Une femme se farde par legereté, par ignorance, pour suivre la mode, pour obéir à son mari, à son pere, sa faute peut être legere ; mais se farder pour plaire aux hommes, leur inspirer des passions, & satisfaire la sienne, n’est ce qu’un péché véniel ? […] Des troupes ambulances d’acteurs, dont tout est plein, & qui pour de l’argent font ce qu’on veut, suivent la biere du mort jusqu’au tombeau, & par une scene mouvente représentent en chemin sans s’arrêter ce qu’ils jugent à propos, analogue autant qu’ils peuvent à la nature de la fête & au caractere du défunt, des choses lugubres & tragiques, des traits graves pour les Magistrats, des mouvemens vifs pour la jeunesse, pésans pour un âge avancé, des exploits guerriers pour les Militaires. […] Les spectacles, qui suivent aussi les progrès du luxe & de la misere, se multiplient de même en raison de l’excès où ils sont portés l’un & l’autre.
Il falloit, pour lui plaire, que tout criât à l’unisson, & suivît son exemple. […] Le palais épiscopal de N. a quelque chose de théatral aussi : il est plein de femmes, & on y fait des nôces & les fêtes qui les suivent, avec l’appareil le plus brillant. […] Il est singulier que ces révolutions monastiques soient arrivées sous le pontificat d’un Pape religieux, & qu’elles aient suivi la suppression des jésuites.
Les dames courent aux fenêtres & veulent le suivre ; elles trouvent à la porte des chevaux & des caleches ; le cerf court se précipiter dans l’étang ; les dames trouvent des gondoles qui les portent dans une isle au milieu de l’étang où le cerf va mourir ; elles voyent faire la curée. […] Le souper suivit la comédie, la Sultane se mettant à table, trouva sur son assiette un bouquet de diamans, de perles, de rubis, d’émeraudes, comme reine du bal, qu’elle ouvrit avec son amant après le souper. Cette fête dura quinze jours, & fut suivie de beaucoup d’autres dans le même goût jusqu’à ses couches.
Le fleuve suivit la pente & reprit son cours, la comédie devint intolérable ; toutes les nations où elle se produisit furent indignées ; les ordonnances des Rois, les plaintes réitérées des États généraux, les arrêts des Parlemens, le châtiment, le bannissement, la suppression de différentes troupes, enfin les idées communes, le langage ordinaire, qui par un consentement unanime de tous les peuples & de tous les siècles, depuis la Chine & le Japon jusqu’en Portugal & en Écosse, a fait du nom de Comédien une injure proverbiale, une expression de mépris, de folie & de vice, peuvent en convaincre les plus incrédules. […] Quel est le regard assez prompt & assez ferme pour suivre la rapidité des évolutions, la pétulance des gestes, la variété des attitudes, des contorsions, des tournoyemens de ces êtres pétillans & toûjours agités, qui veulent tâter de toutes les beautés, s’essayer sur tous les cœurs, débiter toutes leurs rêveries, montrer dans tous les jours la fraîcheur de leur tein, l’éclat de leurs diamans, le goût de leurs colifichets, leur habit à la derniere mode ? […] L’Évangile répond à ces beaux discours : Le nombre des Élus est petit, la foule marche dans la voie large : vous n’êtes pas de ce monde, vous ne seriez pas de mes Disciples, si vous aviez l’esprit, si vous suiviez les exemples du monde.
Dans les derniers spectacles de celle dite Saint-Germain, les trois pièces qui figuraient le plus souvent ensemble sur l’affiche (mais beaucoup moins souvent que la Petite Sœur, le Mariage Enfantin, le Comédien d’Étampes, sur celle du Gymnase), étaient d’abord : ce bon Roi, dont le règne exemplaire lui valut le surnom de père du peuple32, qui faisait applaudir à ses vertus, précédé ou suivi de Cartouche 33, et des Amours de Montmartre 34. […] Poussé par mon naturel curieux, je les suivis. […] Nous avons supprimé celle qui suit Délassements.