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113. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XI. » pp. 55-57

Il semble, mes Pères, que vous ayez oublié ici la promesse que vous avez faite de représenter les vertus de votre Héros par des Symboles clairs et expressifs tirés de la fable. Car rien n’est plus obscur que la liaison qu’on devrait trouver entre les effets que vous attribuez au Luth d’Orphée, et la douceur d’un Evêque que vous vous êtes engagés de représenter.

114. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre VII. Les spectacles favorisent les suicides. » pp. 90-92

C’est ainsi que le théâtre nous représente le suicide, qui est en lui-même le plus grand crime qu’un chrétien puisse commettre, comme une action héroïque et comme un devoir, quand on ne peut se soustraire autrement aux rigueurs de l’infortune. […] Molière, plus corrompu que les païens dans sa morale, représente deux amants de Psyché qui se sont précipités du haut d’un rocher, jouissant après la mort, dans des jardins délicieux, d’une tendresse agréable : une éternelle nuit n’ose chasser le jour qui les éclaire.

115. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre X. Les spectacles ne sont propres qu’à rendre romanesques ceux qui les fréquentent. » pp. 102-104

Comme on ne représente sur le théâtre que des aventures galantes et extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on se sert dans la vie commune, on y prend insensiblement une disposition d’esprit romanesque et licencieuse, on se remplit la tête de héros et de héroïnes. […] On ne voit plus rien de honteux dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’on les voit toujours déguisées sur la scène, embellies par l’art, justifiées pas l’esprit du poète, et mises à dessein avec les vertus et les mérites dans les personnes qui y sont représentées comme des héros.

116. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Convenons aussi que ce qui s’afflige & ce qui se plaint étant très-facile à représenter, fournit beaucoup à la Poësie Dramatique, & qu’au contraire une ame ferme & paisible étant toujours égale & uniforme est très-difficile à représenter, & que la peinture qu’on en pourroit faire ne seroit gueres vive ni gueres propre à frapper cette multitude d’hommes qui s’assemblent d’ordinaire dans les Théâtres. […] Je veux représenter Oreste vengeant la mort de son pere sur Clytemnestre sa mere. […] L’un est fait pour être lû, & l’autre pour être représenté. […] Un Poëte, dit l’Abbé Conti dans la Préface de son Drusus, qui représente un Innocent, qu’opprime un Scélérat, ne peche pas plus contre son Art, qu’un Peintre qui représente un martyr au milieu de ses bourreaux. […] Virgile qui a voulu donner le modele d’un Heros parfait, le représente toujours prêt à pleurer.

117. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

Cependant, ne faut-il pas avouer, qu’elles sont plus chastes, que celles qu’on représente aujourd’hui ?  […] Moliere n’a représenté ses piéces, qu’après le milieu du siécle dernier. […] C’est donc encore un usage & une Loi, de représenter des obscénités sur nos Théatres. […] D’ou vient donc, qu’ils furent autorisés à les représenter, malgré les arrêts du Parlement de Paris ? […] Que j’aille à la Comédie, ou que je n’y aille pas, ne représentera-t-on pas toujours ?

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