Elle rend une homme inhabile et inutile à tout ; « Ce qu’est la teigne à la robe, et le ver au bois ; le même est la tristesse au cœur de l’homme », dit le sage Salomon : la robe rongée par la teigne ne sert plus à rien, et le bois vermoulu ne peut plus servir à aucun bâtiment, il n’est bon que pour le feu. […] non seulement habituelle, mais aussi actuelle : or est-il que la grâce actuelle consiste en des lumières de l’entendement, et en des suavités et affections de la volonté, que saint Augustin appelle « une victorieuse délectation » :13 Et ailleurs il dit, que « la grâce de Dieu consiste à faire connaître ce qu’était caché ; et à rendre doux et agréable, ce qui ne nous plaisait pas ». […] »23 Il est vrai que Dieu est fort honoré par la façon gaie et volontaire, avec laquelle on le sert ; car par là on fait voir à tous combien il est digne d’être servi, puisqu’il n’y a rien pour pénible et difficile qu’il se rencontre en son service, qui empêche ses vrais serviteurs de lui rendre leur devoir, et le rendre avec joie. […] Jouant si souvent, et si longtemps, l’esprit s’accoutume à une fainéantise, se rend inhabile aux affaires sérieux, ne parle que du jeu, ne pense qu’au jeu. […] car il est dommage que le cœur de l’Ame Chrétienne, capable de grandes, divines, et héroïques affections, s’occupe à celles qui sont de si peu de valeur, et mette sur le même autel, l’amour des choses spirituelles, et d’une frivole danse, laquelle outre qu’elle est en soi vile et basse, est fort dangereuse, comme maintenant on la pratique ; prenez donc cette action, comme un exercice du corps, un divertissement de l’esprit, une récréation de soi indifférente, laquelle vous pouvez rendre bonne, la rapportant à Dieu.
Ne me dites pas que considérer la Comédie avec ces conditions, ce n’est pas la considérer en elle-même ; mais dépendamment des circonstances : car Saint Thomas en disant qu’elle n’était pas défendue en elle-même « secundum se », ajoute immédiatement après les conditions qui la rendent licite, et celles qui la rendent illicite. […] Mais reprenons pour une bonne fois l’examen que nous avions trop interrompu, des conditions que Saint Thomas exige pour rendre la Comédie un divertissement licite. […] L’on peut encore, avec raison, dire des Comédiens de ce temps, ce que Saint Isidore de Diamette disait de ceux du sien : qu’ils n’ont en aucune manière le dessein de rendre meilleurs ceux à qui y parlent ; mais plutôt de les rendre pécheurs. « Scenicis summum hoc studium est, non ut peripsorum cavillos multi meliores reddantur, verum ut multi peccent. […] Sur tout les Spectacles de ce temps n’ayant pas une intention sainte, comme ceux des anciens Chrétiens paraissaient l’avoir, lorsqu’ils les faisaient, comme dit Lactance, pour rendre grâces à Dieu de quelque victoire qu’ils avaient remportée sur leurs ennemis. […] Voilà, illustre Théologien, les réflexions que j’ai pu faire sur votre Lettre, en examinant les passages des Pères que vous aviez cités, et les conditions que Saint Thomas exige pour rendre le plaisir de la Comédie licite.
Mais au lieu de faire écrire de vaines Déclamations ; connue et justement estimée de tout ce qu’il y a de plus grand, que n’employez-vous votre crédit à rendre les Spectacles tels, qu’on ne puisse leur donner que des louanges. […] Et l’on devrait défendre de paraître devant le Public à celui qui s’en serait rendu indigne en se déshonorant par quelqu’affaire d’éclat. […] Je vous propose les moyens les plus simples de les rendre en même temps, honnêtes, utiles et agréables.
Ils portèrent cet art à la plus grande perfection ; ils le rendirent par là encore plus dangereux qu’il ne l’était auparavant ; et depuis ce temps, ses résultats moraux ont toujours été de flatter les passions du cœur, et de faire éprouver successivement aux spectateurs l’amour et la haine, la compassion et la cruauté. […] Il fallait que tous les poètes lui rendissent quelques hommages. […] Cette passion devint si indécente, que, sous le règne de Tibère, le sénat fut obligé de rendre un décret pour défendre aux sénateurs de fréquenter les écoles des pantomimes, et aux chevaliers de leur faire cortège : « Tant il est vrai, dit un auteur, que les professions les plus infâmes peuvent parvenir à être honorées, quand elles servent à l’amusement des grands !
Un Chrétien ne doit avoir aucun commerce avec les folies du Cirque, avec l'impudicité du Théâtre, avec les cruautés de l'Amphithéâtre, avec la barbarie des Gladiateurs, avec l'infamie des Jeux de Flore ; C'est renoncer à Dieu que de s'amuser à ces vanités ; c'est se rendre prévaricateur de la Foi chrétienne que de rechercher après le Baptême les choses auxquelles on a renoncé en le recevant ; c'est à dire le Diable; ses Pompes, et ses œuvres.