Les théâtres, qui ne cessent de le répéter, contribuent beaucoup à fortifier cette impression ; l’esprit s’y abandonne sans réserve, et sent avec plaisir les mouvements qu’ils inspirent, et le dispose à en ressentir de semblables dans l’occasion.
Le sage en fuyant les hommes, c’est-à-dire, en évitant de s’y livrer ; (car c’est la seule manière dont il doit les fuir), leur est au moins redevable de ses instructions et de son exemple ; c’est au milieu de ses semblables que l’Etre suprême lui a marqué son séjour, et il n’est pas plus permis aux Philosophes qu’aux Rois d’être hors de chez eux. […] Mais quand les plaisirs de la scène nous feraient perdre pour un moment le souvenir de nos semblables, n’est-ce pas l’effet naturel de toute occupation qui nous attache, de tout amusement qui nous entraîne ? […] Il suffirait pour les justifier de ce reproche, de faire attention aux sentiments louables, ou tout au moins naturels, qu’elles excitent en nous ; Œdipe et Phèdre l’attendrissement sur nos semblables, Atrée et Médée le frémissement et l’horreur. […] Molière a voulu nous apprendre, que l’esprit et la vertu ne suffisent pas pour la société, si nous ne savons compatir aux faiblesses de nos semblables, et supporter leurs vices même ; que les hommes sont encore plus bornés que méchants, et qu’il faut les mépriser sans le leur dire. […] Mais les malheurs de la vie privée n’ont point cette ressource à nous offrir ; ils sont l’image fidèle des peines qui nous affligent ou qui nous menacent ; un Roi n’est presque pas notre semblable, et le sort de nos pareils a bien plus de droits à nos larmes.
Vous avez été sincères ayant mieux aimé supprimer sa mémoire que de démentir par quelque marque extérieure de regret les sentiments de votre cœur qui nageait dans la joie de se voir délivré d’un Prélat incommode, dont la vie était un reproche continuel de votre conduite ; semblables à ces femmes coquettes qui ne peuvent dissimuler la joie qu’elles ressentent à la mort de leurs maris, dont le joug ne s’accorde pas avec la malheureuse liberté qu’elles recherchent.
peut dire la même chose de la fille de Jephté, lorsqu’elle alla au devant de son Père, avec des semblables démonstrations de joie, pour montrer combien elle était touchée et satisfaite de sa victoire.
On sait que la justice, et la modération du souverain pontife actuel, et de plusieurs de ses augustes prédécesseurs éloigne pour longtemps, de semblables catastrophes ; mais enfin puisque l’expérience nous a démontré qu’elles avaient eu lieu, dans un temps, la prudence doit nous commander de craindre de les voir renaître, à une autre époque.