Je prends la preuve de cette vérité, de la parole de Dieu même, qui ne recommande rien si souvent à ceux qui le servent, que d’être sans tristesse et mélancolie :Dieu défend la tristesse à ceux qui le servent. […] Elle rend une homme inhabile et inutile à tout ; « Ce qu’est la teigne à la robe, et le ver au bois ; le même est la tristesse au cœur de l’homme », dit le sage Salomon : la robe rongée par la teigne ne sert plus à rien, et le bois vermoulu ne peut plus servir à aucun bâtiment, il n’est bon que pour le feu. […] Dieu commande à ceux qui le servent d’être joyeux. […] la dignité et éminence duquel est telle, qu’il ne veut aucun à son service, qui ne le serve volontairement, gaiement, et franchement. […] Dieu défend la tristesse à ceux qui le servent.
Prologuea Que sert aux Assyriens, aux Médoi[s]b, aux Perses, aux Macédoniens, et à cet invincible Sénat, d’avoir donné fondement aux Monarchies, amplifié ses bornes, établi l’état d’un admirable empire, subjugué la meilleure partie de la terre, conservé l’excellente dignité d’un noble gouvernement ; Si la postérité par l’agréable mémoire d’un Nine, d’un Arbaze, d’un Cyrec, d’un Alexandre, d’un César, et d’un Pompée ne les récompensait de leurs vertus, et ne mettait en évidence ces anciens courages doués d’une louable magnanimité ? […] Que si nous faisons profit des erreurs, puisque les erreurs font les hommes sages, et que nous nous proposons, pour exemplaires de nos actions, les conseils des plus anciens personnages, que l’âge et l’expérience sont inévitables ; n’avouerons-nous pas que l’histoire nous doit servir de très excellent miroir pour y considérer le vice et la vertu, non terminés par la vie d’un mortel, mais par le perpétuel récit de tous les âges, et de tous les siècles. C’est elle qui par la lecture et considération des choses louables égale la prudence d’une jeunesse bouillante à celle d’une vieillesse expérimentée, réveille les esprits impuissants pour les faire aspirer à la grandeur, excite les plus puissants à mériter un los immortel, salaire de leurs bonnes vies, anime les soldats par l’immortalité de ceux qui n’ont redouté les dangers pour la conservation de leurs parties, retire les méchants de leur impiétés par la crainte d’infamie, exhorte à la vertu, déteste le vice, guerdonne les bons, abhorre les méchants, et se rend tellement utile aux humains, qu’elle semble servir d’une sage maîtresse pour les former à l’honneur par son instruction. C’est sans reproche, Messieurs, que nous nous maintenons fidèles conservateurs de ce précieux trésor, et qui véritablement servons de trompettes pour entonner le los immortel des plus perfectionnés. […] Et puisque la vertu cherche le jour, et désire d’être vue ; serions-nous méprisables d’étaler notre marchandise devant ceux qui n’en sauraient tirer que tout honneur et profit, et nous la louange de les servir, et nous évertuer de rappeler l’antiquité, imitant les plus capables d’entre les Grecs et les Romains ; comme un Euripide, un Néviusd, et dix mille autres qui charmaient les oreilles des spectateurs, par la naïve représentation de leurs comédies, trop plus agréables que les grands jeux Olympiques et Romains, où les plus ignorants pouvaient mériter le prix d’une insigne victoire.
La Sacristaine a sans doute été quelque femme du monde, qui en conserve l’usage, & croit à bonne intention sans doute montrer son zele & sa piété ; comme une femme de chambre veut faire voir son affection envers sa maîtresse, & son habileté à servir en parfumant tout ce qui sert à son usage, se parfumant, elle-même pour la servir. […] Tout le sanctuaire en est infecté, les Ministres qui les servent en sont incommodés. […] Il doit, en entrant dans l’Eglise, déclarer, comme le Sauveur, qu’il est venu, non pour se faire servir, mais pour servir les autres : Non veni ministrari, sed ministrare . […] Le théatre est un cloaque de tous les vices & de tout ce qui leur sert d’aliment. […] N’est il pas juste que chacun des organes qui ont servi à honorer ou à offenser Dieu, trouvent leur châtiment ou leur récompense ?
Les peintures dont on orne la Scène servent à rendre l’illusion plus frappante. […] S’il faut absolument qu’un signal avertisse ceux qui font partir les décorations, ne pourrait-on pas se servir d’autre chose que d’un sifflet dont le bruit est trop éclatant & toujours équivoque ? […] A quoi me servirait de raisonner sur des règles que l’on ne connaît plus ? […] Corneille ni Racine ne se sont point servis de ces moyens étrangers. […] La musique lui suffirait pour attirer un grand nombre de Spectateurs ; mais il se sert tout à la fois de deux moyens, afin que si l’un venait à cesser de plaire, l’autre le remplaçât sur le champ.
Tout à la fois sujet de concorde ou de dissensions, instrument de paix ou de vengeance, préconisée par les uns et méconnue des autres, elle soutient le faible et l’affligé de ses douces espérances, en même temps qu’elle sert de masque à l’hypocrite, de crédit aux dévots, de ressource à tous ceux qui savent la tourner à leur profit. Son premier but fut de servir de frein aux mauvaises passions des hommes, et de rétablir parmi ceux-ci les saintes lois de la fraternité, le règne de la justice et de l’union. […] Ce n’était plus alors que des mélanges de farces à la fois pieuses et impures, dont les spectateurs, il est vrai, n’avaient pas l’esprit de voir tout le ridicule, mais qui ne devaient pas moins servir un jour de prétexte à la critique. […] IV : que « de illa arte vivere non est prohibitum » ; le clergé, disons-nous, commença par excommunier les représentants de la scène, et, sacrifiant jusqu’à la cupidité, il finit par leur refuser les secours onéreux1 des sacrements, en dédaignant de servir de si indignes rivaux, et hâtèrent la propagation du théâtre par leurs révoltantes persécutions. […] Mais jetons un coup d’œil rapide sur les ministres d’une religion austère, sur ceux mêmes qui en suivent extérieurement les préceptes, sur tous ceux qui la font servir à leurs lâches projets, soit pour satisfaire leur envie, soit pour protéger leur ambition, et nous trouverons comme compagnes inséparables de leurs caractères : l’insatiabilité, qui les rend avides de richesses, d’honneurs et de vénération servile ; l’égoïsme, qui les porte à tout faire pour eux-mêmes et à ne rien rapporter aux autres ; insensibilité, qui, après avoir endurci leurs cœurs à la vue des maux qui accablent l’humanité, à l’aspect des souffrances qui précèdent la mort, et que, dans leurs exercices, ils sont appelés à contempler, rend leur âme inaccessible aux douces impressions de la vertu et aux charmes de la sociabilité ; la cupidité, qui les rend sévères pour ceux dont la misère réclame des soins qu’elle ne peut assez récompenser, adulateurs et serviles auprès de ceux à qui les richesses et le faste permettent de faire de nombreux sacrifices.