Une expression ménagée, et un peu de retenue dans la posture agit plus sûrement, et l’Acteur ou l’Actrice par ses manières délicates, et sous ses apparences de pudeur ne manque point de porter le coup mortel.
Mais lorsque les vices les plus honteux diffamaient la scène, et avilissaient les Acteurs ; lorsque ceux-ci jouaient avec les gestes les moins équivoques ; que les hommes et les femmes méprisaient toutes les règles de la pudeur, et que l’on y prononçait ouvertement des blasphèmes contre le saint Nom de Dieu : pour peu que l’on sût rougir, pour peu que la conscience ou l’éducation parlassent, ces spectacles devaient naturellement faire horreur ; du moins ne pouvait-on s’y méprendre, ni regarder comme permis des discours aussi profanes, des actions aussi licencieuses et aussi contraires à l’honnêteté. […] La corruption des cœurs n’en a pas chassé la pudeur ; ce n’est plus qu’un faible reste, il est vrai ; mais il se ranime encore, l’on aime au moins à s’en parer.
Qu’on avait même choisi la nuit pour accroître l’infamie, et pour ne laisser aucun asile à la pudeur ; et qu’il était bien facile aux débauchés parmi la confusion, et les ténèbres, d’exécuter les convoitises du jour, et les adultères prémédités pendant la lumière. » Je ne doute point que Sénèque ne fût de cet avis, puisque dans l’épître 7. qu’il écrit à Lucile, il condamne généralement tous les Spectacles. […] Ce lieu cause la ruine de la chasteté, et de la pudeur. » Et dans un autre endroit. […] Qu’on avait même choisi la nuit pour accroître l’infamie, et pour ne laisser aucun asile à la pudeur ; et qu’il était bien facile aux débauchés parmi la confusion, et les ténèbres, d’exécuter les convoitises du jour, et les adultères prémédités pendant la lumière. » Raisons pour persuader qu’il est raisonnable d’instituer des Jeux, et bâtir un théâtre.
pouvons-nous bien, avec quelque pudeur, vanter nos bienfaits, et demander quelque sentiment de reconnaissance ? […] Car, qui pouvait ne pas accabler d’un souverain mépris, des hommes qui, dans l’oubli de toute justice et de toute pudeur, avaient eu le front d’attaquer Socrate en plein théâtre, de le couvrir de ridicule et d’opprobre dans la trop fameuse et trop funeste comédie des Nuées, de démentir impudemment jusqu’à la foi de l’oracle qui l’avait déclaré le plus sage des Grecs, enfin de le livrer, pour ainsi dire, aux mains de ses aveugles bourreaux, dont l’assassinat judiciaire dut à jamais flétrir le théâtre, et avertir la postérité du danger réel de son influence : tant la vérité de ces maximes est incontestable. […] Sans pudeur comme sans expérience, ces êtres vils et corrompus ne pouvaient offrir aux yeux des magistrats indignés, l’image de ces anciens orateurs du barreau, dont les talents et les vertus étaient si propre à inspirer la confiance et la vénération, et dont la gloire ne pouvait que les illustrer eux-mêmes.
Je ne vous contredirai point sur tout ce que vous avancez pour rehausser le mérite de la pudeur que la nature a donné en partage au beau sexe. […] S’il est bon de remontrer aux hommes leurs obligations, il est très-dangereux de les rendre trop méprisables à leurs propres yeux. « La pudeur est, dites-vous, ignoble et; basse dans les grandes villes, c’est la seule chose dont une femme bien élevée auroit honte, et; l’honneur d’avoir sait rougir un honnête homme n’appartient qu’aux femmes du meilleur air ». […] Je ne conviens pas non plus que la seule chose dont une femme bien élevée ait honte, soit la pudeur.