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138. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Le théâtre perdrait son agrément sans ce délicieux artifice. […] Mais ces éternels admirateurs du théâtre ne savent que trop combien ils y ont appris. […] On convient que le théâtre païen doit être interdit aux Chrétiens, mais on soutient que c’est le seul que les saints Pères condamnent, et que le théâtre purgé, tel qu’il est aujourd’hui, de l’obscénité du spectacle, n’a rien d’incompatible avec un cœur droit qui n’y cherche qu’un honnête divertissement. […] Revenus de leurs égarements par une grâce singulière, le théâtre ne sera pas autre qu’il est, leur raison, leur religion sera la même. […] Pourrait-on s’empêcher de regarder comme un terrible châtiment une telle mort, et ne regarderait-on pas comme une marque de réprobation, de mourir sur un théâtre ?

139. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Genest, il n’abjurât solennellement le théâtre. […] C’est moins le théâtre d’une pièce dramatique que le théâtre des plus dangereuses pompes du monde, des plus redoutables tentations du démon, des plus grandes faiblesses de la chair. […] Rougit-on de quelque chose au théâtre ? […] ne l’a-t-il pas tirée du théâtre ?   […] Cette pièce, en constatant le fait, découvre l’irréligion de l’Auteur, et celle que le théâtre inspire.

140. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Celui-ci avait quitté le théâtre, mais il lui formait des élèves. […] Le Parlement, qui a toujours, tant qu’il a pu, supprimé le théâtre, confirma l’ordonnance de Police par arrêt du 22 février 1707. […] Il y avait en 1709 douze théâtres à Paris, élevés depuis dix ans. […] Il y a toujours eu de la jalousie entre les deux théâtres. […] Enfin ils se sont réunis, et les Italiens demeurent chargés des deux théâtres.

141. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Valère Maxime vous dira qu’on exposait sur le Théâtre des filles nues avec de jeunes garçons qui se permettaient aux yeux du peuple d’être les Acteurs d’un spectacle le plus contraire à la pudeur, et que Caton, averti que sa présence gênait le goût du peuple, quitta le Théâtre pour n’être point spectateur de cette licence impudique qui était dégénérée en coutumeb. […] Le Théâtre comme toutes les autres productions de l’esprit humain, a eu des commencements faibles. […] Le Théâtre a paru même à des saints, pouvoir devenir une excellente école de morale. […] Primo, le Théâtre est à votre avis l’école des passions, secundo, les Dames Françaises ont les mœurs des Vivandières et sont cause du peu de cas que l’on fait à Paris de la vertu. En troisième lieu les Comédiens sont des gens sans mœurs, il n’est pas possible qu’ils en aient, leur état s’y oppose, et vous ne seriez pas surpris qu’ils fussent des fripons parce qu’ils en jouent souvent le rôle au Théâtre.

142. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

[I] Acteur, Comédien : personne qui fait profession de représenter des Pièces de Théâtre, composées pour l’instruction & l’amusement du Public. On donne en général le nom de Comédien aux Acteurs & Actrices qui montent sur le Théâtre, & jouent des Rôles, tant dans le Comique que dans le Tragique, dans les Spectacles où l’on déclame ; car à l’Opéra, on ne leur donne que le nom d’Acteurs, ou d’Actrices, Danseurs, Filles des Chœurs, &c. […] Aujourd’hui nous avons des Troupes de Comédiens sédentaires ; tels sont les Comédiens-Français, les Comédiens-Italiens, établis à Paris, sous l’autorité du Gouvernement ; plusieurs autres Troupes qui ont des Théâtres fixes dans les principales Villes du Royaume ; & les Comédiens qui courent les Provinces & s’établissent pour un temps dans nos Villes de la seconde grandeur : on les nomme Comédiens de Campagne. […] En France elle est moins honorée ; l’Eglise Romaine les excommunie, & leur refuse la sépulture Chrétienne, s’ils n’ont pas renoncé au Théâtre avant leur mort. […] Mais il faut avouer que ces flétrissures & ces peines, effets de la barbarie des siècles d’ignorance, ont moins été prononcées contre des Comédiens proprement dits, que contre des Histrions ou Farceurs publics, qui mêlaient dans leurs Jeux toutes sortes d’obscénités : aujourd’hui que le Théâtre est épuré d’une manière digne de la Raison & de la Philosophie, il serait injuste de concevoir une opinion aussi desavantageuse de nos Comédiens.

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