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186. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Il fit fouéter sur les trois théatres, & bannir de Rome, un acteur qui se fusoit servir par une femme habillée en homme ; déguisement assez inutile ; la débauche des acteurs est si commune, que personne ne s’en avise Apparament celui-ci faisoit l’homme de bien, on punit son hypocrisie. […] Un aveugle entousiasme ne veut laisser rien échaper du héros qu’il célébre ; c’est le mal servir. […] Le 14 Mai 1618 Jacques I, Roi d’Angleterre, donna un Édit pour autoriser les danses & autres divertissemens innocents, qui servent les jours de fête de délassement au peuple. […] Germain-des-Prés, sous des tentes de soie brochées d’or, on alluma une infinité de flambeaux en plein midi, & on servit les convives à cheval ; tout cela nous paroit très-ridicule, & en bien de choses l’est en effet ; mais ne nous flattons pas : dans quelques siécles, nous ne le paroîtrons pas moins à la posterité. […] Jamais aucun systême ancien ni moderne n’a fait rouler l’Univers, à quoi cela serviroit-il ?

187. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

» Voilà le corps réduit en poussière, comme l'Auteur en avertit : précaution fort inutile, la chose est claire ; mais elle sert à détourner l'attention aux paroles qui suivent, où est le venin. […]  » C'est assurément commencer le roman ab ovo (il faut des soins pour plaire, il n'en faut point pour aimer) : « Des écrits mutuels servaient nos ardeurs, j'envoyais à Comminges et mon âme et mes pleurs. […]  » « Ce serait servir Dieu, lui rendre un digne hommage, Que de passer mes jours dans un long esclavage ! […] un Dieu si bon, qui des hommes est maître, En eût été servi, s'il avait voulu l'être, Hélas ! […] Des points de reticence (…) à tout moment qui fatiguent la vue dans la lecture, fatigueraient dans la déclamation, tant ils sont multipliés, et qui ne servent qu'à cacher sous un air mystérieux l'embarras du Poète, dans des phrases commencées qu'il ne sait pas finir, et des vers enjambés qu'il n'a pas su mesurer.

188. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Que sert à l’homme de cultiver son esprit, de composer de beaux ouvrages, d’acquérir une réputation brillante, de goûter les plus doux plaisirs, de gagner tout un monde, s’il perd son âme. […] Vous savez faire quelques vers, dialoguer une scène, prononcer avec grâce ; à quoi vous servent ces talents pour la société ? […] Il ne nous servira de rien, il ne saura que mourir.Rien de plus commun sur la scène ; c’est le refrain de tous les amants. […] C’est le comble de l’aveuglement d’imaginer que la nécessité de présenter le crime, qui devrait faire condamner la scène, puisse jamais lui servir d’excuse. […] L’acteur ne tient sa mission que de la dissolution et de la malignité ; elles peuplent son parterre, se font entendre dans la pièce et lui applaudissent à mesure qu’il les sert mieux.

189. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

En effet, on ne s’embarrasse guère de ces précautions apparentes dès qu’on s’en est suffisamment servi pour la variété des serments : on n’hésite point alors à franchir le pas et à jurer grossièrement. […] Une Chapelle sert de Scène au premier Acte de l’Astrologue Joué : et afin qu’on sache d’abord à quelle intention se prépare ce lieu sacré, la Scène s’ouvre par des coquetteries, et par de bons mots sur la piété. […] » Est-il possible que l’on viole ainsi la pureté des choses consacrées au Sanctuaire, pour servir de parade et de trophée à la galanterie ? […] De plus, Sophocle, ainsi que je viens de dire jette en passant quelque maxime saine pour servir comme de contrepoison au mal. […] En un mot, l’impiété ne sert qu’à nous apprendre d’avance le langage des réprouvés.

190. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Ce grand Poète cherchait à plaire et à profiter, et pour ne rien faire qui servît de prétexte au libertinage des jeunes gens d’Athènes ; il n’ose introduire un jeune homme avec une jeune femme, qu’en même temps il ne prenne cette précaution que vous blâmez si fort. […] La vertu même de ces Amants fidèles sert à corrompre davantage les espritsi. […] J’en sais plusieurs dont on s’est servi dans l’Université pour faire des Tragédies : mais quelque heureux que fussent ces sujets, on aurait de la peine à les faire réussir dans un autre pays que celui-là, et devant d’autres gens que ceux qui sont accoutumés à la barbarie du Collège. […] Pouvez-vous vous empêcher de rire quand vous voyez des Patriarches de l’ancien Testament, ou des Saints Pères du nouveau, servir de Héros à une Tragédie ? […] Il n’est pas nécessaire que les Histoires soient merveilleuses ; la plus simple aventure peut servir de fonds à une fort belle Tragédie, pourvu qu’elle soit traitée avec art.

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