Ces précautions ne suffisent pas encore ; et malgré l’approbation du censeur, les réclamations d’un homme en place, d’un ambassadeur,5 d’un homme puissant suffisent pour empêcher la représentation. […] Il suffit donc d’établir le principe pour démontrer, que la liberté du théâtre ne peut être genée sans porter atteinte à la liberté de penser. […] Il suffit de jeter les yeux sur la note (14), pour sentir tout le ridicule des priviléges dramatiques. […] Elle est difficile à poser ; mais il suffit qu’elle soit possible, et c’est ce que j’ai démontré.
Quand même le crime ne se produiroit point au dehors, ne suffit-il pas que l’ame soit souillée ? […] On n’est plus dans un âge qui donne prise à la tentation ; mais on autorise les autres par son exemple, ce sont des infirmes1 dont on accélere la chute ; la crainte de déplaire à Dieu les retenoit encore, un homme de poids qui assiste au Spectacle, suffit pour les rassurer, & dès-lors il attire sur soi les désordres où ceux-ci se laissent entraîner. […] Là, c’est un Dieu qui commande au néant, une seule de ses paroles suffit pour créer le monde ; ici, c’est l’homme rébelle, chassé du Paradis, déchu de sa gloire primitive, les ténébres de l’ignorance ont inondé son esprit, la corruption s’est glissée dans son cœur ; la plus excellente Créature qui vive sur la terre, est dominée par les êtres inférieurs qui sont chargés de le punir ; on lui promet un Redempteur dont la grace anticipée est accordée à tous les hommes, on assure un prix immortel à la vertu, & l’on ménace les impies d’une peine qui n’aura point de fin.
Il me suffit de dire en peu de mots que la Comédie chez les Grecs se perfectionnait en même tems que la Tragédie. […] Ils lui apprirent qu’il y avait des régles pour enchanter le Public ; & qu’il ne suffisait pas d’exciter à rire ; mais qu’il fallait peindre avec finesse un ridicule. […] Ce n’a point été le travail continu d’une foule de gens d’esprit qui a conduit les Lettres de progrès en progrès, de clartés en clartés ; un seul homme de génie, ou deux tout au plus, ont suffi pour les couvrir de gloire.
Il ne suffit pas que l’intrigue soit nouée avec chaleur, il faut encore qu’elle soit naturelle. […] Notre Opéra n’est que la représentation des mœurs de la populace ; son but est rempli en mettant sur la Scène un Bucheron, un Serrurier ; il lui suffit de les peindre tels qu’ils sont toujours. […] Les bouffonneries d’un personnage singulier, la naive peinture d’un Artisan, suffiront aussi à former le Nœud en observant d’y mêler l’amour d’un tendre Colin.
Pour s’en convaincre, il suffit de faire attention aux Divertissemens de ses Comédies, surtout à ceux de Pourceaugnac, du Bourgeois Gentil-homme & du Malade imaginaire. […] J’observerai en faveur des Anglais, que ce Peuple si sage semble avoir connu avant nous l’Opéra-Bouffon ; il suffit pour s’en convaincre, de jetter les yeux sur l’Opera du Gueux, La double Métamorphose ; & sur plusieurs de leurs Poèmes-Dramatiques, dans lesquels on rencontre du chant enjoué.