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54. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

Car enfin, puisque tout le monde sait que l’Esprit du Christianisme n’agit que pour éteindre les passions, et que l’esprit du Théâtre ne travaille qu’à les allumer ; quand il arrive que quelqu’un dit un peu rudement que ces deux Esprits sont contraires, Il est certain que le meilleur pour les Poètes c’est de ne point répondre afin qu’on ne réplique pas, et de ne point nier, afin qu’on ne prouve pas plus fortement ce qu’on avait seulement proposé. Est-ce que vous croyez que l’Auteur des lettres ne puisse prouver ce qu’il avance ? […] Ce n’est pas après tout que l’Auteur des lettres ait rien dit que vous ne disiez encore plus fortement, et vous prouvez positivement tout ce qu’il avance, quoique vous ayez dessein de prouver le contraire. […] » Ce raisonnement prouve invinciblement ce que vous dites six ou sept lignes plus haut, que vous n’êtes point Théologien.

55. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VII. Paroles de l’auteur et l’avantage qu’il tire des confessions.  » pp. 28-29

L’endroit le plus dangereux de la dissertation est celui où l’auteur tâche de prouver l’innocence du théâtre par expérience.

56. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « [Introduction]  » p. 2

[Introduction] Avoir prouvé que la religion et les lois, les deux puissances ecclésiastique et séculière, proscrivent la comédie, c’est aux yeux d’un Chrétien avoir terminé ce fameux procès ; mais nous avons encore avancé que la politique, aussi bien que la vertu, prononçait la condamnation du théâtre, que funeste au bien public, elle méritait toute l’animadversion d’un sage gouvernement.

57. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

Comme il serait possible, si on ne les arrêtait dans l’ardeur du zèle qui les emporte, qu’ils trouvassent aussi matière à faire un Tartufe de bravoure ou de vaillance, et qu’ils fissent de grands efforts pour nous prouver, en nous donnant cela aussi comme bien peu naturel, peut-être comme abominable, qu’un bon nombre des guerriers auxquels ils doivent le repos dont ils jouissent dans leurs méditations, ne courent pas si intrépidement aux combats, n’exposent pas leur vie par le plus pur amour de la patrie ; mais que, semblables à Dervière, qui est bienfaisant pour avoir une place, ils sont courageux et vaillants, ils s’exposent par le désir et l’espoir d’obtenir des récompenses. […] Sous quelque rapport qu’on l’envisage, il demeure prouvé qu’il n’y aurait pas de prodige plus étonnant que les heureux résultats de cette méthode de correction. […] Je suppose que Molière, avec son terrible comique, au lieu d’attaquer confusément tous les tartuses, en eût appréhendé ouvertement un seul dont la fourberie lui était le mieux prouvée ; il aurait jeté l’alarme parmi les imposteurs exclusivement, parce que la faute se présentant personnelle, comme l’attaque à l’esprit des spectateurs, la flétrissure se serait arrêtée à la personne, et la terreur aux hypocrites. […] J’engage les lecteurs qui ne sentiraient pas assez la faiblesse des raisons par lesquelles on veut prouver que les auteurs ne font pas cause commune ici avec les acteurs, à se rappeler les discussions et les dernières lois sur la liberté de la presse. […] C’est dans cet ouvrage où, pour appuyer la nécessité du remède que j’y invoque, je prouve par des raisons et par des faits que dans un temps ordinaire, à l’âge de notre société, au degré d’avancement où en sont maintenant les arts, les métiers et le luxe (à moins qu’il ne s’agisse d’introduire chez nous quelque branche essentielle d’industrie, que nous aurions encore à envier raisonnablement à l’étranger), les établissements nouveaux, surtout les grands et ambitieux que la cupidité attache aux corps des anciens, ne sont que des superfétations voraces qui en tirent les sucs, qui détournent la sève industrielle de ses voies ordinaires, entravent la progression naturelle et la plus juste distribution de l’industrie, lesquelles s’effectuent le mieux possible par la succession constante et régulière des maîtres et des établissements particuliers de tous les genres qui, d’ailleurs, réunissent dans leurs nombreuses communautés respectives, et au plus haut degré actuellement, tous les principes, tous les motifs et moyens de l’émulation souvent prétextée dans les fréquents projets de ces accaparements d’industrie ; accaparements encore facilités, pour le malheur des dernières classes, (la déplorable situation actuelle du peuple anglais en fournit une nouvelle preuve incontestable), par la multiplication sans bornes des machines, ou bras de bois, qui paralysent funestement ceux des hommes ; ce que je crois y avoir bien démontré aussi.

58. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Pour prouver que ce n’est que l’excès qu’il faut condamner dans tous les jeux et les plaisirs, et que les Saints Pères n’ont point eu d’autre intention en se déchaînant contre la Comédie, saint Thomas explique ce qu’il entend par « Excès », et suppose comme un principe incontestable« Quod in omni eo quod est dirigibile », art.3. in corpore. […] Vous voyez bien, Monsieur, que tous ces passages des Pères, et mille que je ne vous rapporte pas contre Comédie, à force de trop prouver contre elle ne prouve rien contre celle d’aujourd’hui. […] Vous ne vous attendez peut-être pas, Monsieur, en lisant du premier abord cette proposition, que je vous la veuille prouver par l’autorité des Saints Pères : cependant à la bien examiner, c’est leur propre sentiment, et celui même de Tertullien et de saint Cyprien, qui sont les deux qui semblent s’être le plus déchainé contre la Comédie. […] , où l’on voit que les danses furent premièrement inventées devant les Idoles, et l’on prouve par là qu’elles ont été instituées par l’idolâtrie pour exciter les hommes à l’impudicité. […] C’est donc une assez faible conséquence que de prouver la méchanceté d’une action parce qu’elle est notée d’infamie.

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