Rome fut toujours pleine de pasquinades : ce nom même en est venu, & a passé en proverbe. […] Quoique les comédies soient indifférentes d’elles-mêmes, de leur nature elles sont très-pénétrantes, & inclinées du côté du mal, pleines de dangers & de périls. […] La nuit suivante il eut un songe mystérieux : il vit une colombe noire & chargée d’ordures voltiger autour de lui, il la prit & la jetta dans un bassin plein d’eau, elle en sortit toute blanche & nette, s’envola vers le ciel, & disparut. […] On ouvrira sans doute une porte de communication, pour aller de plein pied du parterre à l’église & de l’église au parterre. […] Le palais épiscopal de N. a quelque chose de théatral aussi : il est plein de femmes, & on y fait des nôces & les fêtes qui les suivent, avec l’appareil le plus brillant.
C’est dans cet état qu’il composa dix comédies, ou plutôt dix farces, pleines de bouffonneries, dont il est difficile de soutenir la lecture. […] Pierre sur un carreau, & un bénitier plein d’eau de fleur d’orange, qu’il jetoit sur tout le monde & sur la cavalcade. […] Disent les demandeurs que combien que de droit commun les Maris soient en bonne, pleine & paisible possession de leurs femmes, & puissent se départir des compagnies à l’heure que bon leur semble, & fermer leur porte quand l’ombrage & la fantaisie les prend, & disposer de leurs femmes, comme chacun est modérateur de sa propre chose, contre tous exempts & non exempts, privilégiés & non privilégiés, néanmoins les masqués, sous couleur de privilèges tels quels, commettent chacun jour plusieurs abus contre ladite possession, au grand travail, mal de tête, fâcherie & molestation des maris ; que quand les maris sont assemblés en compagnie avec leurs femmes & damoiselles les défendeurs arrivent enmasqués, s’emparent des damoiselles, les reculent, les mènent chacun la sienne dans un coin, les confessent à l’oreille, dansent l’une après l’autre, & dès qu’ils l’ont prise ne la laissent jamais jusqu’à minuit & plus tard, sans qu’il soit possible leur faire guerpir la place ; & cependant demeurent les maris chiffrés & lourchés, & gardent les mules, tandis que mes mignons triomphent, & sont en danger des marchands & marchandises, qui est la fortune que plus ils craignent ; & si d’aventure ils appellent leurs femmes, ils sont nommés jaloux. […] De la part des défendeurs fut dit au contraire que de tout temps & ancienneté, par la grace, pleine puissance, science & autorité d’amours, plusieurs beaux & grands privilèges, franchises, libertés & immunités avoient été accordés, à ce que les suppôts de la masquerie pussent plus franchement vaquer, étudier & profiter en la faculté & art d’aimer ; qu’ils sont notoires, ont été publiés & enregistrés en la cour & en tous les sieges d’amours ; qu’il s’en fait tous les ans lecture ès grands jours des Rois & Carême-prenant, & font passés en forme de coutume immémoriale ; par lesquels leur est permis d’être braves, emplumés, déguisés, découpés, musqués, masqués, parfumés, en tel habit & tonsure, entrer ès festins, banquets, danses, & toutes assemblées de damoiselles, y amener tabourin, de choisir telle damoiselle que bon leur semble, de disputer avec elle de l’art d’aimer, circonstances & dépendances, la mener en un coin, lui remontrer qu’il est son serviteur, qu’il désire son amour, & user de telle instruction, mémoires & remontrances qu’il croit devoir servir à cela, & ce au vu & su des maris & de tous autres ombrageux, tant & si long-temps que bon leur semble, sans que le mari leur puisse ni doive donner aucun trouble ni empêchement, d’être rêveur ou fâcheux. […] Les nouvellement imprimés Masqués ne doivent s’adresser de plein bond & premiere arrivée aux apparentes Damoiselles, mais par degrés doivent premierement faire la cour aux Damoiselles des Damoiselles, puis aux autres filles, & après avoir tenu ce train par un an ou deux, se poutront adventurer & se jeter sur les Damoiselles apparentes & bien honnêtes, pour ce que le masque est chose très-utile pour exerciter les gens au fait d’amours.
Ce Dieu que vos Génies invoquent, ne peut être que Jupiter qui a paru à l’Ouverture du Ballet, élevé au milieu de l’air plein de bonne volonté pour les peuples.
Tout est sur la scène plein de malignité, elle est aussi médisante que lascive. […] Plein de défauts & de ridicules, il fournit abondamment à la satyre. On aime à contrefaire & à voir contrefaire les autres ; & la populace même dans ce tas d’ordures qu’elle vomit, lâche souvent des traits pleins de sel, des saillies ingénieuses & agréables, dont un bel esprit se feroit honneur. […] Tous les théatres de l’Europe sont pleins de François, toutes les autres nations ensemble n’ont ni autant ni si bien écrit sur les règles & l’histoire du théatre, n’en ont si bien connu les beautés & critiqué les défauts, jusqu’aux Jesuites, dont les trente provinces répandues dans l’univers n’ont pas eu autant de maîtres du théatre que la seule province de Paris.
Car ce Prince si plein de Dieu, et qui par le témoignage de Dieu même était selon son cœur, pour avoir jeté et arrêté ses yeux sur Bersabée, se rendit coupable de deux crimes horribles, d’un adultère et d’un homicidee. […] « Pepigi fœdus cum oculis meis, ut ne cogitarem quidem de virgine. » Ajoutez à ces sentiments si pleins de vérité ces paroles de saint Augustin, « Qu’il ne faut point regarder, ce qu’il n’est pas permis de désirer ».