Non seulement la Comédie et les Romans rendent l'esprit mal disposé pour toutes les actions de Religion et de piété, mais ils le dégoûtent en quelque manière de toutes les actions sérieuses et communes.
Que si les Dieux ne les ont pas tous institués, ils leur ont toujours été consacrés comme une marque du respect et de la piété des peuples. […] Et quand même ils n'avaient point de sujet pour les célébrer, ils les faisaient seulement comme un acte de piété et par vœu qu'ils exécutaient soigneusement. […] par des amendes pécuniaires tout ce que l'on y faisait contre les Lois, tant ils craignaient que leurs Dieux en fussent irrités, et cet argent était employé au service de la Religion, comme les six Statues de Jupiter surnommées Zanes que Pausanias met au pied du Mont Cronius, et les huit autres qu'il compte encore auprès de celles-là, avaient été faites des amendes auxquelles les combattants de la Lutte, de l'escrime et d'autres Jeux qui avaient corrompu les Juges, et les Juges mêmes avaient été condamnés, et les inscriptions portaient qu'elles avaient été élevées pour honorer Jupiter, et pour témoigner la piété, des Æliens contre l'injustice et la fraude des Combattants qui devaient mettre toute leur espérance en leur mérite.
Pourquoi, disent-ils, ferons-nous scrupule d'aller à la Comédie, puisque les gens qui font profession de piété y vont bien ?
Pourquoi, disent-ils, ferons-nous scrupule d'aller à la Comédie, puisque des gens qui font profession de piété y vont bien ?
Ils y sont même fortifiés, parce qu'ils les voient autorisées par l'exemple, ou par l'approbation, de beaucoup de personnes qui ont une piété feinte, ou peu éclairée; et qui accommodent les maximes de l'Evangile au relâchement de leurs mœurs, au lieu qu'ils devraient former leurs mœurs sur les vérités de l'Evangile. […] La vengeance n'est-elle pas encore représentée dans Comélie comme un effet de la piété et de la fidélité conjugale jointes à la force et à la fermeté Romaines, au troisième Acte de La Mort de Pompée, Scène quatrième, lorsqu'elle dit à César. « C'est là que tu verras sur la terre et sur l'onde Le débris de Pharsale armer un autre monde, Et c'est là que j'irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs, Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu'ils suivent au combat des urnes au lieu d'Aigles; Et que ce triste objet porte à leur souvenir Les soins de me venger, et ceux de te punir. » On ne peut pas dire qu'en cet endroit le Poète ait voulu donner de l'horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune; au contraire, c'est par cette vengeance qu'il prétend rendre Comélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque. Mais il ne croit pas que sa vertu soit dans un degré assez haut, s'il ne fait monter sa piété vers Pompée jusques à l'impiété et au blasphème vers les dieux de l'antiquité, car il la fait parler, dans la première scène du cinquième Acte, aux cendres de son mari, en cette manière : « Moi, je jure des Deux la puissance suprême, Et pour dire encor plus, je jure par vous-même; Car vous pouvez bien plus sur ce cœur affligé Que le respect des dieux qui l'ont mal protégé. » Et sur la fin de la scène quatrième du même Acte : « J'irai, n'en doute point, au partir de ces lieux, Soulever contre toi les hommes et les Dieux.