un mauvais arbte porte-t-il de bon fruit ? […] Il donne ainsi l’idée de son mérite, dont l’Affiche du 3 juillet 1765 fait un pompeux panégyrique, & qu’elle transmet à la postérité : Mon corps dont la structure a cinq pieds de hauteur Porte sous l’estomac une masse rotonde, Qui de mes pas tardifs excuse la lenteur, (il est en effet très-important au public de savoir que Panard avoit un gros ventre.)
.° On retient dans le désordre ; l’esprit rempli de ces idées, l’imagination pleine de ces images, le cœur pénétré de ces sentimens, on porte par tout le théatre, on y pense le jour, on y rêve la nuit, on en respire l’air, on en entend les chants, on en voit les danses : cette habitude se forme & se perpétue ; qui se corrige ? […] L’éloge de Baron, Acteur célèbre dans les rôles de Prince, porte : Il conservoit son rang aux pieds de ses Maîtresses, & se donnoit les airs de tromper les Duchesses.
Pour la galanterie, Marmontel est de fort bonne composition ; il porte l’indulgence jusqu’à faire de l’amour physique, que M. de Maupertuis appelle Vénus physique, et que nous bonnes gens appelons grossièrement l’impureté, jusqu’à en faire un bien, un mérite, un besoin périodique, une nécessité publique et particulière. […] Il en fit encore fustiger un autre aussi célèbre, dans sa maison, à la vérité, mais ordonnant que les portes fussent ouvertes, et que tout le monde pût y entrer pour en être témoin.
: « Scenicis hoc summum studium est, non ut meliores fiant, sed ut multi peccent. » Toute leur fortune ne porte que sur la dépravation des spectateurs ; si l’on s’appliquait à la vertu, leur théâtre serait désert, et leur art anéanti, « si meliores fiant, ars peritura sit ». […] 12.) à parler de tous ces dangers et de l’excès de la parure, si opposée à la modestie et à la décence, sur quoi le théâtre, par ses raffinements, porte tout au dernier excès.
Les couleurs sombres & funestes, que donne aux passions l’Auteur du Drame, ne peuvent blesser personne, pas même ceux sur lesquels elles ont le plus d’empire ; l’amour-propre y met bon ordre, sans que l’effet du correctif en devienne moins efficace : ces défauts, ou ces vices trop réels qu’on se dissimule, frappent, au Théâtre, ils effraient ; on s’examine enfin, & l’on bannit peu-à-peu des imperfections, auxquelles on ne croit que fermer la porte de son cœur. […] On peut, il est vrai, donner un appareil plus simple à la Scène, & rapprocher, dans la Comédie, le ton du Théâtre de celui du monde : mais de cette manière, on ne corrige pas les mœurs, on les peint : un laid visage ne paraît point laid à celui qui le porte. […] L’amour-propre, quelque grand qu’il soit, ne nous fait jamais regarder nos défauts comme des qualités ; un laid visage est aussi laid pour celui qui le porte, que pour les autres. […] Le succès répondit à cet heureux choix du sujet & des circonstances : Louis XIII vit la Pièce, & sa piété n’y découvrit rien que de louable : le 16 avril 1641, il donna une Déclaration, qui porte qu’ on ne pourra imputer à blâme l’exercice de la profession de Comédien, qui peut innocemment divertir les peuples de diverses occupations mauvaises *. […] Les Jeunes-gens de la seconde espèce, & qui forment le général, sont ceux qui entrent dans la profession du Théâtre par la porte du libertinage : on sent bien que les Sujets de cette classe ne sont pas propres à honorer le Comédisme par leur mœurs.