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87. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

L’on demande une réponse precise ; mais comme j’ay apporté toute la precaution que j’ay jugée necessaire pour ne pas exaggerer le desordre qui s’y trouve, je n’en apporteray pas moins à vous répondre sur ce chapitre ; car je dis qu’il n’en est pas de ces sortes de choses, comme des actions qui sont expressément contre la Loy de Dieu, où il est facile de prononcer définitivement ; mais pour celles qui ne sont défenduës qu’à de certaines personnes, & dans de certaines occasions, cela dépend des suites, & des circonstances, où elles sont plus ou moins criminelles, ou dangereuses. […] Je pretends donc satisfaire suffisamment à vôtre demande, en vous répondant que c’est peché, & même peché mortel à l’égard de plusieurs ; & puisque c’est des circonstances que dépend la décision que vous me pressez de vous donner, sur une chose qui vous tient au cœur ; je vous donne trois ou quatre regles, par lesquelles vous conclurez vous-mêmes, à quels spectacles il vous est défendu de vous trouver, & quelles sont les personnes qui ne peuvent s’y trouver, sans commettre un grand peché. […] Mais que feront tant d’autres gens, qui n’ont ni la foiblesse des premiers, ni l’obligation des seconds, & qui n’ont à répondre que d’eux-mêmes ? […] Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui vous fait fermer les yeux au danger present ; & je ne doute point que vous n’en portassiez tout un autre jugement, si je pouvois vous découvrir un autre spectacle, plus triste, & plus lugubre, qui est ce qui se passe dans le cœur de ceux qui sortent de ces assemblées, l’esprit rempli de ce qu’ils ont vû & entendu, qui approuvent la vengeance, qu’on leur a fait paroître si juste, qui entrent dans les sentimens d’orgueil & d’ambition, qu’on leur a fait passer pour une grandeur d’ame, & sur tout, qui sont touchez des disgraces d’un Amant maltraité d’une personne fiere, qui n’a pas répondu aux vœux ni aux soins de celuy qui luy a marqué une fidelité, & un attachement si inviolable, ainsi que Saint Augustin le témoigne de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspirer une veritable. […] Qui vous répondra que le poison que vous avez pris sans y penser, ne vous donnera point un jour la mort ?

88. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

Le comedien Maillard étant dans une boutique, vit passer sa femme, la salue, quelqu’un lui demanda s’il connoissoit cette jolie actrice, il répondit des obcénités sur le commerce qu’il disoit avoir eu avec elle : touchez-là, dit un homme qui ne le connoissoit pas, je puis vous en dire autant : Maillard piqué, lui dit, c’est ma femme, & mit l’épée à la main, le cavalier se défendit, le blessa légerement & le désarma. […] On rapporte que le Pere de l’Arioste le grondoit un jour fort vivement, & fort long-tems ; l’Arioste l’écoutoit avec la plus grande attention, sans rien répondre pour se justifier : son frere lui demanda, quand son pere se fut éloigné, pourquoi il n’avoit rien répondu pour sa défense ; c’est , lui dit-il, que je travaille actuellement à une comedie, je suis a une scéne où un vieillard gronde son fils, & je veux prendre celle-ci pour modele. […] L’oracle lui répondit : Apprens à mèsurer tes pas en cadence, à monter sur la scéne, tu auras tout, tu m’aideras à depouiller quelques favoris qui abusent de mes presents. […] Non, répondit-il, mais mon pere y est venu souvent.

89. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Qui me répondra que les grands coupables, dont nos lois ont fait justice, n’ont point aiguisé leurs poignards à cette école du crime ? […] Médiateur dans une querelle d’enfants pour de pures vétilles, le plus jeune me répondit avec la gravité du Cid : on ne transige point avec l’honneur ! […] » me répondit-il. « Cette légende modeste convenait autrefois ; Michot, Damas, Varenne, Julie et les deux Tabraise étaient le noyau de cette troupe, que le père du Tonnelier 65, sous la protection d’un prince66, gouvernait avec un talent que, pour les progrès de l’art, Thalie devait éterniser comme le feu sacré de Vesta ! […] — « Ça vous étonne, papa », me répond un jeune homme, porteur d’une médaille, que j’ai su depuis être un privilège pour ouvrir les voitures et appeler les cochers à la sortie. — « La reprise des Petites Danaïdes et la rentrée du père Sournois, rien que ça !  […] Selon le titre d'une autre édition publiée la même année « chez tous les marchands de nouveautés », il a écrit son opuscule pour répondre à un concours de l'Académie de Lyon : De l'Influence des théâtres et particulièrement des théâtres secondaires sur les moeurs du peuple, prix proposé sur cette question par l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, par M.

90. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VIII. Comédie du Tartuffe. » pp. 161-179

Ce soin que nous prenons de notre renommée Répond de toute chose à la personne aimée. […] On lui répond : Je puis vous dissiper ces craintes ridicules : Le ciel défend de vrai certains contentemens, Mais on trouve avec lui des accommodemens. […] Je prends le mal sur moi, je vous réponds de tout. […] Une servante dévergondée qui vient avec la gorge découverte (comme sont toutes les Actrices), à qui on représente & on a raison de représenter qu’elle devroit être plus modeste, & qui répond avec une impudence cynique (théatrale) : Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Et la chair sur vos sens fait grande impression.

91. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VII. De la Dévotion des Comédiens. » pp. 160-179

Je répondis que la Cour & la comédie étoient deux théatres qui ne m’avoient point pour spectateur : la Cour est une comédie véritable, & la comédie une Cour feinte ; en l’une & en l’autre ce n’est que masque & folie. […] Je répondis que les Ecclésiastiques & les Religieux n’avoient bonne grace qu’à l’Autel, devant la Majesté divine, & que devant les majestés humaines c’étoient des bâteleurs, des Comédiens, ou plutôt des parfumeurs d’idoles que des sacrificateurs du vrai Dieu. […] Elle répond : J’ai employé toutes les ressources, j’ai rallumé tous ses désirs, je l’ai amené au point de me proposer un mariage secret ; il n’y a plus qu’un pas à faire. […] Tais-toi, répond Lulli, si j’en réchappe, ce sera lui qui m’enivrera le premier.

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