Cette importante question fait le sujet d’une prétendue conversation (*) supposée entre un de Messieurs les Intendans des menus & l’Abbé G*** Vicaire de S. […] En France c’est encore une question de savoir si nous avons eu réellement des Spectacles & des fêtes. […] Souvent la critique & l’envie ont cherché à le persuader ; mais après bien du tems perdu en observations, on est tout surpris de voir qu’il n’est question que de reprendre la route tracée, & de marcher quelquefois bien loin sur les pas de ceux qui nous ont précédé. […] Cette conversation qui a beaucoup couru manuscrite, est le dernier de tous les ouvrages qui ont paru pour & contre les Spectacles, qui n’ont point décidé la question.
Ma nouvelle réponse, à cette question embarrassante, ne ressemblera nullement à celle que j’ai déjà faite.
Lettre d'un théologiena Monsieur, Je m’étais toujours défendu de vous donner par écrit mon sentiment sur la Comédie, et j’avais tâché d’éviter ce coup, en vous apportant pour excuse et la délicatesse de la matière, et le peu de capacité de celui qui la devait traiter ; mais je ne puis plus tenir contre l’obstination et l’importunité de vos prières (si jamais cependant un Ami tel que vous est capable d’importuner) et pour vous guérir de la crainte scrupuleuse où vous estes que votre conscience ne soit intéresséeb dans les Ouvrages de votre esprit, je passe aujourd’hui par dessus ces deux difficultés, voulant bien m’exposer en votre faveur à ne pas répondre à la haute idée que vous avez conçue de mon peu de mérite, et m’engager pour vous tirer de peine, dans une des plus difficiles, mais des plus curieuses Questions qu’un Théologien puisse traiter. […] Vous m’avouerez, Monsieur, qu’on serait embarrassé à moins, et que ce n’est pas une petite affaire de décider une Question dont les sentiments sont si partagés : Car dites-moi, je vous prie, de quel côté se tourner ? […] Nous aurions bientôt décidé la Question, si l’Ecriture Sainte s’en expliquait de quelque manière que ce pût être : mais, comme a fort bien remarqué « Plane nusquam, etc. »lib. […] Mais parce que c’est quelque chose d’assez délicat, et que le point de la Question consiste à les bien accorder ensemble, je veux bien ne vous rien avancer de moi-même, et vous faire parler en ma place l’incomparable saint Thomas, lequel étant d’un côté un Père très religieux et un très saint Docteur de l’Eglise, et de l’autre l’Ange de l’Ecole, le Maître et le Chef de tous les Théologiens, me paraît tout-à-fait propre pour rassembler les sentiments partagés des uns et des autres, et pour nous tracer le chemin que nous devons suivre sans avoir peur de nous égarer. […] Mais permettez-moi, Monsieur, de passer les bornes d’une simple Lettre, et pour ne rien laisser d’irrésolu dans la Question dont il s’agit, d’examiner les précautions avec lesquelles les Docteurs permettent que l’on aille à la Comédie.
Sur cette Question aussi bien que sur la Musique des Anciens, on peut r’assembler un grand nombre de passages de leurs Ecrits, sans être plus instruit, 1°. […] Sur une question qui est obscure, & n’est que curieuse, l’erreur n’a rien de dangereux, & la diversité de sentiment ne peut altérer l’estime ni l’amitié. […] Ce Dialogue commence par cette question : Lorsque je prononce pone Verbe ou ponè Adverbe (comme ponè sequens ou pone metum) je prononce deux mots qui ont les mêmes lettres & la même quantité, entendez-vous les mêmes sons ?
Que sera-ce de les pensionner, de les applaudir, les attirer chez soi, récompenser leurs talents empoisonneurs et leurs succès funestes par des libéralités aussi criminelles qu’aveugles et déplacées : « Vitium est immane donare Histrionibus. » C’est une question célèbre en morale, si une femme publique peut en conscience garder le prix qu’elle a reçu de son crime. […] Ces questions ne sont pas étrangères au théâtre, chacun en fait aisément l’application. […] 15.), en rapporte beaucoup d’autorités, et traite au long cette question, à l’occasion d’une danseuse de l’Opéra dont il fait l’histoire.