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30. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Ils pourraient se vanter d’avoir à leur tête un Philosophe fameux, si ce Sage ne montrait qu’il se plaît plutôt à avancer des propositions singulières, à soutenir des systêmes bisares, qu’à suivre tout simplement les lumières de la raison : cet homme de génie a la gloire de dire des choses uniques, & d’être presque le seul de son avis. […] Je soutiens que quand même elle n’aurait que ce mérite, elle doit fermer la bouche à ses Critiques ; Elle en ferait toujours plus que ces Moralistes éternels, qui se fatigueraient une année entiére sans remporter la moindre victoire sur les pécheurs trop obstinés, ou trop faibles. […] Je n’ai en vue que les vains raisonneurs, les prétendus philosophes du siécle, qui n’ont d’autre interêt à déprimer le Spectacle moderne, que pour soutenir leurs idées.

31. (1695) Preface [Judith, tragedie] pp. -

Ils ne savent pas qu’il consiste à parer la vérité, non à la defigurer ; à l’enrichir, non à la déshonorer ; et qu’enfin le secours des Episodes doit soutenir les Sujets, et non pas les étouffer. […] La seule chose dont il m’est permis de m’applaudir, c’est d’avoir choisi un sujet dont la beauté a soutenu ma faiblesse.

32. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Les grands Maîtres (ainsi que d’illustres Ecrivains ont remarqué) nous ont donné plusieurs préceptes qui sont contraires à la vérité et à la raison : depuis deux mille ans nous portons le joug sans oser le secouer ; parce que nous ne les approfondissons point ces préceptes, ou parce que nous nous obstinons à les soutenir par prévention. J’ai pensé moi-même comme les autres, pendant un temps ; et, dans la crainte qu’on ne m’accusât de présomption en combattant l’opinion générale, j’ai soutenu les règles tant que j’ai pu ; comme on en peut juger, surtout par mon examen sur Œdipe : mais, en pénétrant plus avant, je me suis senti forcé de les abandonner ; et je me suis dit à moi-même que si mon sentiment était fondé sur la vérité, je ne devais point craindre de parler.

33. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Je n’adopte pourtant pas dans toutes ses parties l’opinion du Philosophe de Genève, qui soutient que, « la transition de la parole au chant, & sur-tout du chant à la parole, à une dureté à laquelle l’oreille se prête difficilement, & forme un contraste choquant qui détruit toute l’illusion, & par conséquent l’intérêt » (66). […] L’oreille qui s’est faite à un chant vif & soutenu par l’harmonie, ne peut sans peine entendre ensuite un chant trop simple, qui lui paraît d’une froideur èxtrême. […] Je sais qu’on propose de l’associer à l’Ariette ; mais il me semble qu’il ne se soutiendrait point à côté d’un morceau de musique ; il paraîtrait bientôt d’une froideur èxtrême ; j’en ai parlé plus haut, & j’ai cité pour éxemple du mauvais éffet de l’air simple mis auprès de l’Ariette, ce que le Spectateur éprouve en entendant les petits Couplets qui sont dans le Marêchal-Ferrant, &c. […] On soutient d’abord que les Prolations ou Roulades ne sont point du tout naturelles ; & qu’on doit les employer très-rarement, sur tout dans l’Opéra-Bouffon, qui doit approcher de la Nature le plus qu’il est possible. […] Ira-t-on s’imaginer que mon dessein soit de soutenir qu’il faut mettre de l’esprit dans une Ariette ?

34. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

L’action Tragique qui représente de grandes révolutions & des Héros qui y prennent part, éleve merveilleusement le génie dans cette composition ; cependant il n’y a rien de si rare de nos jours, que des caractères bien soutenus. […] Qui ne sauroit mauvais gré à Corneille d’avoir mieux soutenu le caractère de Rodogune au prix de tant de beautés ? […] Ces tableaux raprochés montreroient, sous un seul point de vûe, la marche générale de la pièce ; les diverses passions qui la soutiennent & le jeu des caractères.

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