Voici un trait sur les Italiens qui a échappé à leur Historien. […] Voici quelques traits pris au hasard qui feront juger de ce livre. […] Il faudroit copier tout le livre, si on vouloit rapporter tous les traits qu’il lance sur les Actrices. […] Voici un trait qui caractérise les mœurs & la religion de ce dernier. […] Le Courier d’Avignon (déc. 1767, Beziers.) rapporte un autre trait de dévotion comédienne.
Ce sont des traits qui confondent les méprises, font le triomphe de l’Auteur comique. […] Ce trait sur le Théatre, qui devoit trouver place dans les éloges ou dans les critiques de Fenelon, a également échappé à ses censeurs & à ses panégyristes. […] Ce trait de satyre contre les Rois passe le blasphême poëtique. […] La moitié du Théatre de Moliere est suranné, la moitié de ses traits sont perdus. […] Double désordre de s’être permis des détails licencieux, & d’avoir donné des pieces dont la constitution demandoit des traits licencieux.
Je ne puis m’empêcher de remarquer un trait du génie de Molière, qui, à mon avis, mérite l’applaudissement des connaisseurs. […] du Fresny est une Comédie, à mon avis, des plus instructives : il ne s’agit que d’amour dans toute la Pièce, mais on n’y trouve aucune de ces Scènes de tendresse si communes dans les Comédies de ce siècle, et dont le poison est si dangereux pour la jeunesse, qui n’étant pas, ou ne voulant pas être sur ses gardes, l’avale à long traits : on n’y voit que l’excès de la passion. […] Ariste qui donne de si bonnes Leçons aux Maris trop faibles pour leurs femmes, dans la conversation qu’il a avec son frère Chrisale, n’est pas un trait bien surprenant pour les gens du métier ; mais que Molière, pour conserver le caractère de Chrisale qui molit et qui tremble devant sa femme, ait trouvé le moyen de lui faire dire à sa femme même tout ce qu’un mari ferme par raison peut et doit dire en pareil cas, et cela par l’organe d’une autre personne telle que Martine : c’est un trait de génie incomparable, et je ne me souviens pas d’en avoir vu de pareil ni avant ni après Molière. […] Malheureusement les Poètes ont pris un autre chemin, qui sans contredit s’éloigne infiniment du but de la farce, et qui cependant réussit quelquefois, parce qu’ordinairement leurs Pièces sont pleines de traits de médisance sous le nom de critique ; Et par la raison que la passion d’amour la plus irrégulière plaît sur le Théâtre aux Spectateurs corrompus, de même la médisance ou la satyre y et applaudie et y fait rire, à cause de la méchanceté du cœur humain qui n’aime que trop à entendre déchirer son prochain.
Souvent sans invention, & toujours sans intérêt, ces espèces de Parades ne renferment qu’une fausse métaphysique, un jargon précieux, des caricatures ou de petites esquisses mal dessinées des mœurs & de ridicules ; quelquefois même on y voit règner une licence grossière ; les jeux de Thalie n’y sont plus animés par une critique fine & judicieuse ; ils sont deshonorés par les traits les plus odieux de la Satyre. […] R** de G…) y fut traduit sur la Scène, avec des traits extérieurs qui pouvaient le caractériser. […] Mais tel est le fort de ces Parades satyriques, elles ne peuvent troubler ou séduire qu’un moment la Société, & la punition ou le mépris suit toujours de près les traits odieux lancés par l’envie.
Ces images nous font sourire, si elles sont peintes avec finesse : elles nous sont rire, si les traits de cette maligne joie, aussi frapans qu’inattendus, sont aiguisés par la surprise. […] La Tragédie est un tableau d’Histoire ; la Comédie est un portrait ; non le portrait d’un seul homme, comme la Satyre, mais d’une espèce d’hommes répandus dans la Société, dont les traits les plus marqués sont réunis dans une même figure. […] Si dans ces modèles, on trouve quelques traits qui ne peuvent amuser que le Peuple… en revanche, combien de scènes dignes des connaisseurs les plus délicats ! […] Mais une division plus essencielle se tire de la différence des objets que la Comédie se propose : ou elle peint le vice, qu’elle rend méprisable, comme la Tragédie rend le crime odieux ; de-là le comique de caractère : ou elle fait les hommes le jouer des évènemens ; de là le comique de situation : ou elle présente les vertus communes avec des traits qui les font aimer, & dans des périls ou des malheurs qui les rendent intéressantes ; de-là le comique attendrissant. […] c’est à cette précision qu’on reconnaît Molière, bien mieux qu’un Peintre de l’antiquité ne reconnut son rival, au trait de pinceau qu’il avait tracé sur une toile.