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15. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

S’il est mal peint, la pièce est mauvaise ; s’il est bien peint, il offusque tout ce qui l’accompagne. […] Dans la pièce dont je parle, ce dernier n’est-il pas l’honnête homme ? […] et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite, en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ? Passons à la pièce qu’on reconnaît unanimement pour son chef-d’œuvre, je veux dire, le Misanthrope. […] [NDE] Rousseau s’attaque ici aux pièces de Voltaire.

16. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Or, cela posé, si par hasard quelqu’un se piquait d’être honnête homme, et qu’il voulût n’avoir rien à se reprocher sur l’article de l’amour, il trouverait, dans la Pièce de D. […] Si cette Pièce avait cinq Actes, au lieu qu’elle n’en a que trois, elle ne plairait guère moins qu’Athalie, qui réunit en sa faveur tous les suffrages. […] Sous la première (dont il est tant fait mention dans la Pièce) cette Tragédie est très dangereuse ; sous la seconde, elle ne donne qu’un très bon exemple. […] Crebillon ; et que j’ai eu tort de placer cette dernière Pièce dans le rang de celles que l’on peut conserver pour le Théâtre de la Réformation. […] La Tragédie d’Oreste et Pilade de la Grange me paraît une Pièce excellente pour le Théâtre de la Réformation.

17. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

La plus grande question est pour les Pièces de Théâtre, qui étant prononcées en public avec les actions qui y conviennent, sont entendues de tous ceux qui y veulent assister. […] Si on dit que ceux de sa sorte ne représentaient que des Tragédies ou des Tragi-comédies qui étaient des Pièces sérieuses, cela suffit-il pour faire croire que ceux qui les représentaient devaient passer pour hommes sérieux et sages ? […] Les allégations de plusieurs Auteurs ne sont pas beaucoup nécessaires en cette occasion : Nous ne doutons point premièrement que l’Histrion ou Bateleur ne pût être autre chose que le Comédien : Aujourd’hui ceux qui dansent sur la corde et qui font des sauts périlleux, ou qui jouent des gobelets, ne sont pas ceux qu’on appelle des Comédiens, et qui représentent des Pièces sur le Théâtre : On a encore voulu faire distinction entre ceux qui jouaient des Comédies facétieuses, et ceux qui représentaient des Tragédies, et autres Pièces de leur style, comme si ceux qui ne jouaient que des Pièces sérieuses eussent été des Hommes vénérables. […] Il semble que c’est une chose assez inutile de disputer davantage là-dessus, et qu’on peut tout d’un coup retrancher la Question en remontrant, Qu’en ce qui est des Histrions et des Comédiens Romains, Tragiques ou Comiques, les uns ne valaient pas mieux que les autres, et que leurs Pièces les plus modestes avaient des emportements que nous ne saurions approuver ; C’est pourquoi la conséquence que l’on tire de tout ceci en faveur de nos Comédiens, n’est pas fort favorable, de dire, Que puisqu’ils représentent des Tragédies et des Tragi-comédies à l’imitation des Anciens, on les doit tenir dans l’estime comme eux, et assister à leurs Représentations comme à des Spectacles importants ; car si l’on montre que les anciens Comédiens ne faisaient aucune difficulté dans leur Religion de jouer des Pièces de mauvais exemple, on s’imaginera donc que ceux qui sont aujourd’hui de la même Profession prennent une licence pareille ; Que cela se voit dans leurs Pièces les plus régulières, et principalement dans d’autres composées exprès pour être plus libres. […] Il y a des Pièces entières qui sont de ce style, et d’autres qui ne causent pas moins de mal, à ce que l’on pense, par le mépris des lois du Mariage et de toutes les bonnes mœurs, ce qui est leur principal sujet ; Et pour montrer que ce ne sont point de misérables Farces faites à la hâte, comme celles que les Saltimbanques et Charlatans jouent aux places publiques, elles sont faites toutes exprès par des Auteurs dont les noms sont aux affiches et aux Livres imprimés, comme voulant en tirer de la gloire, et l’on trouve de ces belles Pièces autant en Vers qu’en Prose.

18. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

On examinera toutes les anciennes Pièces, pour choisir celles qui paraîtront le plus susceptibles de correction ; et dans lesquelles, surtout, on pourra retrancher les Scènes d’amour, qui ne seraient pas compatibles avec la pureté des mœurs que l’on se propose d’introduire sur le Théâtre. […] Avant qu’une Pièce nouvelle puisse être présentée au Conseil, qui seul a droit de la recevoir, il faudra qu’elle ait passé par quatre examens particuliers. […] Alors la Pièce sera remise à l’Auteur, afin qu’il la corrige suivant les notes qui lui auront été communiquées ; et ce n’est que lorsqu’il l’aura réformée, qu’elle sera lue au Conseil assemblé, qui décidera si elle doit être reçue et inscrite sur le Registre. […] La Troupe sera composée comme on la voit aujourd’hui au Théâtre Français ; mais, pour jeter plus de comique dans les petites Pièces, on ajoutera, aux Acteurs ordinaires, l’Arlequin personnage masqué du Théâtre Italien. […] Dans le second, j’exclus tout à fait la passion d’amour des Pièces qu’on écrira pour le nouveau Théâtre ; et, dans le cinquième, je prétends abolir entièrement la danse des femmes.

19. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Comme il attaque Molière dans tous les personnages de sa pièce, il ne veut pardonner à aucun. […] Ce zèle est indiscret et ce commentaire est plus méchant que la comédie, puisque le mal est dedans et qu’il n’est pas dans la pièce. […] Il faudrait que l’ordre de toutes choses fût renversé ; cependant c’est ce que les hypocrites, qui craignent d’être joués, reprennent dans la pièce de Molière. […] Molière n’a fait que deux pièces que les tartufes reprennent, dont l’une n’a pas été jouée. […] Il n’en est pas arrivé de même aux pièces de Molière, puisque l’on les a toutes été voir avec le même empressement.

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