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52. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Ces précautions ne suffisent pas encore ; et malgré l’approbation du censeur, les réclamations d’un homme en place, d’un ambassadeur,5 d’un homme puissant suffisent pour empêcher la représentation. […] Il suffit donc d’établir le principe pour démontrer, que la liberté du théâtre ne peut être genée sans porter atteinte à la liberté de penser. […] Il suffit de jeter les yeux sur la note (14), pour sentir tout le ridicule des priviléges dramatiques. […] Elle est difficile à poser ; mais il suffit qu’elle soit possible, et c’est ce que j’ai démontré.

53. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Quand même le crime ne se produiroit point au dehors, ne suffit-il pas que l’ame soit souillée ? […] On n’est plus dans un âge qui donne prise à la tentation ; mais on autorise les autres par son exemple, ce sont des infirmes1 dont on accélere la chute ; la crainte de déplaire à Dieu les retenoit encore, un homme de poids qui assiste au Spectacle, suffit pour les rassurer, & dès-lors il attire sur soi les désordres où ceux-ci se laissent entraîner. […] Là, c’est un Dieu qui commande au néant, une seule de ses paroles suffit pour créer le monde ; ici, c’est l’homme rébelle, chassé du Paradis, déchu de sa gloire primitive, les ténébres de l’ignorance ont inondé son esprit, la corruption s’est glissée dans son cœur ; la plus excellente Créature qui vive sur la terre, est dominée par les êtres inférieurs qui sont chargés de le punir ; on lui promet un Redempteur dont la grace anticipée est accordée à tous les hommes, on assure un prix immortel à la vertu, & l’on ménace les impies d’une peine qui n’aura point de fin.

54. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Il me suffit de dire en peu de mots que la Comédie chez les Grecs se perfectionnait en même tems que la Tragédie. […] Ils lui apprirent qu’il y avait des régles pour enchanter le Public ; & qu’il ne suffisait pas d’exciter à rire ; mais qu’il fallait peindre avec finesse un ridicule. […] Ce n’a point été le travail continu d’une foule de gens d’esprit qui a conduit les Lettres de progrès en progrès, de clartés en clartés ; un seul homme de génie, ou deux tout au plus, ont suffi pour les couvrir de gloire.

55. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre II. L’Exposition, le Nœud & le Dénouement. » pp. 183-210

Il ne suffit pas que l’intrigue soit nouée avec chaleur, il faut encore qu’elle soit naturelle. […] Notre Opéra n’est que la représentation des mœurs de la populace ; son but est rempli en mettant sur la Scène un Bucheron, un Serrurier ; il lui suffit de les peindre tels qu’ils sont toujours. […] Les bouffonneries d’un personnage singulier, la naive peinture d’un Artisan, suffiront aussi à former le Nœud en observant d’y mêler l’amour d’un tendre Colin.

56. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre IV. Histoire de l’Opéra-Bouffon, autrefois Opéra-Comique & ses progrès. » pp. 50-66

Pour s’en convaincre, il suffit de faire attention aux Divertissemens de ses Comédies, surtout à ceux de Pourceaugnac, du Bourgeois Gentil-homme & du Malade imaginaire. […] J’observerai en faveur des Anglais, que ce Peuple si sage semble avoir connu avant nous l’Opéra-Bouffon ; il suffit pour s’en convaincre, de jetter les yeux sur l’Opera du Gueux, La double Métamorphose ; & sur plusieurs de leurs Poèmes-Dramatiques, dans lesquels on rencontre du chant enjoué.

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