L’auteur l’avoit retirée, & publiée, dit-il ; il l’a fait représenter sur le théatre de société, elle y a réussi, (cela n’est pas doureux), & quoique ce fût un jour de Palais, grand nombre de Conseillers & d’Avocats préférant leur plaisir à leur fonction, s’y rendirent ; ils ont été surpris de voir la verve poétique réunie au talent de l’orateur, même à ceux de l’acteur ; car il y joua aussi très-parfaitement. […] Le Breton connu par ses talents éminents & utiles au public ; car il batoit la mesure à l’orchestre, a eu la préférance, en 1766, en société avec Triat, domestique du Prince de Conti. […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
Roscius et Æsopus n’étaient pas plus esclaves que Floridor et Baron, ni plus infâmes, et la loi n’a eu aucun égard à leurs talents ni à leur naissance, mais au vice de leur état. […] Quelque attention qu’on voulût avoir, que l’on n’a jamais, et que l’on ne veut pas avoir sur le choix et l’éducation des débutantes, en qui l’on ne demande que les talents et les grâces, c’est-à-dire les dangers et les moyens de séduction, bientôt les leçons et les exemples les monteraient sur le même ton. […] Que sera-ce de les pensionner, de les applaudir, les attirer chez soi, récompenser leurs talents empoisonneurs et leurs succès funestes par des libéralités aussi criminelles qu’aveugles et déplacées : « Vitium est immane donare Histrionibus. » C’est une question célèbre en morale, si une femme publique peut en conscience garder le prix qu’elle a reçu de son crime. […] Cette Nymphe, célèbre par ses intrigues, son luxe, et ses amants, qu’elle avait ruinés pour y fournir, qui même par ses talents en coquetterie avait mérité que les autres Actrices vinssent recevoir ses leçons, et la prendre pour modèle ; cette fée, dis-je, comme l’Auteur l’appelle, avait tellement enchanté un riche Financier, que par ses profusions excessives il la mit sur le pied des Dames du plus haut rang, lui assura par contrat, sous le titre de dette une pension considérable, et enfin fut accablé de dettes.
Sans prendre garde aux talents & aux précautions qu’elles exigent pour rendre l’objet supposé vraisemblable, & ne pas jetter de l’obscurité dans le Poëme, on en use fréquemment vu leur commodités. […] Nous saisissons avec plaisir cette occasion de rendre justice aux talents de M.
Que signifient ces lois de haine et de vengeance qui livrent aux flammes éternelles les âmes des Larive, des Lekain, des Raucourt, des Talmah et de tant d’autres dont les talents ont plus contribué à faire admirer tout ce qu’il y a de sublime dans la religion chrétienne, que toutes vos dévotions de Marie Alacoquei, de Louis de Gonzaguej, du sacré cœurk et d’Ignace de Loyolal. […] Il n’est point de gloire, point de talent qui puissent trouver grâce devant le fanatisme.
C’étoit ce langage secret, ce pantomime intérieur, qui faisoit le mérite de Moliere, le talent de peindre en détail, de copier & de contrefaire. […] Il a le talent de peindre en détail, mais jamais en grand ; il prend le ton, les allures, la maniere de ses personnages, mais il ne sait point créer les combinaisons, en faire des nœuds & les délier. […] Point d’homme qui dans un moment de mauvaise humeur, de colère ou d’impatience, n’ait le talent de Moliere. […] Le talent de Moliere n’est qu’un bouillonnement de passions plus long-temps soutenu, ses saillies d’humeur conservées, combinées, mises en œuvre, c’est-à-dire une machine plus agitée, des ressorts plus tendus, des esprits plus exaltés que le commun des hommes. […] Il n’a fallu à Moliere qu’un talent médiocre pour réussir ; un heureux hasard a fait les frais de sa réputation.