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102. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Des Religieux qui connaissent leurs vices secrets, se mépriseront, ou se lieront, se communiqueront leurs sentiments, et s'entretiendront dans leurs passions : l'ordre et la règle en souffriront, et sûrement un Supérieur si indiscret n'aura plus leur respect et leur confiance. […]  » On peut agir avec transport, mais je n'entends pas « tous les transports.… Un sentiment céleste me maîtrise et me force d'entrer. […] Si les Bérénice, les Chimène, les Cléophile, etc. et celles qui les représentent, faisaient leur confession aussi sincèrement qu'Adelaïde, elles tiendraient le même langage ; leur fierté, leur pruderie, leurs prétendus grands sentiments, ne sont que le rouge qui cache les rides et la pâleur de leur âme. […] Le Religieux hypocrite qui paraît sur la scène, toujours enivré de son fol amour, est un vrai forcené dans ses sentiments, dans ses paroles, dans ses convulsions ; il court en furieux, il s'évanouit, il crie, il pleure, il dit cent folies, il vomit cent blasphèmes. […] Les deux héroïdes ne valent guère mieux : le drame a des beautés, des situations touchantes, de beaux sentiments, de beaux vers.

103. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

Mais les sentiments des Pères qui ne sont pas assez accommodants pour les gens du monde, n’ont pas aussi été agréables à notre faiseur de Lettre. […] Car il ne se contente pas d’avoir des sentiments si nuisibles ; mais il veut même en rendre garants les Pères de l’Eglise. […] n’est pas mon sentiment, ni ma doctrine particulière, (à savoir que la Comédie est bonne, honnête, et licite) mais c’est la doctrine et le sentiment des Saints Pères que j’ai lus et relus. » RÉPONSE. […] Car ce ne sera pas sur leurs sentiments et leurs imaginations que vous serez jugé ; mais ce sera sur la verité de cette loi immuable. […] Ces sentiments sont dignes des Athées, et non pas des Chrétiens qui craignent Dieu.

104. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Si dans une endroit d’attendrissement vous vous laissez emporter au sentiment de votre rôle, votre cœur se trouvera tout-à-coup serré, votre voix s’étouffera presqu’entiérement. […] Que deviendra pour lors l’expression d’un sentiment qui demandera beaucoup plus de chaleur & de force que le premier ? […] Si ce même Auteur ajoute : « Que les larmes, que les fléxions touchantes fournissent au sentiment, sont encore plus puissantes que celles qu’il emprunte des expressions les plus énergiques. » Il n’a pas fait atention que les inflexions touchantes font dans l’esprit des expressions énergiques, qu’elles en fortent comme de leur source naturelle ; enfin, qu’elle ne touchent que parce qu’elles sont des plus énergiques.

105. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Cela posé, il est inutile d’examiner les sentiments des autres docteurs. […] Ceux qui avaient espéré de lui trouver des approbations, ont pu voir que la clameur qui s’est élevée contre la dissertation, et par la censure qu’elle a attirée à ceux qui ont avoué qu’ils en avaient suivi quelques sentiments, combien l’église est éloignée de les supporter : et c’est encore une preuve contre cette scandaleuse dissertation, qu’encore qu’on l’attribue à un théologien, on ne lui ait pu donner des théologiens, mais de seuls poètes comiques pour approbateurs, ni la faire paraître autrement qu’à la tête, et à la faveur des comédies. […] Pour ceux qui voudraient de bonne foi qu’on réformât à fond la comédie, pour à l’exemple des sages païens y ménager à la faveur du plaisir des exemples et des instructions sérieuses pour les Rois et pour les peuples : je ne puis blâmer leur intention ; mais qu’ils songent qu’après tout, le charme des sens est un mauvais introducteur des sentiments vertueux.

106. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Qu’ils osent assurer que les sensations, c’est-à-dire, les idées que reçoit l’âme matérielle, suivant leur système, par les organes des sens, puissent combiner des sentiments si déliés, si spirituels, et les juger ! […] Aucun de nos Poètes n’a rien écrit de supérieur pour la beauté et l’élévation des sentiments à ces deux morceaux de votre Epître, dont l’un commence, Trop insensé qui séduit par la gloire…, et l’autre encore plus précieux, Je veux qu’épris d’un nom plus légitime…. […] J’ai l’honneur d’être ; avec ces sentiments, Monsieur, etc.

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