Il faut ignorer sa Religion pour ne pas connaître l’horreur qu’elle a marquée dans tous les temps des spectacles et de la Comédie en particulier. […] Il est donc impossible de justifier la Comédie sans vouloir condamner l’Eglise, les saints Pères, les plus saints Prélats ; mais il ne l’est pas moins de justifier ceux qui par leur assistance à ces spectacles non seulement prennent part au mal qui s’y fait, mais contribuent en même temps à retenir ces malheureux ministres de Satan dans une profession, qui les séparant des Sacrements de l’Eglise, les met dans un état perpétuel de péché et hors de salut s’ils ne l’abandonnent.
Qu’attendre d’un comique payen qui veut plaire à des spectateurs payens si même débitées à des spectacles, non chrétiens, elles allarment si peu la vertu commode & trop indulgente ? […] Ajoutons ici le portrait du sieur Lagarde, chargé dans le Mercure de la partie des spectacles, où il fait, jusqu’à une fadeur dégoûtante, l’éloge des acteurs & des actrices. […] On lui confia les détails de goût dans les spectacles particuliers des petits appartemens. […] Les comédiens firent une affaire d’état de leurs spectacles ; avoient-ils tort ? […] Le beau spectacle qu’un criminel sur une roue pendant cinq actes, qui vomit des blasphêmes, malgré les exhortations d’un Confesseur.
On doit convenir, d’après tout ce qui vient d’être dit, que les auteurs dramatiques sont des empoisonneurs publics qui se chargent d’autant de crimes que leurs pièces en font commettre, qui sont coupables d’autant d’homicides qu’il y a d’âmes perdues à leurs spectacles. […] [NDE] Il s’agit du Traité de la Comédie et des spectacles (1666).Voir le site Obvil, HDT.
Il faut que dans toutes ses études il ait pris bien peu, et du goût de la science qu’il professe, et de l’esprit de la Religion de Jésus-Christ, pour entreprendre la défense de ces spectacles, que les Pères et les Canons de l’Eglise ont condamnés comme contraires à la sainteté des mœurs et à la pureté du cœur, que nous veut inspirer Jésus-Christ par ses paroles et par ses exemples. […] On m’avouera qu’il n’y a pas lieu d’espérer des décisions bien justes en matière de Religion, d’un Théologien qui se rend le défenseur des spectacles que l’Eglise et les Pères ont condamnés.
A l’égard des Spectacles, nous n’avons point de preuves certaines que les femmes, en Grèce, aient monté sur le Théâtre ; les Latins ne nous ont rien laissé qui nous donne lieu d’assurer qu’elles y aient joué parmi eux. […] Malgré la nécessité de réformer le Théâtre, il paraît presque impossible, aujourd’hui, d’en bannir les femmes, sans détruire absolument les Spectacles que l’on regarde comme nécessaires, par la raison spécieuse des désordres qui sont plus fréquents, lorsque les Fainéants et les Libertins manquent de quelques amusements publics qui les dissipent, ou qui les occupent.