Mais peut-on empêcher que ces jeux soient permis par les Magistrats, qui sont les premiers à y venir, etc. » Bodin pouvait ajouter que Solon fit tout ce qu’il pût pour faire chasser Thespis, et empêcher l’établissement du théâtre ; mais que la corruption des Athéniens l’emporta sur la sagesse du Législateur ; que Licurgue, Législateur de Sparte, fut plus heureux, et qu’il empêcha les spectacles, même la lecture d’Echyle et d’Euripide ; et que la comédie ne se glissa dans la sage Lacédémone que quand la vertu affaiblie eut rendu les armes à la mollesse, qui la fit enfin succomber. […] Dacier dit dans son Commentaire : « Je voudrais qu’on fit réflexion sur ces paroles d’un Païen : les Païens pouvaient avoir des raisons d’aller aux jeux publics, c’étaient des Magistrats qui les donnaient ; mais elles sont aujourd’hui très mauvaises, c’est une vertu et une marque de piété de les mépriser ; on ne doit juger des progrès qu’on a fait dans la sagesse que par l’augmentation de ce mépris. » M. […] Il peignit en mourant sa religion et le théâtre, dans un mot célèbre, qui ne fit honneur ni à sa sagesse ni à sa vertu. […] Cherchez-y la sagesse, trouvez-y l’éternité.
Cette extraction peu honorable touche médiocrement les Comédiens ; ils ne se piquèrent jamais de noblesse, moins encore de bonnes mœurs, de religion, de sagesse et de charité. […] On avait d’abord eu pour eux une sorte de vénération, comme pour des Ministres des Dieux ; mais leurs vices et les désordres de leurs fêtes les firent mépriser et traiter d’infâmes, quoiqu’on conservât par religion, par amusement et par politique, des spectacles dont la sagesse et la vertu ne s’accommodèrent jamais. […] Les Censeurs s’étaient constamment opposés à ces constructions ; mais les mœurs commençaient déjà si fort à se corrompre, que ces deux Censeurs les favorisèrent, et qu’il fallut toute la sagesse et le crédit de Scipion pour engager le Sénat à s’y opposer : « Præcipitantibus moribus, extruxerunt ipsi Censores. » Pompée après ses victoires était trop puissant pour trouver le même obstacle ; il bâtit un superbe théâtre de pierre.
Ceux qui savent apprécier l’heureux accord des talens Littéraires & des sentimens de sagesse & de retenue que la Religion & la vraie philosophie inspirent, verront avec plaisir cet illustre Ecrivain, autrefois néanmoins si injustement outragé, traiter avec autant de goût & de lumière, que d’aisance & de précision, les Principes de l’art dramatique, & les resserrer dans les justes bornes de la décence & de l’utilité.
L’attrait qui porte les deux sexes à s’unir l’un à l’autre, depuis la dégradation de l’homme, a dégénéré en une révolte des sens contre l’esprit ; il est si inséparable de notre être, que la sagesse ne consiste pas à n’en point ressentir l’impression, mais à l’assujettir à la retenue qu’exige le devoir.
Quelque air de sagesse qu’on lui donne, elle a toujours trop d’empire sur le cœur pour ne pas faire des blessures mortelles. […] De tous les genres de poësie la dramatique est celle qui demande le plus de génie & de talent, de sagesse & de dignité, sans quoi l’on se rend méprisable & pernicieux. […] On y réussiroit en renfermant Thalie dans les bornes de la sagesse. […] Dans un livre dicté par la sagesse & la vertu, mais où sans doute trop crédule l’esprit a été la dupe de la droiture du cœur.