On ne s’attache qu’à leur apprendre la politesse, les belles manieres & l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paroître dans ce qu’on appelle les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter. […] Comme on ne représente sur les théatres que des galanteries, des aventures romanesques & licentieuses, les femmes sont flattées des adorations qu’on y rend à leur sexe ; elles s’habituent à être traitées en Nymphes ; de là le dédain qu’elles ont de s’occuper du soin de leur ménage ; elles abandonnent au peuple ces connoissances de détail réservées aux meres de famille, & elles préferent d’exercer tous les talens séducteurs qui ne conviennent point à une femme honnête.
Et voilà, Messieurs, ce qu’ont produit vos soins.
Mal-heureuses Méres, Méres cruelles & parricides, qui parez vos filles comme on faisoit autrefois les victimes, qu’on destinoit à la mort ; qui les parez, dis-je, avec tant de soin, pour les aller sacrifier de vôtre propre main à l’idole du monde & de l’impudicité.
Neanmoins on peut dire à la honte de plusieurs Meres chrétiennes, que leurs filles sçavent plûtôt un pas de danse, que les principes de leur religion, tant elles ont soin de les rendre agréables au monde.
Les Bourgeois & les Bourgeoises, qui ordinairement craignent plus les Filoux que le serain, y couroient en foule dans les deux Saisons : Sur tout si cette premiere regle estoit suivie de la seureté dont nous avons parlé, de quelque soin de leur commodité, & de leur faire tenir des sieges dans le Parterre.