Je n’entre point dans les autres parties de cette vie extraordinaire, si contraire à la nature, son obéissance, sa pauvreté, ses observances, ses austérités, je me borne au prodige de modestie connu de tout le monde, dont les femmes du monde les plus réservées n’approchèrent jamais, & dont je ne prétends pas leur faire une loi. […] Mais la comédie Françoise prétend être moins libertine que l’opéra.
Et pour nous arrêter à la Comedie, qu’on prétend être la plus honnête, aprés qu’on en a banni tout ce qui l’a tant décriée dans les siecles passez ; je maintiens qu’elle est encore un piege, & une occasion prochaine de peché pour ceux qui ont quelque disposition à recevoir le poison qui est si bien déguisé. […] Je ne fais que parcourir cecy, qui suffira pour vous faire concevoir, que ces spectacles tels qu’ils sont aujourd’huy, & avec toute la moderation qu’on a tâché d’y apporter, pour les rendre plus honnêtes & moins odieux, ne sont pas si innocens que se le persuadent ceux qui prétendent les justifier.
Car de penser, que parmi tant de charmes pour les yeux, & pour les oreilles, que présente le Théatre, l’on puisse y estre avec un cœur invulnérable, & une pureté toûjours exacte & délicate, c’est une idée, & tout ensemble une témérité, qui mérite, que l’on perde, ce que l’on prétend conserver.
Il n’a pas prétendu sans doute prouver dans une Réponse brusquée en dix-sept jours, qu’un Comédien est un homme digne de toute l’estime du Public ; un homme qui en seroit persuadé, y mettroit plus de temps & plus de raison.
, n’allons pas ainsi affronter impudemment le démon dans le lieu de sa dépendance, la partie n’est pas égale, ne multiplions pas nos dangers sans nécessité, il n’y en a que trop à droite et à gauche, et partout où nous portions nos pas, pourquoi réveiller le feu caché sous la cendre, je veux dire exciter des passions endormies qui causeront peut-être une incendie horrible, et prétendre faire un pacte avec l’enfer.