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306. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Ce qui nous regarde, c’est la profusion énorme des parfums qui y furent répandus d’espace en espace, afin que tout y fût embaumé. […] Lechassier & Pelletier, temps què je regarde comme le plus précieux de ma vie, puisque par une heureuse nécessité, j’y suivois sous de si bons guides les routes de la vertu. […] C., & regardent comme l’odeur du démon toutes les odeurs recherchées de la sensualité, dont elles font l’aliment & le signe, de qui on peut dire comme Pline, des femmes de mauvaise vie de son temps : Suavis odor transeunte fœminâ invitat .

307. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Vous, qui, quand vous seriez chastes avec les hommes, ne l’êtes jamais avec vous-mêmes, êtes éprises d’amour pour votre beauté, ou naturelle, ou artificielle, qui pointes & enluminées comme des idoles par vos propres mains, vous offrez aux regards d’une foule d’insensés adorateurs, qui ne vous regardent qu’avec des yeux lascifs, & dont les crimes sont comptes pour autant de conquêtes & de triomphes dont vous repaissez votre passion & votre vanité. […] Le seul Evêque Nonnus, ancien religieux du monastere de Thabenne, célebre par sa sainteté & par ses talens, la regarda fixément, & fondit en larmes. […] J’ai oui-dire que votre Dieu est descendu du ciel pour le salut dès hommes, & que celui que les cherubins n’osent regarder, a bien voulu converser avec les pécheurs, & n’a pas dédaigné de parler à une Samaritaine & insigne pécheresse.

308. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

Pour cette foule innombrable de dramatiques aussi obscurs dans le temple des Muses que dans le sanctuaire des vertus, que dira-t-elle contre le préjugé légitime qui nous fait regarder comme l’école du vice un art & un métier où les maîtres & les élèves sont des gens sans mœurs ? […] Dans le portrait affreux que le caustique Juvenal fait des mœurs de son temps, il regarde le théatre, non comme le lieu où se commettent les crimes, mais comme l’école où ils s’enseignent, & l’attelier où ils se préparent. […] Mais la fille de Dubois est restée au théatre pour remplacer la Clairon, qui ne voit pas de trop bon œil cette jeune Actrice consoler le public d’une perte que ses infirmités & ses rides font regarder comme prochaine.

309. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Qu’elle seroit funeste, si nous en venions jusqu’à regarder les mœurs comme sans conséquence dans les gens à talens ! […] Mais quelle erreur plus funeste que de regarder comme sans conséquence pour la jeunesse la familiarité avec les Acteurs & Actrices ! […] Ce n’est point une tolérance théologique, qui laisse sur des opinions incertaines la liberté de penser, la saine morale fut toujours bien décidée sur la grieveté de ce péché ; ni une tolérance ecclésiastique de discipline, qui ne proscrit point des actions qu’elle regarde comme peu importantes, les censures de l’Eglise, la privation des sacremens subsistent toujours ; ce n’est pas même une tolérance civile légale, les loix qui couvrent les Comédiens d’infamie ne sont pas révoquées ; ce n’est pas non plus une tolérance populaire, puisque malgré toute la ferveur, le goût, l’ivresse de ses amateurs, il n’est personne qui ne convienne du danger du théatre & de son opposition à l’esprit & aux règles d’une véritable piété ; ce n’est qu’une tolérance politique, qui croit avoir des raisons d’Etat de laisser subsister certains maux fi invétérés qu’il seroit impossible de les corriger, & dangereux de l’entreprendre, parce qu’il vaut mieux supporter un moindre mal pour en éviter un plus grand.

310. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Ne fût-ce qu’un moment, fût-on dans le lieu saint, ne regardât-on qu’une femme vertueuse & modeste, la plus haute vertu craint & doit craindre le coup d’œil : Oculus meus deprædatus est animam meam. […] quelle honnête femme souffriroit qu’on l’en entretînt, & elle souffre qu’on le regarde, elle l’offre à tous les regards ! […] ne se regarde jamais à découvert impunément.

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