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52. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Ces précautions ne suffisent pas encore ; et malgré l’approbation du censeur, les réclamations d’un homme en place, d’un ambassadeur,5 d’un homme puissant suffisent pour empêcher la représentation. […] C’est qu’il se formoit aux théâtres, où tous les citoyens, sans distinction, étoient admis ; dans les fêtes publiques, où les grands poëtes et les grands historiens récitoient leurs belles compositions et disputoient le prix ; et dans les places publiques où il entendoit l’éloquence, tantôt douce, tantôt foudroyante, de ses orateurs. […] On verra d’abord une lutte d’efforts et de succès ; mais l’avantage demeurera nécessairement à ceux qui réuniront le plus de moyens pour plaire au public ; c’est son suffrage seul, et non pas le caprice des magistrats qui doit fixer les places. […] Les magistrats peuvent donc leur interdire les rues trop étroites, les endroits où il y a peu de débouchés, peu de place pour ranger les voitures, et ceux où les maisons trop mal construites et trop rapprochées, seroient trop exposées aux incendies ; afin que la sûreté et la vie des citoyens ne soient pas compromises. […] On n’étoit libre de siffler à son aise qu’aux premieres places.

53. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — X.  » pp. 464-465

 » C'est ce qui fait voir qu'il y a une infinité de femmes qui se croient innocentes, parce qu'elles ont en effet quelque horreur des vices grossiers, et qui ne laissent pas d'être très criminelles devant Dieu, parce qu'elles sont bien aises de tenir dans le cœur des hommes une place qui n'appartient qu'à Dieu seul, en prenant plaisir d'être l'objet de leur passion.

54. (1675) Traité de la comédie « XI.  » pp. 288-289

 » C'est ce qui fait voir qu'il y a une infinité de femmes qui, se croyant innocentes, parce qu'elles ont en effet quelque horreur des vices grossiers, ne laissent pas d'être très criminelles devant Dieu, parce qu'elles sont bien aises de tenir dans le cœur des hommes une place qui n'appartient qu'à Dieu seul.

55. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

Le gain sordide de l’entrée est une calomnie ; les Jésuites ne faisoient point payer, au contraire ils invitoient toutes les personnes distinguées, & leur faisoient garder des places. […] Paris n’a peut-être jamais été aussi peuplé qu’il l’est aujourd’hui, on le remarque par le concours qu’on voit à tous les spectacles, (mauvaise preuve, il en résulte seulement que le nombre des gens frivoles est devenu plus grand ;) il s’y présente journellement un si grand nombre de personnes, qu’on est obligé de réfuser des billets, faute de places ; on parle à cette occasion, d’établir deux nouvelles troupes de comédiens, une dans le quartier du Marais, à l’Arcenal, l’autre au fauxbourg Saint Honoré ; il en faudra un aussi à la rue d’Enfer, & au fauxbourg Saint-Laurent, sans compter les théatres du centre de la Ville, & les théatres de société. […] Conduite plus noble que celle des gentilhommes de l’hôtel de la comédie de Paris, qui très-roturiérement ont toujours fait payer à l’entrée : depuis une troupe de comédiens a pris la place de la société, & la générosité, la noblesse ont cédé la place à la roture. […]  23, dit, la comédie ést une chose indifférente, régardée en elle même, dans la speculation, comme une simple représentation d’une action humaine : elle seroit toutefois très-dangereuse, par les circonstances , (choix de l’action réprésentée, maniere de la représenter, caractères des représentans, dispositions des spectateurs ;) mais il seroit bien plus dangereux de les affectionner. c’est dommage de semer dans votre cœur des affections si vaines, si sottes, à la place des bonnes impressions ; on ne trouve pas mauvais que les enfans courent après des papillons ; mais n’est-ce pas une chose ridicule & lamentable, de voir des hommes faits (à plus forte raison des Ecclésiastiques) s’affectionner à de si indignes bagatelles qui outre l’inutilité, nous mettent en danger de nous perdre  !

56. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.

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