A ces Farceurs succédèrent les Trouvères ou Troubadours ; les Conteours et les Jugleours ; ces noms nous en découvrent assez l’origine, quand l’histoire serait demeurée sur cela dans le silence : ils sont Provençaux, et tous ceux de ces professions venaient en effet de cette Province, et se répandirent dans toutes les autres parties de la France. […] Dans ce débris tous ceux de cette profession se séparèrent en deux différentes espèces d’Acteurs ; les uns sous l’ancien nom de Jongleurs, joignirent aux instruments le chant, ou le récit des vers.
Car, si l’on n’y fait pas profession ouverte de l’idolâtrie, ennemie capitale de la Religion, du moins on y en conserve des restes malheureux. […] Les Gaules ont presque changé tous leurs habitants en soldats, & semblent ne plus connoître d’autre profession que celle de la guerre. […] Tout cela vient au secours de la Religion, pour condamner les spectacles qui la deshonorent, puisqu’ils ne conviennent nullement à la majesté du Dieu qu’elle adore, & à la sainteté dont elle fait profession. […] Mais enfin, dit-on, il soûtient que la profession de Comedien de soy n’est pas illicite. […] Les Comediens péchent, parce qu’ils exercent une profession reprouvée par l’Eglise, qui les prive par ses Décrets de la participation des Sacrements, même à la mort, s’ils ne font une promesse solemnelle de quitter cette profession.
Messieurs, Un préjugé détestable, et réprouvé par tous les hommes de bien, jette de la défaveur sur une profession que notre législation et l’autorité de nos rois n’ont cessé de protéger et d’honorer ; je crois satisfaire au vœu du public en fournissant, sur cette matière, tout ce que les lois civiles et ecclésiastiques ont de plus prépondérant pour fixer le jugement des hommes.
Lui mandé & entré avec plusieurs anciens Avocats, ayant passé au Banc du Barreau, du côté du Greffe, a dit : Messieurs, La discipline de notre Ordre, l’honneur de notre profession, notre attachement aux véritables maximes, & notre zéle pour la Religion, ne nous ont pas permis de garder le silence, ni de demeurer dans l’inaction au sujet d’un Livre pernicieux qui a pour titre : Libertés de la France contre le pouvoir arbitraire de l’Excommunication, & qui est terminé par une Consultation signée, Huerne de la Mothe. […] Omer Joly de Fleury, Avocat dudit Seigneur Roi, portant la parole, ont dit : Que l’exposé qui vient d’être fait à la Cour, du Livre intitulé : Libertés de la France contre le pouvoir arbitraire de l’Excommunication, ne justifioit que trop la sensation que sa distribution avoit excitée dans le public ; qu’ils se seroient même empressés de le déferer il y a plusieurs jours, s’ils n’avoient été instruits des mesures que prenoient à ce sujet ceux qui se dévouent sous les yeux de la Cour, à la profession du Barreau ; que leur délicatesse, leur attachement à l’épreuve de tout aux maximes saintes de la Religion, & aux Loix de l’Etat, ne leur avoient pas permis de garder le silence ; & que dans les sentimens qu’ils venoient d’exprimer, on y reconnoissoit cette pureté, cette tradition d’honneur & de principes, qui distinguent singulierement ce premier Barreau du Royaume.
Si la profession des Comédiens est indigne des Chrétiens, et que ceux qui l'exercent, soient obligés de la quitter, comme les Conciles l'ordonnent, il n'est pas permis par conséquent aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession si contraire au Christianisme.