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147. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Les Jesuites, quoique par un excès de complaisance pour le goût des grands & du public sissent jouer des pieces dans leurs Colleges, en quoi ils étoient repréhensibles, les Jesuites n’ont jamais approuvé le théatre public, & tous ceux qui ont écrit sur l’éducation Mariana, Jouvenci, &c. l’ont toujours cru pernicieux à la jeunesse. […] Ils les élevoient dans les places publiques, ou louoient quelque maison particuliere. L’établissement fixe d’un spectacle, d’une salle publique, de troupes soudoyées la fureur pour le théatre, sont de très-fraîche date. […] Parmi ces exercices, la déclamation est des plus utiles ; elle forme la voix & les gestes, exerce la mémoire, enseigne à parler en public. […] Le rôle du Seigneur n’est ni plus édifiant pour le public, ni plus honorable pour lui-même.

148. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Ce prince veut, dans cet acte conciliant publié en 1641, que l’état de comédien ne soit pas regardé comme infâme, et que son exercice ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public, pourvu qu’ils se contiennent dans les termes de leurs devoirs, et qu ils ne jouent que des pièces de théâtre qui soient exemptes d’impuretés et de paroles lascives et à double entente, etc. […] C’est en offrant ces sortes de clefs qu’on a induit aussi une partie du public à voir le portrait de M. de Montauzier dans le Misantrope ; celui du marquis de Soyecourt dans les Fâcheux ; ceux de Cottin, de Ménage dans les Femmes savantes ; ceux de tel et tel médecins dans l’Amour Médecin, etc. […] Les premières attaques publiques, en réparation de la sorte de calomniés que les auteurs commettraient parfois ainsi, loin d’alarmer, devront faire présager une heureuse révolution. […] Pour dissiper parfaitement et sans retour les anciens préjugés existants contre cette profession diffuse et disloquée, et en ennoblir les fonctions, donner toute considération à ceux qui les exerçent, et les mettre dans la seule situation propre à en remplir dignement le plus important objet, en un mot, pour arrêter dans sa principale source le mal que les spectacles font, je ne crois pas qu’il y ait de moyen plus naturel et plus sûr que d’affilier ou aggréger l’école théâtrale au grand corps d’instruction et d’éducation nationales, à l’université, qui doit en effet toujours être le centre, former l’unité de toutes les écoles publiques de morale. […] On sait que les savants solitaires, ou Misantropes, de Port-Royal, et notamment le fameux Nicole, traitent les auteurs de comédies, comme les comédiens, d’empoisonneurs publics.

149. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

La modestie sans doute en a privé le public. […] Pour lui il va droit au public avec la plus grande confiance. […] On en rougit ailleurs, ici on l’étale, & le public en est charmé. […] Les anciens ne faisoient jamais jouer les femmes ; ils les tenoient séparées des hommes dans l’imphitéatre ; ils croyoient qu’un sexe consacré à la pudeur ne devoit pas se livrer aux yeux du public. […] La vanité des uns, la bassesse intéressée des autres, la crédulité du public qui en est la dupe, aussi comique que le Prôneur de Dubois.

150. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Il étoit d’un Corps toujours partisan de la scène : goût déplacé, qui contre les bonnes intentions de ces fameux Professeurs, a fait grand tort au public & à eux-mêmes. […] L’Eglise prononce des censures contre les Comédiens, non pas contre les Auteurs des romans ; le public n’y court pas avec la même fureur, ils occasionnent moins de péché, & il est bien plus facile de s’en détacher. […] Combien doivent être plus sévèrement proscrites celles du théatre public ! […] Le public doit savoir que le gouvernement n’approuve point les Comédiens, qu’il ne les tolère qu’à regret pour le divertissement du peuple & par ses prieres importunes. […] Comme s’il étoit permis d’entretenir les femmes publiques, les rébelles au Prince, les Ministres hérétiques, les jours où par hasard ils n’exercent pas leur criminelle profession.

151. (1824) Du danger des spectacles « INTRODUCTION. » pp. 1-3

Dans ce siècle où le plaisir est une affaire si importante, que tous les raffinements de la civilisation semblent n’avoir que ce seul but, on ne manquera pas, peut-être, de taxer d’insensée et de présomptueuse une entreprise qui a pour objet d’appeler l’attention du public sur les écrits de certains personnages qui se sont prononcés contre les représentations théâtrales, lesquelles attirent de nos jours une si prodigieuse affluence et sont l’objet d’un si étrange empressement. […] Nous soumettons cet essai au public, dans l’espérance que si nos lecteurs demeurent convaincus de la vérité de nos arguments, aucune considération, aucune habitude antérieure ne pourra prévaloir sur la voix de la conscience, et sur cette paix de l’âme, ce trésor le plus précieux de tous, et qui est bien au-dessus de tous les vains plaisirs du monde et de tous ses frivoles amusements.

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