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279. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Par ce moyen Genève aurait des spectacles et des mœurs, et jouirait de l’avantage des uns et des autres ; les représentations théâtrales formeraient le goût des citoyens, et leur donneraient une finesse de tact, une délicatesse de sentiment qu’il est très difficile d’acquérir sans ce secours ; la littérature en profiterait sans que le libertinage fît des progrès, et Genève réunirait la sagesse de Lacédémone à la politesse d’Athènes.

280. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

M. s’étant fait rendre compte des dépenses qu’occasionne chaque représentation d’un opéra à Versailles, & cédant aux principes d’économie dont elle s’est faite une loi, a déclaré que la Famille Royale se rendroit désormais dans cette capitale, pour jouir de ce spectacle. […] M. a fixé en même-temps la somme qu’elle feroit payer pour chaque représentation où la cour & les personnes qui obtiendront des billets de MM. les Gentilshommes entreront gratis. […] Quoique la philosophie eût reçu dans sa personne un outrage sensible, à la représentation de la comédie des Nuées, composée par Aristophane, il ne s’en émeut pas davantage, il conserva même sa gaieté ordinaire, & se contenta de dire que c’étoit un homme reconnu pour un conteur de fadaises, qui bâtit des châteaux dans les nuées. […] Quel peut-être , continue-t-il, l’objet utiles des représentations théatrales, que d’échauffer le cœur & d’élever l’ame entiere de la nation, par les grands modeles qui l’ont illustrée.

281. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Enfin leur représentation, et quels en ont été les instituteurs. […] Dans ce misérable métier, ils font gloire d’immoler en quelque façon leur mollesse à Vénus et à Bacchus ; les uns par des dissolutions horribles, les autres par des représentations lascives et brutales. […] Ce sont les démons, qui prévoyant dès le commencement, que le plaisir des spectacles serait un des moyens les plus efficaces pour introduire l’idolâtrie, inspirèrent eux-mêmes aux hommes l’art des représentations théâtrales. […] J’ai fait voir, que l’origine, que l’appareil, que les titres, que les lieux, que les représentations en sont idolâtres.

282. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

Il convient mieux à des Chrétiens, dit un Concile1 de Paris, en 829, de gémir sur leurs égaremens passés, que de courir après les bouffonneries, les discours insensés, les plaisanteries obscènes des Histrions ; le moindre effet que leur représentation produise, est d’amolir le courage pour la vertu, & d’écarter les Spectateurs de l’exactitude qu’ils devroient avoir, de remplir leur esprit de vanités frivoles, & de les livrer à des ris immoderés, si contraires aux loix de la modestie ; il n’est pas permis de se souiller par des Spectacles de cette nature, neque enim fas est hujusmodi Spectaculis fœdari. […] Dans ce Conventicule on a discuté sans doute les objections triomphantes qui sont énoncées dans le Mémoire ; la premiere que je saisis est l’origine sacro-sainte de la Comédie Françoise, dès l’année 14021 ; il s’étoit introduit en France, parmi les Confreres de la Passion, une sorte de Comédie bizarre où l’on représentoit nos saints mystéres, Charles VI. assista à plusieurs représentations : ces pieux Auteurs, (dont vous & votre troupe, Mademoiselle, si nous nous en rapportons au témoignage de votre Avocat, êtes descendues en ligne droite,) dressoient leur Théâtre en une Chapelle, tout le profit passoit dans les mains des pauvres : ce Spectacle, tout religieux qu’il étoit en son objet, ne put conserver long-tems sa décence premiere, il admit des fourrures profanes, qui attirerent un interdit sur toute la piéce.

283. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Les Apologistes du Théâtre ont à m’opposer les pieces qui sont représentées par des Ecoliers sous la conduite de leurs Regens, qui sont ordinairement des Religieux ou des Ecclésiastiques : toutes sortes de personnes assistent à la représentation sans conséquence, le silence des Prélats vaut une approbation. […] Sur votre Théâtre, Mademoiselle, on représente les passions ; un Comédien s’efforce de le faire aussi naturellement qu’il est possible ; on ne peut réussir sans les exciter en soi, il faut se pénétrer d’une ardeur qui ne s’efface pas aisément, après la représentation.

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