Les sujets liés par le serment d’obéissance et de fidélité, ne pouvant porter d’avis sur sa conduite, dont ils ignorent le principe parce qu’ils ne sont point au fait des affaires, qu’ils en ont perdu le fil, ne pourraient raisonner qu’en aveugles, ils ne peuvent donc donner aucun avis ni faire aucun reproche. […] Ce respect habituel peut bien altérer les mœurs, en quelque façon, il peut porter dans l’âme une espèce d’indifférence sur le sort de la Patrie. […] Molière s’est dit à lui-même, au moins je me l’imagine : « Les Français sont naturellement portés aux plaisirs : est-ce un mal que d’aimer le plaisir ? […] La complaisance d’un Auteur à peindre dans ses personnages les mœurs et les caractères de ses compatriotes, c’est-à-dire de donner à ses Héros des Vertus que l’histoire leur refuse, et qui sont communes dans sa Patrie, me paraît louable en ce que c’est un moyen d’entretenir ces bonnes qualités dans la Nation, de les faire aimer davantage et de captiver l’attention du spectateur en l’intéressant pour des Vertus et des bonnes qualités qu’il a lui-même ; c’est sans doute le motif qui a porté Racine à donner à ses Héros la politesse et la galanterie Françaises, et ce ne sont que des gens de mauvaise humeur qui peuvent trouver que ces Héros y aient perdu. […] Des Chanteurs habitués à voir le Public en larmes quand ils peignent par leur chant la tendresse ou le désespoir dans les Tragédies, qui, par la naïveté, le goût et la légèreté de leurs sons portent la joie la plus vive ou la délicatesse la plus pure du sentiment dans l’âme des spectateurs, lorsqu’ils chantent des Pastorales ou des Poèmes comiques, ont-ils pu lire avec plaisir un gros livre pour prouver qu’ils n’étaient capables de rien, et que le Public était imbécile de se laisser toucher ?
C’est ainsi qu’il sait parer le coup qu’on lui porterait peut être.
Car on peut croire que l’estime que tous les gens de bien font de ce livre, a été une des principales causes qui a porté le Pape à le faire depuis peu Evêque de Vaison afin de lui donner moyen de pratiquer avec plus d’autorité les excellentes maximes, qu’il a enseignées dans cet Ouvrage.
Mais comme ils furent corrompus par la licence des Poètes, et par la mauvaise conduite des Acteurs, les Rois jetèrent l'infamie sur ceux qui montaient sur le Théâtre, où l'on avait porté tant de dissolution.
Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits » ; Item l. 5. eod. tit.