la Session 4. où il traite de l’edition & de l’usage des Livres sacrez. […] L’Auteur ne traite le sujet que par divertissement.

101. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Lettre d'un théologiena Monsieur, Je m’étais toujours défendu de vous donner par écrit mon sentiment sur la Comédie, et j’avais tâché d’éviter ce coup, en vous apportant pour excuse et la délicatesse de la matière, et le peu de capacité de celui qui la devait traiter ; mais je ne puis plus tenir contre l’obstination et l’importunité de vos prières (si jamais cependant un Ami tel que vous est capable d’importuner) et pour vous guérir de la crainte scrupuleuse où vous estes que votre conscience ne soit intéresséeb dans les Ouvrages de votre esprit, je passe aujourd’hui par dessus ces deux difficultés, voulant bien m’exposer en votre faveur à ne pas répondre à la haute idée que vous avez conçue de mon peu de mérite, et m’engager pour vous tirer de peine, dans une des plus difficiles, mais des plus curieuses Questions qu’un Théologien puisse traiter. […] , et moins je sais à quoi me déterminer : à peine ai-je trouvé quelque tempérament en faveur de la Comédie dans les Scolastiques, qui presque tous sont d’avis de lui faire grâce, que je me sens accablé par un torrent de Passages des Conciles et des Pères, qui depuis le premier jusqu’au dernier, ont tous fulminé contre les spectacles, et ont employé la ferveur de leur zèle et la vivacité de leur éloquence pour en donner une si grande horreur aux fidèles, que les consciences faibles et timorées ne veulent pas même qu’il soit permis d’en disputer, et traitent de pernicieux et de relâcher, les Docteurs qui ont l’indulgence de les tolérer. […] Ne croyez pas que j’ai envie de vous les rapporter tous : outre que j’aurais plutôt fait de vous citer toute la Bibliothèque des Pèresl, ces matières délicates traitées hardiment dans une langue qui souffre tout, ne pourraient se rendre dans la nôtre sans blesser les oreilles tant soit peu chastes, et je me contenterai de vous laisser à connaître ce qu’ils en ont dit de fort, par ce que je vous choisirai dans leurs écrits de plus faible. Salvien se défendait d’en rien dire, par la peine qu’il aurait eue d’en parler… « Qui pourrait traiter, dit-il« Quid enim integro, etc. » lib. 1. de gub. […] , que ce n’est pas ma Lettre qui est excessive, mais la matière que je traite qui n’a point de bornes.

102. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Quelque autre usant d’Ironie Comique, dira : « Puisque je traite des Comédies et Tragédies, il me doit être permis, de commencer par exclamations Tragiques, etc. […] Augustinlib. 6 de baptis. cap. 6 n , « Apportons les balances divines des Ecritures Saintes, du trésor du Seigneur, pour y peser ce qui est pesant, ou léger ; ou plutôt, n’y pesons rien, ains reconnaissons ce que le Seigneur même y a pesé. » Es jeux Comiques ou Tragiques, faut considérer deux choses : Premièrement le sujet, ou la matière, qui y est traitée : Secondement, l’appareil ou la manière dont on les joue. […] Il serait trop long, et hors du centre de notre question de discourir comment, et pourquoi les Chrétiens peuvent, ou doivent lire les fables des Poètes, et autres écrits Païens ; et cette matière a été traitée exprès, par ce grand S.  […]  » Il traite cette matière exprès ailleursDe spectac. […] Son disciple Lactance, précepteur d’un fils de l’Empereur Constantin, traite la même question, et y donne la même résolution.

/ 356