Outre cela cette tristesse que cause la Tragédie est un chatouillement de l’Ame : & Descartes remarque dans son traité des Passions, que de même que le chatouillement, quand les nerfs ont assez de force pour le soutenir, cause un sentiment agréable qui deviendroit douloureux, si les nerfs n’avoient pas assez de force pour y resister, la tristesse que nous causent les Représentations Tragiques ne pouvant nous nuire en aucune façon, semble chatouiller notre ame en la touchant, & ce chatouillement cause un plaisir. […] Quiconque est annoncé pour Plaisant, soutient rarement sa reputation ; & dans le tems où les Princes avoient à leur suite un homme chargé de les divertir, le Fol du Roi devoit souvent faire sa charge très-mal.
Lettre à Monsieur *** Il est difficile d’entreprendre la défense d’une bonne cause, qu’on ne trouve des Raisons solides pour la soutenir.
On a d’autant plus de raisons pour le croire, qu’il soutient que la scène est actuellement dépravée, et qu’il n’y a que de grands efforts capables de la rendre telle qu’elle pourrait, et telle qu’elle devrait être. […] Il la soutient dans l’état même qu’elle est aujourd’hui très inutile aux mœurs ; il va jusqu’à déclarer qu’elle leur est dangereuse ; il y blâme surtout les intrigues amoureuses ; et c’est précisément tout ce qu’on dit ici à M.F. […] Le Brunk, et plusieurs autres Théologiens ont soutenu que les spectacles condamnés par les Pères n’étaient pas plus coupables que nos Comédies. […] M.F. l’accuse d’abord d’avoir soutenu que les Pièces de Théâtre ont été de tout temps condamnées pour leur seule inutilité. […] Quand on voit les Comédiens se glorifier d’être soutenus par les Puissances, on est tenté, en renchérissant sur le P.
Les Théâtres ne tomberent pas avec l’Empire Romain en Italie, s’il est vrai, comme le soutiennent quelques personnes, que la Farce Italienne, Spectacle très-ancien & très-constant en Italie, est une suite de ces Spectacles bouffons dont les Romains dans les derniers tems étoient si amoureux, & que les Zanni rendent ce Personnage nommé par Ciceron Sannio, Acteur qui, au rapport de Ciceron, faisoit rire par sa voix, son visage, ses gestes, & toute sa figure, ore, vultu, motibus, voce, denique corpore ridetur ipso. […] Cependant pour faire connoître que ce Bâtiment leur appartenoit, ils mirent sur la porte leur Devise, c’est-à-dire, une Pierre, sur laquelle avec les Instrumens de la Passion, étoit sculptée une Croix soutenue de deux Anges. […] Les Ouvrages de ces deux Poëtes soutinrent la Tragédie contre le coup que lui pouvoient porter ces Spectacles entiérement en Musique, dont les Italiens nous communiquerent la passion.
S’ils étaient épurés comme on le soutient ; ils resteraient déserts et abandonnés. […] Mais en le supposant, il soutenait « qu’elle ne changeait pas de nature ». […] Il va plus loin11 : il soutient que « les sentiments les plus corrects sur le papier, changent de nature en passant par la bouche des Acteurs, et deviennent criminels par les idées corrompues qu’ils font naître dans l’esprit du Spectateur même le plus indifférent ».